L’artillerie longue portée fera-t-elle partie des priorités de la prochaine Loi de programmation militaire?

La guerre en Ukraine souligne l’importance de l’artillerie, et notamment la capacité à frapper l’ennemi dans la profondeur. D’où, d’ailleurs, des rapports plaidant pour renforcer les capacités françaises dans ce domaine, comme celui publié en octobre dernier par le député François Cormier-Bouligeon, rapporteur pour avis sur les crédits de l’armée de Terre.

« Les personnes auditionnées […] se sont, par ailleurs, accordées sur la nécessité de prioriser les équipements qui devront faire l’objet d’un effort rapide dans la prochaine Loi de programmation militaire. Il ressort ainsi des échanges menés, qu’un effort financier à court terme devrait porter sur les feux dans la profondeur », avait ainsi écrit le parlementaire. Et d’ajouter : « En Ukraine, on constate un emploi systématique et massif de feux de tous types. [Aussi], l’armée de Terre doit pouvoir être en mesure de conserver sa supériorité opérationnelle dans un conflit marqué par la centralité de la puissance de feu et de conserver l’initiative ».

En outre, le chef d’état-major de l’armée de Terre [CEMAT], le général Pierre Schill, avait plaidé pour le remplacement des Lance-roquettes unitaires [LRU] d’ici 2027. « La guerre en Ukraine nous enseigne que les feux très longue portée sont décisifs : il nous faut réfléchir sur la solution à retenir », avait-il souligné. Et, en janvier dernier, devant les députés, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, évoqua l’achat possible du M142 HIMARS américain…

Cela étant, la prochaine LPM va-t-elle effectivement faire du renforcement de l’artillerie française une priorité? La question se pose… En effet, lors d’une audition au Sénat, le 28 février, M. Lecornu ne l’a pas cité parmi les dix points clés de la future programmation…

Sans surprise, la dissuasion reste la priorité numéro un, avec notamment les programmes SNLE3G [sous-marin nucléaire lanceur d’engins de 3e génération] et ASN4G. Vient ensuite le renseignement, avec une dotation budgéraire devant augmenter de 60% pour les trois services relevant du ministères des Armées [DRSD, DRM et DGSE]. Selon le ministre, cet effort se justifie en partie par la nécessité de « faire du renseignement dans un contexte international plus tendu ».

Troisième priorité : les drones, avec un investissement de 5 milliards d’euros. « Un retard inacceptable a été pris et, désormais, il ne s’agit pas tant de rattraper le retard, c’est plutôt de faire un saut de génération technologique », a dit M. Lecornu.

Comme annoncé, le renforcement des capacités de défense sol-air fait partie des priorités, comme la défense des territoires et collectivités d’outre-Mer [le ministre n’en a pas dit beaucoup à ce sujet, les annonces devant être faites prochainement par le président Macron]. Le cyber reste évidemment incontournable, de même que la maîtrise des fonds marins et le spatial [qui fera l’objet d’une « copie ambitieuse », a promis M. Lecornu]. Les forces spéciales seront également prioritaires, comme les services de soutien [santé, énergie, commissariat, etc]. Enfin, les munitions seront un autre point d’attention.

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