Les forces françaises vont réduire la voilure de façon « visible » en Afrique… sauf à Djibouti

Au début des années 2010, et dans la droit fil du Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale de 2008, la France fit part de son intention de réduire sa présence militaire en Afrique et de mettre l’accent sur la coopération. Ainsi, les Forces françaises du Cap-Vert [FFCV] devinrent les « Éléments français au Sénégal », chargé, avec un effectif réduit, d’animer un « Pôle opérationnel de coopération » au profit des États membres de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest [Cédéao].

Et il était question d’en faire de même au Tchad et en Côte d’Ivoire, seules les Forces françaises au Gabon et à Djibouti devant être maintenues. Sauf que les circonstances, avec les opérations Serval et Barkhane, en auront décidé autrement….

Actuellement, et si l’on excepte Djibouti, qui relève plutôt de la stratégie pour l’Indo-Pacifique, les forces françaises sont encore présentes en Côte d’Ivoire, au Tchad [où le groupe paramilitaire russe Wagner tenterait de déstabiliser le pouvoir, selon le Wall Street Journal], au Niger, au Sénégal et au Gabon. Et, ces dernières semaines, elles ont quitté le Burkina Faso, la Centrafrique et le Mali. Trois pays où Moscou encourage les sentiments anti-français. Et ce n’est pas fini…

En effet, à la veille d’un tournée en Afrique, le président Macron a annoncé une prochaine « diminution visible » des effectifs militaires français sur le continent africain ainsi qu’un « nouveau modèle de partenariat » impliquant une « montée en puissance des forces africaines. Pour autant, aucune fermeture de base n’est prévue… Mais elles changeront de nature et seront « cogérées » avec les forces du pays d’accueil.

« La transformation débutera dans les prochains mois avec une diminution visible de nos effectifs et une montée en puissance dans ces bases de nos partenaires africains, a en effet déclaré M. Macron. Et cela passera par un « effort accru de la France en matière de formation et d’équipement ».

« De manière très concrète, les bases que nous avons, par exemple en Côte d’Ivoire et au Sénégal, où vous avez plusieurs centaines de militaires, voire des milliers, eh bien on va avoir une approche pour se dire ‘qu’est ce qu’on veut faire’, de ‘quoi avez vous besoin’. Et en fonction de ça, former davantage […], développer des bases à vocation régionale, […] voire créer des ‘hubs régionaux » si c’est le souhait de ces pays d’associer des partenaires », a détaillé le président Macron.

Plus généralement, celui-ci a plaidé pour « l’humilité » et la « responsabilité » de l’action de la France en Afrique… assurant qu’il entendait refuser la « compétition » stratégique imposée sur ce continent par ceux qui s’y installent avec « leurs armées, leurs mercenaires [sous-entendu la Russie, avec le groupe paramilitaire Wagner].

« Beaucoup voudraient nous inciter à entrer dans une compétition, que je considère pour ma part comme anachronique […]. Certains arrivent avec leurs armées et leurs mercenaires ici et là », a-t-il affimé. Or, « c’est le confort des grilles de lecture du passé : mesurant notre influence aux nombres de nos opérations militaires, ou nous satisfaire de liens privilégiés exclusifs avec des dirigeants, ou considérer que des marchés économiques nous reviennent de droit parce que nous étions là avant », a poursuivi le chef de l’État, pour qui « ce temps là a vécu ». Et d’insister : « Il faut bâtir une nouvelle relation équilibrée, réciproque et responsable » avec les pays africains.

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