La Force aéronavale nucléaire a simulé une frappe lors du dernier exercice Poker de l’armée de l’Air et de l’Espace

Organisé régulièrement par l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], à raison de quatre éditions par an, l’exercice Poker vise à simuler un raid nucléaire des Forces aériennes stratégiques [FAS]. Un tel entraînement mobilise tous les aéronefs susceptibles d’être déployés en vue d’une frappe nuclaire, dont évidemment les Rafale B de la 4e Escadre de chasse ainsi que les avions ravitailleurs A330 MRTT et C-135FR.

Comprenant des vols de basse, moyenne et haute altitude ainsi que des vols ravitaillements, d’interception et de détection aéroportée, les exercices Poker ne sont pas confidentiels. Si leur raison d’être reste la préparation opérationnelle des équipages relevant des FAS, ils sont aussi une démonstration de force puisqu’ils sont menés au vu et au su de tous, à commencer par les éventuels compétiteurs de la France, étant donné qu’ils font l’objet d’un avis diffusé par la Direction générale de l’aviation civile [DGAC], laquelle précise les zones où ils doivent se tenir. L’édition 2023-1, qui vient d’avoir lieu, n’y aura donc pas manqué, une notice d’une quarantaine de pages la concerant ayant été publiée sur le site du Service de l’information de l’aéronautique [SIA] le 9 mars dernier.

Mieux : il a même été possible de suivre les mouvements des avions engagés quasiment en temps réel via Twitter, grâce aux sites de suivi du trafic aérien, les avions ravitailleurs et l’E-3F Awacs engagés n’ayant pas coupé leurs transpondeurs.

Ainsi, lors de l’exercice Poker 2023-1, la plupart des appareils impliqués se sont rassemblés au-dessus de la Bretagne, pour ensuite se diriger vers la Méditerranée [à hauteur de la Corse]. Cette phase a été suivie par un vol de pénétration à très basse altitude par le sud-est. Et cela jusque dans la région Centre, où le tir d’au moins un missile Air-Sol Moyenne Portée amélioré [ASMP-A] a été réalisé.

Cela étant, ce premier exercice Poker de l’année aura été différent de ceux menés précédemment… puisque la Force aéronavale nucléaire [FANu] y a pris part. C’est en effet ce qu’a précisé la Marine nationale, via Twitter.

« La FANu mise en œuvre depuis le porte-avions, a participé à Poker aux côtés des FAS. Les deux forces ont planifié et réalisé un raid conjoint à grande élongation sous menace anti-aérienne, démontrant la crédibilité de la composante nucléaire aéroportée », a-t-elle en effet indiqué. Et de joindre la photographie d’un Rafale M armé d’un ASMP-A peu avant son catapultage depuis le Charles de Gaulle. Probablement que d’autres avions du groupe aérien embarqué [GAé] ont été sollicités.

Ces derniers années, certains ont remis en cause la pertinence de la FANu, en soulignant notamment le fait qu’elle ne pouvait pas être « permanente », car dépendante de la disponibilité « Charles de Gaulle ». Pour rappel, la Marine nationale est la seule à embarquer des armes nucléaires à bord d’un porte-avions, l’US Navy y ayant renoncé depuis la fin de la Guerre Froide. Et cela suppose évidemment des contraintes particulières…

Cependant, lors d’une audition parlementaire, en février, l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], a défendu bec et ongles la FANu, laquelle « conserve toute sa pertinence car elle élargit le portefeuille d’options du chef des armées [le président de la République, ndlr] et rentabilise les efforts financiers et techniques consentis pour se doter d’une force aéroportée ». En outre, a-t-il fait observer, son « objectif est d’accroître l’ambiguïté » car « non seulement personne ne sait si l’arme nucléaire est réellement présente à bord, mais le porte-avions navigue dans tous les océans ».

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