Le patrouilleur français « Premier-maître L’Her » lancé à la recherche d’un pétrolier piraté dans le golfe de Guinée

Alors qu’ils prenaient de plus en plus d’ampleur dans le golfe de Guinée, les actes de brigandage et de piraterie maritimes ont soudainement chuté l’an passé, avec seulement 16 incidents constatés entre janvier et juin 2022, contre plus d’une centaine les années précédentes.

Selon un récent rapport du Sénat, le « facteur déterminant » de cette baisse sensible des actes de piraterie et de brigandage serait « plutôt à rechercher à l’intérieur du Nigeria », étant donné que les « troubles politiques et sociaux majeurs dans le delta du Niger ont sans doute joué un rôle essentiel dans le développement de la piraterie dans les années 2010 ».

En outre, les opérations de sécurisation maritime, menées par les forces navales locales et européennes [notamment françaises et danoises] ont probablement joué un rôle dans cette évolution.

Quoi qu’il en soit, lors d’une réunion organisée à Brest dans le cadre de l’Architecture de Yaoundé, les représentants de la Marine nationale et des forces navales des pays du golfe de Guinée décidèrent d’accentuer l’effort sur la police des pêches et la lutte contre les trafics, le phénomène de la piraterie étant alors considéré comme anecdotique. Cependant, cette menace n’a pas totalement disparu, comme en témoigne la mésaventure du Monjasa Refomer, un pétrolier battant pavillon du Libéria et affrété par l’armateur danois Monjasa.

Après une escale au port autonome de Pointe-Noire [République du Congo], ce navire de 134 mètres de long a repris la mer le 25 mars… Puis il a été pris d’assaut par cinq hommes armés alors qu’il se trouvait à 140 nautiques [260 km] des côtes congolaises. Les seize membres d’équipage ont juste eu le temps de prévenir l’armateur de la situation avant de trouver refuge dans la « citadelle » [un compartiment blindé, ndlr] du Monjasa Reformer. Et, depuis, les communications ont été coupées.

L’attaque du pétrolier a évidemment fait l’objet d’une alerte, relayée par le Centre de fusion de fusion de l’information de sûreté maritime MDAT GoG [Maritime Domain Awareness for Trade Gulf of Guinea], basé à Brest et à Portsmouth [Royaume-Uni]. Ce qui a conduit le commandant en chef pour l’Atlantique [CECLANT] de la Marine nationale à ordonner au patrouilleur de haute-mer [PHM] « Premier-maître L’Her », engagé dans l’opération Corymbe, d’appareiller immédiatement de Libreville, où il était en escale, pour rejoindre la dernière position connue du Monjasa Reformer.

« Depuis son arrivée sur zone le lundi 27 mars en début d’après-midi, cette unité équipé d’un drone de surveillance aérienne poursuit ses recherches du navire qui n’a plus émis AIS depuis le début de l’attaque », a fait savoir CECLANT, via un communiqué diffusé le 28 mars. Et d’ajouter : « À ce stade, les opérations, menées en lien avec les autres navires présents dans la zone, les Maritime Operational Center [MOC] de la région, le MRCC Monrovia et le MDAT GoG, restent infructueuses ».

Cela étant, selon EOS Risk Group, la trace du pétrolier a fini par être retrouvée… à 540 nautiques des côtes africaines. Ce qui, si cela est confirmé, a de quoi étonner.

La mésaventure du Monjasa Reformer rappelle – en partie – celle du porte-conteneurs turc « Mozart », pris d’assaut en janvier 2021 par des hommes armés alors qu’il naviguait à environ 170 nautiques des côtes du Nigéria [et à 100 nautiques au nord-ouest de l’île de São Tomé-et-Príncipe]. Si les membres d’équipage eurent le temps de se réfugier dans la « citadelle », celle-ci fut forcée par les pirates. L’un d’eux – de nationalité azerbaïdjanaise – y laissa la vie et quinze de ses camarades furent pris en otage. Les assaillants laissèrent un officier et deux marins à bord du navire, lequel mit ensuite le cap vers Port-Gentil [Gabon]. Cette attaque dura six heures.

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