Après l’Allemagne, la République tchèque fait part de son intérêt pour les chars Leopard 2 de l’armée suisse

La semaine passée, le Département fédéral suisse de la Défense, de la protection de la population et des sports a confirmé que l’Allemagne lui avait demandé de revendre une partie de ses 96 chars Leopard 2 [ou 87Leo selon la nomenclature suisse, ndlr] à Rheinmetall afin de pouvoir « reconstituer les stocks d’armements au sein des pays membres de l’Union européenne et de l’Otan ».

Compte tenu de sa neutralité et de sa loi fédérale sur le matériel de guerre, la Suisse s’interdit d’exporter [ou de revendre] des équipements militaires vers des pays en guerre. Et l’Ukraine n’échappe pas à cette règle. D’où la demande de Berlin, laquelle vise à remplacer les Leopard 2 que certains pays ont l’intention de fournir à l’armée ukrainienne.

Cela étant, les Leopard 2 mis en réserve par l’armée suisse – 96 sur un total de 230 – suscite bien des convoitises. L’an passé, la Pologne s’y était intéressée, alors qu’elle cherchait à remplacer les chars T-72 de conception soviétique qu’elle venait de livrer à l’Ukraine. Et, à l’époque, Berne avait refusé de donner une suite favorable à cette demande… pour des raisons législatives.

« Étant donné que l’aliénation de chars désaffectés à un autre État suppose en amont une mise hors service de ces systèmes, étape soumise à l’approbation du Parlement dans le cadre de messages sur l’armée, le DDPS estime que, dans les circonstances actuelles, l’aliénation de chars désaffectés à la Pologne ne peut pas être réalisée dans un délai utile », firent en effet valoir les autorités suisses.

Quelle suite sera donnée à la requête allemande? Et… à celle que vient d’adresser la République tchèque, qui serait intéressée par la reprise de quelques « 87 Leo »? C’est en effet ce qu’a indiqué Viola Amherd, la cheffe du DDPS… « Nous avions une demande de l’Allemagne et depuis lors, nous avons aussi une demande de la République tchèque », a-t-elle en effet déclaré à la télévision publique SRF, le 6 mars.

À Prague, on a donné une version différente des faits. « Nous n’avons pas discuté de l’achat de chars à la Suisse, mais si la Suisse voulait nous donner ses Leopard 2 comme récompense pour notre aide à l’Ukraine nous ne serions certainement pas contre », a en effet dit David Jares, le porte-parole du ministère tchèque de la Défense, selon l’AFP.

Selon le commandant de corps Thomas Süssli [chef de l’armée suisse], la demande allemande porterait sur une douzaine de Leopard 2A4. Quant à celle faite par Prague, aucune précision n’a été donnée son sujet.

Pour rappel, l’armée tchèque doit recevoir un total de 15 Leopard 2A4, fournis par l’Allemagne dans le cadre de l’initiative Ringtausch, lancée par Berlin pour faciliter le don à l’Ukraine d’équipements militaires d’origine soviétique par certains pays de l’Otan. Et il est question de compléter cette dotation par 50 Leopard 2A7+ neufs.

Cela étant, l’armée suisse n’est pas forcément d’accord pour se séparer des chars mis en réserve. En janvier, une initiative parlementaire avait été lancée pour autoriser la cession d’une trentaine de Leopard 2 à l’Allemagne. Mais elle s’était heurtée à l’opposition des commissions de la politique de sécurité des chambres du Parlement suisse [Conseil national et Conseil des États]. Et il est problable que ces nouvelles demandes fassent l’objet du même traitement.

« Les Leopard mis hors service gardent leur importance, soit pour être revalorisé soit sous forme de pièces de rechange », a ainis souligné le DDPS, selon la presse d’outre-Léman.

Photo : DDPS

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