Selon le chef de son armée, le Danemark a des lacunes pour assurer sa défense et tenir ses engagements envers l’Otan

En 2014, lors du sommet de Newport [Royaume-Uni], les membres de l’Otan s’étaient mis d’accord pour porter leur budget de la défense à au moins 2% de leur PIB et d’investir 20% de cette somme dans l’acquisition de capacités militaires au cours des dix prochaines années.

Or, peu d’entre-eux ont tenu leurs engagements. Selon le dernier rapport du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, seulement sept membres ont atteint ces objectifs, dont les États-Unis, la Pologne, le Royaume-Uni, la Grèce et les trois pays baltes. La France et la Croatie en sont proches.

« Depuis 2014, les Alliés ont augmenté leurs dépenses de défense et nous avançons dans la bonne direction. Mais nous n’avançons pas aussi vite que l’exige le monde dangereux dans lequel nous vivons. Le monde d’aujourd’hui est plus dangereux que jamais depuis la Seconde Guerre mondiale », a d’ailleurs fait valoir M. Stoltenberg, pour qui l’objectif des 2% du PIB est désormais un minimum, compte tenu de la situation en Europe.

Cela étant, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a été un électrochoc. « De nombreux alliés ont annoncé des augmentations significatives de leurs dépenses de défense depuis l’invasion russe », a admis M. Stoltenberg. Mais « ces promesses doivent maintenant se traduire par des liquidités, des contrats et des équipements concrets », a-t-il ajouté.

Pour certains Alliés, la remontée en puissance de leurs capacités militaires s’avère compliquée… D’autant plus que, dans le même temps, ils apportent leur aide à l’Ukraine. Tel est le cas du Danemark, où le général Gunner Arpe Nielsen, chef de l’armée royale danoise, vient de tirer le signal d’alarme dans un entretien accordé à l’agence Reuters, à l’occasion de l’exercice Dynamic Front 23, organisé par l’Otan.

« Le Danemark a des lacunes majeures dans sa capacité à défendre son territoire et à respecter ses engagements envers l’Otan malgré les promesses d’augmenter les dépenses de défense », a en effet affirmé le général Nielsen. « Nous devons devenir plus robustes et réparer toutes les choses que nous avons négligées au fil des années depuis la chute du mur de Berlin », a-t-il insisté.

Après la fin de la Guerre Froide, l’armée royale danoise a été profondément remaniée, abandonnant sa mission de défense du territoire pour adopter une logique expéditionnaire [avec des engagements en Afghanistan et en Irak notamment], ce qui s’est traduit pas la dissolution [ou la fusion] de nombreux régiments, y compris dans le soutien. Et certaines capacités ont été réduites, quand elles n’ont pas été abandonnées.

Quant à ses engagements envers l’Otan, le Danemark a promis de mettre en place une brigade d’infanterie lourde… Mais ce projet tarde à se concrétiser.

Cela étant, pour le général Nielsen, l’un des défis à relever porte sur la gestion du personnel. « Je pense que nous utiliser tous les leviers pour attirer et retenir les jeunes. Cela pourrait être par de l’argent mais de nouveaux bâtiments et de nouveaux équipements seraient tout aussi importants pour leur donner la possibilité de s’entraîner dans un meilleur environnement », a-t-il estimé.

S’agissant de son budget militaire, qui représentait 1,36% de son PIB l’an passé, le Danemark a annoncé qu’il serait augmenté de 2,4 milliards d’euros en 2023 [18 milliards de couronnes danoises, ndlr] et qu’il bénéficierait de hausses régulières à partir de 2024, l’objectif étant de le porter à 2% du PIB avant 2030. Cet effort sera financé grâce à la suppression d’un jour férié [le « Store Bededag » ou « Grand jour de prière », célébré le quatrième vendredi après Pâques depuis 1686], ce qui permettrait de collecter 430 millions d’euros par an.

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