Rheinmetall veut produire en Ukraine jusqu’à 400 chars KF-51 « Panther » par an… avant la fin de la guerre

En février, et alors que le chancelier allemand, Olaf Scholz, venait d’autoriser le transfert de chars Leopard 2 et Leopard 1 en Ukraine après des semaines d’atermoiements, Armin Papperger, le président du directoire de Rheinmetall affirma que l’armée ukrainienne était intéressée par le « nouveau » char KF-51 « Panther », dévoilé lors de la dernière édition du salon EuroSatory, ainsi que par le véhicule de combat d’infanterie [VCI] KF-41 « Lynx ».

S’agissant plus précisément du KF-51 « Panther », qui, par la force des choses, est encore loin d’être pleinement opérationnel, M. Papperger avait dit être en mesure d’en livrer à Kiev dans les « quinze à dix-huit mois ». Et d’ajouter que Rheinmetall pourrait le produire en Ukraine… mais seulement après la fin de la guerre et sous réserve d’obtenir l’autorisation du gouvernement allemand.

Si certains y ont vu un « coup » tenté par M. Papperger pour viser indirectement Krauss-Maffei Wegmann [à un moment où il se dit que la Bundeswehr pourrait commander des Leopard 2A7+ supplémentaire], cette offre semble être des plus sérieuses… puisque, moins d’un mois plus tard, le Pdg de Rheinmetall est revenu à la charge, en proposant même d’accélérer ce dossier.

D’abord, s’exprimant dans les pages du Rheinische Post, M. Papperger a estimé que l’armée ukrainienne a besoin de « 600 à 800 » chars pour l’emporter face à son adversaire russe. Or, a-t-il ajouté, « même si l’Allemagne renonçait à ses 300 Leopard 2, ce serait encore insuffisant ». Même en comptant les 250 chars dont dispose Rheinmetall.

« Nous travaillons à plein régime. Nous avons déjà rendu opérationnels plus de 40 véhicules de combat d’infanterie Marder, et d’ici la fin de l’année, il y en aura environ 100. Environ 30 chars sont prêts, sur 50 Leopard 2A4. Sur environ 100 anciens Leopard 1, nous pouvons en rendre 88 à nouveau utilisables », a rappelé Armin Papperger.

Mais pour donner à l’armée ukranienne les moyens de l’emporter, celui-ci a donc défendu l’idée d’installer une usine en Ukraine, avec une capacité de production de 400 KF-51 « Panther » par an. Ce qui, selon lui, nécessiterait un investissement de 200 millions d’euros. « Les pourparlers avec le gouvernement ukrainien sont prometteurs », a-t-il assuré. Une décision pourrait être prise « dans les deux prochains mois », a-t-il dit.

Quant à la protection de cette usine contre les raids russes, M. Papperger a estimé que ce n’était pas un problème, celle-ci pouvant être assurée « sans problème par des systèmes de défense aérienne ».

« Les Alliés occidentaux envoient suffisamment d’armes pour que l’Ukraine puisse se défendre, mais les Ukrainiens n’ont pas assez d’équipements aujourd’hui pour reprendre complètement leur territoire », a par ailleurs insisté le Pdg de Rheinmetall.

Pour rappel, le KF-51 est encore à l’état de prototype. Reposant sur une châssis modifié de Leopard 2A4 et affichant une masse d’une cinquantaine de tonnes, il est doté d’un canon de 130 mm L/51 [de quoi encore compliquer davantage la logistique ukrainienne…], d’un chargeur totalement automatisé, d’une architecture numérisée ou encore du capteur optique panoramique SEOSS. Il peut être associé à des munitions rôdeuses [de type HERO 120] et aux robots terrestres de la gamme MISSION MASTER, commercialisée par le groupe allemand.

Vu comme étant une tentative de « torpiller » le programme franco-allemand de Système principal de combat terrestre [MGCS, char du futur], le KF-51 a été très sévèrement critiqué par Ralf Ketzel, le Pdg de Krauss-Maffei Wegmann [et administrateur de Nexter]. C’est « essentiellement un concept de char conventionnel construit autour d’un canon de 130 mm, avec une coque de Leopard 2. Il n’a rien de nouveau. […] C’est davantage un projet PowerPoint 3D », avait-il déclaré au quotidien Münchner Merkur, en décembre.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]