La Marine royale canadienne fait pression pour obtenir 12 nouveaux sous-marins

Le Livre blanc sur la défense publié par Ottawa en 1987 préconisait d’acquérir 12 sous-marins à propulsion nucléaire [et donc pouvant naviguer sous la glace] pour de permettre à la Marine royale canadienne de défendre sa souveraineté dans la région Arctique. Et celle-ci avait renoncé à se doter de huit nouvelles frégates afin de pouvoir financer un tel projet, pour lequel la France et le Royaume-Uni firent des propositions basées respectivement sur les SNA Rubis et Trafalgar.

Finalement, et bien plus tard, la marine canadienne dut se contenter de quatre sous-marins d’occasion à propulsion diésel-électrique de type Victoria, acquis auprès de la Royal Navy à la fin des années 1990 pour 750 millions de dollars canadiens. Depuis, sujets à des problèmes techniques récurrents, ces navires ont passé plus de temps à quai ou en cale sèche qu’en mer, malgré d’importantes sommes investies pour leur entretien. En 2017, ils avaient navigué, en moyenne, durant une vingtaine de jours.

Depuis, la situation s’est améliorée [avec un nouvel effort financer de 1,9 milliard de dollars], ces quatre sous-marins ayant totalisé 529 jours en mer, alors qu’aucune opération sous-marine n’a été menée en 2019 et en 2020, selon le ministère canadien de la Défense.

Cela étant, il n’en reste pas moins que le besoin de la Marine royale canadienne en sous-marins reste à satisfaire. En 2017, un rapport parlementaire canadien avait remis l’idée sur la table d’en acquérir 12 exemplaires [cette fois à propulsion classique]. Une nécessité, avait-il soutenu, pour protéger les approches et les voies maritime ainsi que pour contribuer aux « opérations de haut niveau de l’Otan ». Aussi avait-il plaidé pour lancer un processus d’acquisition similaire à celui de l’Australie, qui, à l’époque, venait de sélectionner Naval Group pour doter la Royal Australian Navy de 12 Shortfin Barracuda, avec des transferts industriels et technologiques à la clef.

Seulement, ce rapport fit l’objet d’un « classement vertical » par le gouvernement conduit par Justin Trudeau. À l’heure où la Chine investit significativement dans ses capacités sous-marines et où les sous-marins russes, de plus en plus performants, enchaînent les patrouilles dans l’Atlantique Nord et l’océan Arctique, la Marine royale canadienne entend profiter de la révision en cours de la politique de défense du Canada pour au moins remplacer ses quatre sous-marins de type Victoria.

Celle-ci a d’ailleurs lancé, dès juillet 2021, le « Projet de sous-marins de patrouille canadiens », afin d’examiner toutes les options possibles et de définir précisément ses besoins en la matière. Et ce qui était valable en 1987 et en 2017 l’est encore.

En effet, d’après le journal « Ottawa Citizen« , qui cite des sources de la défense et de l’industrie, la Marine royale canadienne souhaite se doter de 12 nouveaux sous-marins dans le cadre d’un investissement d’au moins 60 milliards de dollars.

« La marine fait pression pour que l’acquisition de sous-marins soit incluse dans la mise à jour de la politique de défense du gouvernement. Le mois dernier, lors d’une conférence sur la défense à Ottawa, le chef d’état-major de la Défense, le général Wayne Eyre, a déclaré qu’il défendrait les sous-marins au nom de la marine », écrit le quotidien.

Sollicité, le ministère canadien de la Défense n’a pas repris cette proposition à son compte. Pour le moment, du moins, même s’il considère que les sous-marins constituent « l’un des atouts les plus stratégiques du Canada pour assurer la surveillance des eaux canadiennes et internationales, y compris le proche Arctique ».

« Le Projet de sous-marins de patrouille canadiens n’engage pas le gouvernement dans un plan d’action spécifique, mais vise à faciliter une décision éclairée en cas de besoin », a déclaré Dan Le Bouthillier, un porte-parole du ministère.

Cela étant, la décision de lancer un tel programme devrait être prise sans trop tarder dans la mesure où, au mieux, sa concrétisation pourrait prendre, au mieux, une bonne quinzaine d’années. Le souci sera de la faire accepter aux Canadiens, confrontés à une situation économique et sociale compliquée. « L’environnement financier dans lequel nous nous trouvons actuellement est de plus en plus précaire », a ainsi analysé Rob Huebert, de l’Université de Calgary, dans les pages du National Post. Aussi craint-il que le gouvernement de M. Trudeau finisse par « mettre ce sujet sous le tapis ».

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