Un A400M de l’armée de l’Air et de l’Espace a été équipé d’une boule optronique pour les opérations spéciales

En 2019, l’Escadron de transport 3/61 Poitou, mis à la disposition du Commandement des opérations spéciales [COS] par l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], avait modernisé ses Transall C-160 en leur intégrant une capacité C3ISTAR [Command, Control, Communication Intelligence, Surveillance, Target Acquisition and
Reconnaissance], reposant sur une boule optronique jour/nuit associée à une désignateur laser et une console d’exploitation des images, afin de leur permettre de mener des missions de surveillance, renseignement, ciblage et reconnaissance.

Seulement, trois ans plus tard, l’état-major de l’AAE décida le retrait des derniers Transall encore en service, dont les deux « Gabriel » de l’Escadron 1/54 Dunkerque [dédié à la guerre électronique, ndlr] et ceux du 3/61 Poitou.

« Dix Transall nous coûtaient plus de 80 millions d’euros par an, pour une disponibilité de 20 %. Plutôt que de faire des coupes ailleurs, j’ai choisi de les retirer du service », avait justifié le général Frédéric Parisot, le numéro deux de l’AAE, lors d’une audition parlementaire, en juillet 2022.

Évidemment, le retrait de ces Transall « spécialisés » ne va pas sans poser de problèmes capacitaires… L’an passé, il avait été avancé que l’AAE était en quête d’une « solution intérimaire » pour pallier celui des deux C-160G de l’escadron 1/54 Dunkerque, dans l’attente de l’arrivée de trois Falcon « Archange » à l’horizon 2026.

Quant au 3/61 Poitou, la capacité C3ISTAR doit être reprise par ses C-130H Hercules, lesquels font partie d’une flotte de 14 appareils en cours de modernisation.

Celle-ci a franchi une étape majeure en septembre 2022, avec la certification du premier prototype modernisé. Mais, en attendant, il a fallu une autre solution pour permettre la poursuite des opérations. D’où l’idée d’installer une boule optronique MX-20 à bord d’un A400M « Atlas » mis à la disposition du 3/61 Poitou. Pour rappel, si celui-ci compte des équipages qualifiés sur ce type d’appareil, il n’en possède pas en propre.

Dans son dernier numéro, le magazine Raids explique que, pour pouvoir mettre en oeuvre rapidement cette capacité ISR, la Direction générale de l’armement [DGA] a « réutilisé l’architecture développée » par le « Poitou » pour le C-160 et le C-130H », c’est à dire que le châssis portant la boule optronique a été installé « à la porte para ». Ce qui, a priori, n’est pas forcément idéal puisque ce « montage empêche la pressurisation de la soute », ce qui, selon l’altitude, a « un impact certain sur les opérateurs ».

« Afin de permettre la retransmission en temps réel vers les utilisateurs du COS ou de l’État-major des armées [EMA], une chaîne SATCOM [communication par satellite, nldr] dédiée est aussi prévue, avec d’autres moyens de communication », précise Raids.

Plus généralement, et selon les documents budgétaires publiés avant l’examen du projet de loi de finances 2023 par le Parlement, les conséquences du retrait des Transall ne devraient être que « partiellement compensées » cette année par la montée en puissance des A400M, la situation devant s’améliorer significativement à partir de 2025, grâce à la « poursuite de la montée en puissance de la flotte A400M et la finalisation de son soutien ».

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