Avec OPTIMUS et PRIME, l’impression 3D va révolutionner la maintenance des matériels de l’armée de Terre

Cela fait maintenant plusieurs années que l’armée de Terre s’intéresse de près aux possibilités offertes par la technologie dite « additive » [ou « impression 3D »], laquelle permet de fabriquer des objets par la juxtaposition de couches successives d’un matériau, en fonction de plans contenus dans un fichier numérique produit par CAO [Conception assistée par ordinateur].

Ainsi, en mai 2019, la 13e Base de soutien du matériel [13e BSMAT], en collaboration avec le Service de la maintenance industrielle terrestre [SMITer], était parvenu à produire des pièces de Véhicules blindés léger [VBL] grâce à un tel procédé. Ce qui ouvrit la voie à une expérimentation opérationnelle au sein de la force Barkhane, quelques mois plus tard. Expérimentation qui s’avéra concluante, avec toutefois quelques restrictions, notamment liées à la nature des matériaux utilisés.

En effet, l’idée était de produire des composants suffisamment robustes afin de réparer provisoirement un véhicule blindé, sans attendre la livraison des pièces de rechange commandées auprès de l’industriel, les délais pouvant être parfois longs par rapport au tempo opérationnel.

« Á terme, l’arrivée sur le théâtre de personnels qualifiés, pleinement dédiés à l’exploitation des imprimantes 3D, pourrait permettre une augmentation du rythme de production des pièces de rechange, inscrivant cette expérience dans la durée », avait cependant expliqué l’État-major des armées [EMA], à l’époque.

Pour le moment, les pièces produites par impression 3D, essentiellement avec de la résine et de la matière plastique, n’ont toujours pas vocation à remplacer durablement les composants originaux. Mais cela pourrait changer dans un avenir proche étant donné que la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres [SIMMT] est sur le point de se doter d’imprimantes 3D fonctionnant avec du métal.

L’an passé, l’armée de Terre a lancé le projet OPTIMUS, visant à « projeter » sur un théâtre d’opératons des imprimantes 3D capables de produire des composants en polymère mais aussi [et surtout] en métal. Ce qui procurerait au moins deux avantages : outre le fait qu’il ne serait plus besoin de faire appel aux industriels pour commander des pièces de rechange, il serait aussi possible de produire celles qui ne figurent plus dans les catalogues de ces derniers.

Depuis, nous apprend Terre Infos Magazine, OPTIMUS, qui était encore au stade de « l’idéation » il y a peu, est désormais « en phase d’expérimentation ». Et il sera complété par le projet PRIME, dont le principe consiste à créer une « cellule robotisée projetable permettant le rajout de matière sur des pièces usées ainsi que la confection de pièces 3D ».

OPTIMUS et PRIME [une référence aux « Transformers »] « offriront de nouvelles perspectives sur les théâtres d’opération et soutiendront
les unités déployées, notamment en cas de tension sur la chaîne d’approvisionnement », souligne le magazine de l’armée de Terre… D’autant plus que « la fabrication additive ‘métal’ est en pleine montée en puissance ».

Mais il est question d’aller plus loin… jusqu’à modifier le « modèle économique des industriels »… car, à l’avenir, l’armée de Terre n’aura plus à acheter les pièces de rechange dont elle a besoin… mais les fichier numériques pour les produire… Ce qui pourrait générer quelques économies.

« Nous sommes dans la phase d’appel d’offres avec les entreprises. Nous travaillons pour basculer sur une autre manière d’œuvrer ensemble. Aujourd’hui, nous achetons du matériel, l’objectif pour demain, ce sera l’immatériel », a expliqué le chef du bureau Expertise technique maintenance du 2e Régiment du Matériel [RMAT].

Quoi qu’il en soit, la technologie additive 3D peut avoir des applications… inattendues. « Lorsqu’il a fallu changer le camouflage, les imprimantes 3D ont été bien utiles. Ainsi, pour gagner du temps et faciliter le travail de peinture, la section a imprimé des bouchons d’écrou à poser sur les roues pour éviter de les démonter. On a gagné une journée de travail », a en effet témoigné un sergent du 2e RMAT dans les pages de Terre Infos Magazine.

Photo : armée de Terre / Archive

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