L’Agence de l’innovation de Défense a (enfin) un nouveau directeur

Depuis qu’Emmanuel Chiva a pris les rênes de la Direction générale de l’armement [DGA], le 1er août dernier, l’Agence de l’innovation de Défense [AID] n’avait pas de directeur à sa tête… Du moins, son numéro deux, qui était alors l’ingénieur général de l’armement [IGA] Patrick Aufort, avait-il été désigné pour assurer l’intérim.

Alors que l’innovation a été l’un des mots clés de la Loi de programmation militaire [LPM] 2019-25 qui s’achève, avec un budget dédié passé de 723 millions d’euros en 2018 à plus d’un milliard en 2022, il semblerait que la vacance de la direction de l’AID n’ait pas suscité les vocations… Ou qu’il a été compliqué de trouver le profil idéal.

En décembre denrier, La Lettre A avait d’ailleurs avancé que le cabinet de Sébastien Lecornu, le ministre des Armées, attendait de M. Chiva une « short-list » de candidats pour diriger l’AID.

Quoi qu’il en soit, il aura fallu attendre plus de six mois pour connaître le nom du nouveau directeur de l’AID… Et finalement, il est apparu que l’IGA Aufort était le mieux placé pour assurer cette fonction. Pourquoi avoir attendu autant de temps alors que la solution était sous les yeux?

« L’IGA Patrick Aufort a été nommé, à compter du 15 mars 2023 directeur de l’Agence de l’innovation de défense [AID]. Il était, depuis octobre 2020, directeur adjoint de l’AID puis directeur par intérim depuis le 1er août 2022 à la suite de la nomination d’Emmanuel Chiva comme délégué général pour l’armement », a en effet annoncé le ministère des Armées, le 16 mars.

Pour rappel, créée en 2018, l’AID a la tâche de fédérer les initiatives en matière d’innovation au sein du ministère des Armées, avec le souci d’en assurer la coordination et la cohérence. En outre, elle se définit comme le « capteur des innovations d’opportunité au bénéfice de tous les utilisateurs finaux quels que soient leurs domaines : conduite des opérations, équipements, soutiens, fonctionnement, administration ».

Le rôle qu’aura à tenir l’IGA Aufort devrait gagner en importance dans les années à venir dans la mesure, où, dans sa vision stratégique qu’elle a dévoilée cette semaine, la DGA fait de l’anticipation l’une de ces cinq priorités. Et il est ainsi question de « bâtir une capacité d’anticipation globale pour contribuer à la fonction stratégique connaissance / compréhension / anticipation afin de ne pas passer à côté des ruptures technologiques, voire pour avoir un temps d’avance ». Aussi, l’AID aura évidemment une partition à jouer.

Selon sa notice biographique, l’IGA Patrick Aufort a commancé sa carrière 1994, en se spécialisant d’abord dans la guerre électronique, ce qui l’a amené à travailler comme « architecte du système d’auto-protection du Rafale ». Puis, au tournant des années 2000, il est devenu « architecte de marque Hawkeye » [l’avion de guet aérien de la Marine] avant de s’intéresser aux modifications des radars mis en oeuvre par les E-3F AWACS.

En 2006, il s’est occupé du Système de Commandement et de Conduite des Opérations Aérospatiales [SCCOA]. « Son action conduit à la réception des deux premiers niveaux d’informatisation opérationnelle des bases aériennes et au transfert du centre de commandement et de conduite des opérations aériennes à Lyon Mont-Verdun sans interruption de la posture permanente de sûreté », précise le document.

Après avoir pris part au programme de rénovation des avions de patrouille maritime Atlantique 2 [Standard 6] et dirigé le « segment de management de l’unité de management avions de missions et de support », l’IGA Aufort a été nommé directeur du centre d’expertise et d’essais de la DGA Essais propulseurs, puis, en 2018, du centre d’expertise et d’essais de DGA Ingénierie des projets, avant de rejoindre l’AID en octobre 2020.

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