MBDA en dit un peu plus sur l’ASN4G, le futur missile de la composante aéroportée de la dissuasion française

Cela fait maintenait plus de neuf ans que l’on parle du successeur du misisle Air-Sol Moyenne Portée [ASMP], sur lequel repose actuellement la composante aéroportée de la dissuasion nucléaire française, laquelle s’appuie sur les Forces aériennes stratégiques [FAS] et la Force aéronavale nucléaire [FANu].

L’un des premiers à l’avoir évoqué fut le général Denis Mercier, alors chef d’état-major de l’armée de l’Air, lors d’une audition parlementaire, au printemps 2014. À l’époque, avait-il expliqué, deux projets étaient à l’étude, l’un privilégiant la furtivité, l’autre mettant l’accent sur l’hypervélocité. En clair, le débat portait alors sur l’éventualité de mettre au point un missile hypersonique.

Quelques mois plus tard, ayant indiqué que le successeur de l’ASMP serait l’ASN4G [Air-Sol Nucléaire de 4e génération], Jean-Yves Le Drian, alors ministre de la Défense, laissa entendre que le débat entre la furtivité et l’hypervélocité n’avait pas encore été tranché. « Des conceptions audacieuses, ayant recours par exemple aux technologies de la furtivité ou de l’hyper-vélocité, à la pointe des développements de la technologie, seront explorées », avait-il dit.

Quoi qu’il en soit, les deux options envisagées supposaient de relever plusieurs défis technologiques, comme le souligna brièvement l’Office national d’études et de recherches aérospatiales [ONERA] dans son plan stratégique 2015-25.

Ainsi, avait-il soutenu, la « stratégie de pénétration des défenses adverses par des missiles à vitesses hypersoniques reste un défi scientifique et technologique majeur », nécessitant de faire à appel à un « très grand nombre de disciplines » comme comme l’aérodynamique, la propulsion, l’architecture du vecteur, son contrôle et son pilotage. Même choise pour la furtivité, qui « exige des matériaux avec des caractéristiques pérennes et compatibles avec la sévérité des environnements subis mais aussi des systèmes de préparation de mission optimisés pour la réactivité et la pénétration maximisée des défenses ».

Quoi qu’il en soit, dans un avis budgétaire publié en octobre 2021, le député Christophe Lejeune fit savoir qu’une « solution technologique » pour cet ASN4G allait être « prochainement retenue ».

« L’ONERA et [le missilier] MBDA ont élaboré deux pistes pour ce futur missile : un missile à statoréacteur issu du plan d’études amont [PEA] Camosis, et un missile à super statoréacteur hypervéloce issu du PEA Prométhée », avait en effet indiqué le député. Et d’ajouter : « La solution technologique qui devrait être retenue prochainement pourrait être un missile hypersonique manœuvrant à même de garantir la capacité de pénétration des défenses, dans un contexte de déni d’accès [A2/AD] croissant ».

Plus précisément, le PEA Camosis mettait notamment l’accent sur la furtivité, avec un missile pouvant voler à 4000 à 5000 km/h [soit en deçà du seuil hypersonique], soit à une vitesse deux fois plus rapide qu’un ASMP/A. Quant au PEA Prométhée, il portait sur l’hypervélocité. A priori, celui-ci a fait l’objet d’un essai de statoréacteur mixte [un moteur capable d’effectuer successivement une combustion subsonique et supersonique, nldr], mené récemment aux États-Unis.

Cela étant, lors d’une audition parlementaire ayant réuni les principaux industriels impliqués dans la dissuasion nucléaire, l’amiral [2S] Hervé de Bonnaventure, conseiller défense du Pdg de MBDA, en a dit un peu plus sur l’ASN4G et confirmé les choix technologiques le concernant.

Ainsi, on apprend que les « travaux technologiques » relatifs à cet ASN4G ont commencé dès les années 1990, « en parallèle de la prépation de l’ASMPA [A pour amélioré, ndlr] et qu’ils se sont « clairement orientés vers le domaine des très hautes vitesses ».

« Depuis, nous avons avons des moyens nous permettant de tester le missile et de simuler le vol de l’ASN4G en hypervélocité », a affirmé l’amiral de Bonnaventure, avant de précisé que MBDA a mené, en cotraitance avec l’ONERA, des études sur l’hypersonique dès les années 2000-2010, dans le cadre des programmes PROMETHEE 1, 2 et 3.

« Les performances de l’ASN4G sont encore meilleures que celles de l’ASMPA-R [R pour rénové, nldr]. L’ASN4G devrait être opérationnel à horizon 2035 et devra le rester au-delà des années 2050 : il est donc nécessaire d’anticiper les défenses sol/air de l’adversaire à cet horizon », a-t-il ajouté. D’où la mise en place au sein de MBDA d’un bureau d’étude réunissant une « dizaine de collaborateurs », chargés de mener une « continue sur la défense adverse ».

Or, a poursuvi le conseiller du Pdg de MBDA, « il apparaît que la très haute performance en vitesse et en manœuvre est la meilleure méthode pour parvenir à être détecté le plus tardivement possible, et compliquer la tâche de suivi d’un radar, voire, d’accrochage, et, enfin, à désorganiser une attaque d’un missile antimissile ».

Pour rappel, l’ASMPA-R a la particularité de pourvoir suivre plusieurs trajectoires [basse altitude, très basse altitude et haute altitude] afin d’échapper aux radars adverses. A priori, il en ira de même avec l’ASN4G… mais à des vitesses beaucoup plus élevées. « Nous entrons dans le domaine de l’hypersonique. Le facteur de charge sera, lui aussi, multiplié en phase terminale pour leurrer les défenses adverses », a insisté l’amiral de Bonnaventure.

Enfin, a-t-il conclu, « l’ASN4G, grâce à son encombrement et son poids limités, sera compatible avec le Rafale et catapultable par un porte-avions, conformément aux objectifs définis par le Président de la République. C’est une réussite technique unique au monde ».

Par ailleurs, lors de la même audition, André-Hubert Roussel, le président exécutif d’ArianeGroup, a confirmé que le premier vol du planeur hypersonique V-MAX, lancé par une fusée sonde, est « programmé » et qu’un deuxième démonstrateur, le V-MAX2 en sera « le prolongement ». Et d’ajouter : « En parallèle, la Direction générale de l’armement nous a confiés plusieurs études amont sur les futurs systèmes d’armes qui s’appuieraient sur ces technologies hypersoniques ».

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