La Norvège veut remplacer ses hélicoptères européens NH-90 par des MH-60 Sea Hawk américains

En juin 2022, le ministère norvégien de la Défense prit une mesure radicale en décidant de retirer ses hélicoptères NH-90 NFH [Nato Frigate Helicopter] avec effet immédiat… et de les rendre à l’industriel, à savoir le consortium NHIndustries, en exigeant un remboursement de cinq milliards de couronnes norvégiennes [soit environ 500 millions d’euros au taux de change de l’époque].

Pour rappel, Oslo avait commandé 14 NH-90 NFH en 2001 pour des missions relevant de sa garde-côtière et la lutte anti-sous-marine. Or, avait précisé la Défense norvégienne, seulement huit avait été livrés « dans une configuration pleinement opérationnelle » en 2022… avec un taux de disponibilité très décevant puisque ces appareils n’avaient effectué que 700 heures de vol par an, en moyenne, contre les 3900 heures attendues.

« Quel que soit le nombre d’heures de travail de nos techniciens, ou le nombre de pièces que nous commandons, il ne sera jamais possible de rendre les NH90 compatibles avec les exigences de nos forces armées », avait alors justifié Bjørn Arild Gram, le ministre norvégien de la Défense.

De son côté, la directrice de la Forsvarmateriell [FMA, l’équivalent norvégien de la DGA française, ndlr], Gro Jære, souligna que « plusieurs tentatives pour résoudre les problèmes des NH-90 », en lien avec NHIndustries, s’étaient révélées infructeuses. « Plus de vingt ans après la signature du contrat, nous n’avons toujours pas d’hélicoptères capables d’accomplir les missions pour lesquelles ils ont été achetés, et sans que l’industriel soit en mesure de nous présenter des solutions réalistes », avait-elle déploré.

Restait donc au ministère norvégien de la Défense de trouver rapidement une solution pour remplacer les NH-90 NFH, à un moment où leur capacité de lutte anti-sous-marine faisaient plus que jamais besoin, en raison de l’activité des sous-marins russes. « Nous envisagerons plusieurs approches alternatives pour répondre à nos besoins opérationnels, mais nous devons être préparés au fait qu’il n’y aura pas de solutions faciles », fit alors valoir Bjørn Arild Gram.

En réalité, la solution n’était pas si difficile à trouver : il suffisait d’imiter l’Australie qui, pour remplacer ses NH-90 NFH [ou MH-90 Taïpan dans la nomenclature australienne], a opté pour des MH-60 Sea Hawk, proposés par le constructeur américain Sikorsky [filiale de Lockheed-Martin, ndlr]. Et c’est d’ailleurs ce qui vient d’annoncer Oslo.

En effet, le 14 mars, le ministère norvégien de la Défense a fait connaître son intention de se procurer six MH-60 Sea Hawk pour remplacer les NH-90. Et pour cela, il est prêt à investir 12 milliards de couronnes norvégiennes, soit un plus d’un milliard d’euros.

« Dans la situation sécuritaire actuelle, nous avons déployé beaucoup d’efforts pour trouver rapidement une solution. Le MH-60 Sea Hawk repose sur une technologie éprouvée et il est utilisé par des alliés proches », a justifié M. Gram.

Afin de développer une expertise technique et opérationnelle et d’accélérer ainsi la mise en service de ses futurs hélicoptères, la force aérienne norvégienne enverra du « personnel » au Danemark, qui dispose de sept MH-60R depuis 2019. En outre, les trois premiers appareils seront prélevés sur une commande passée par l’US Navy, ceci afin de pouvoir les livrer en 2025, les autres devant suivre d’ici 2027. Du moins, c’est ce qu’espère Oslo…

« Les délais de livraison supposent que la Norvège trouve un accord avec les autorités américaines à l’été 2023. La signature du contrat nécessite l’approbation du Storting [Parlement]. Le choix des hélicoptères maritimes fait partie de la proposition d’investissement qui lui sera présentée lors de la session de printemps », a en effet précisé le ministère norvégien de la Défense.

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