Les nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque russes préoccupent les États-Unis

En avril 2019, lors de l’émission « 60 Minutes » diffusée par CBS News, l’amiral James Foggo, alors à la tête des forces navales américaines en Europe et du commandement allié de forces interarmées de Naples, avait admis qu’il était particulièrement préoccupé par le « Severondvinsk », un sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] appartenant à la classe « Yasen » [ou Iasen] et admis au service par la Flotte russe du nord six ans plus tôt.

« Le Severodvinsk inaugure une toute nouvelle classe de sous-marins. Il est très efficace et très silencieux, ce qui est la chose la plus importante pour la guerre sous-marine », avait en effet déclaré l’amiral Foggo… qui se retrancha ensuite derrière la confidentialité des opérations pour éviter de répondre à la question de savoir si l’US Navy avait déjà perdu la trace de ce nouveau SNA russe.

Cependant, des responsables du Pentagone confièrent aux journalistes de « 60 Minutes » que le Severodvinsk avait échappé pendant des semaines à toutes les tentatives de la marine américaine pour le retrouver dans l’Atlantique. « En cas de crise, cela pourrait être une catastrophe », avait souligné CBS News.

Or, le K-560 Severodvinsk fut mis sur la cale en décembre… 1993, soit trente ans avant son admission au service actif. Et cela en raison du marasme économique auquel la Russe dut faire face dans les années 1990… Mais pas seulement puisque le chanter naval Sevmash fut aussi confronté à des difficultés financières et techniques. Cela étant, les ingénieurs russes améliorèrent la conception et les capacités de ce sous-marin, ce qui servit aux unités suivantes, lesquelles passent pour être plus performantes. Au point qu’il conviendrait de parler d’une nouvelle classe, en l’occurrence la Yasen-M.

Pour le moment, Moscou entend doter ses forces navales de dix sous-marins de classe Yasen-M, en plus du K-560 Severodvinsk, lequel participe par ailleurs au développement du missile hypersonique Zircon. En 2021, le K-561 Kazan et le K-573 Novossibirsk ont été admis au service actif, tandis que le K-571 Krasnoïarsk se préparait à une campagne d’essais en mer.

Évidemment, à mesure que ce programme progresse, la Russie pourra maintenir plusieurs SNA de la classe Yasen en mer. Et cette pespective n’enchante guère le Pentagone, comme l’a souligné le général Glen VanHerck, le chef du commandement Nord des États-Unis [NORTHCOM], lors d’un audition parlementaire, la semaine passé.

Le risque « augmente absolument. L’an dernier, la Russie a déployé des Yasen dans le Pacifique. […] Maintenant, nous en avons dans l’Atlantique, mais nous en avons aussi dans le Pacifique. Et ce n’est qu’une question de temps – probablement un an ou deux – avant que cela ne devienne une menace persistance, 24 heures sur 24 », a en effet affirmé le général VanHerck.

D’autant plus que la composante océanique de la dissuasion nucléaire russe se modernise, avec l’arrivée progressive des sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE] de la classe Boreï. Le sixième de la série, le K-553 Généralissime Souvorov a été admis au service en 2022. Et le septième, appelé « Empereur Alexandre III », devrait l’être cette année. Au total, douze unités seront construites.

Quoi qu’il en soit, les SNA de la classe Yasen-M [sans oublier le K-560 Severodvinsk] permettront à Moscou d’exercer une pression sur les côtes occidentales et orientales des États-Unis, avec potentiellement la capacité de lancer une frappe à très court préavis, surtout quand ces sous-marins pourront mettre en oeuvre des missiles Kalibr et, surtout, Zircon. Or, l’US Navy ne disposerait pas de suffisamment de moyens pour contrer une telle menace… d’autant plus qu’elle doit aussi garder un oeil sur les activités des forces navales chinoises, tant dans le Pacifique [avec Taïwan en ligne de mire] que dans l’Arctique.

« La Russie a modernisé sa flotte de brise-glaces, sa défense stratégique ainsi que ses forces sous-marines. La Chine navigue dans l’Arctique sous couvert de [missions] de recherche et nous savons qu’elle mène des opérations militaires, arpentant les fonds marins », a en effet avancé le patron de l’US NORTHCOM. Or, a-t-il ajouté, les forces américaines « ne sont pas organisées, formées et équipées pour opérer et intervenir dans l’Arctique ».

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