Singapour va se procurer huit chasseurs-bombardiers F-35B supplémentaires

Au regard de sa superficie [720 km2] et de ses 5,4 millions d’habitants, Singapour dispose de forces armées conséquentes et très bien équipées, avec 190 chars Leopard 2 [la France n’alignera que 200 Leclerc XLR en 2030, ndlr], plus de 2000 véhicules blindés, 6 frégates, 4 sous-marins, une centaine d’avions de combat [dont des F-16 et des F-15], soutenus par 6 avions ravitailleurs A330 MRTT et une flotte relativement importante d’hélicoptères, composée d’AH-64 Apache [attaque] et de CH-47SD/F Chinook [transport lourd].

Rendu possible grâce à la croissance économique vigoureuse, cet effort de défense, d’environ 3% du PIB, s’explique par le sentiment d’isolement de la cité-État, ses relations avec la Chine étant compliquées, de même que celles avec la Malaisie, en raison d’un différend territorial concernant le détroit de Johor.

Quoi qu’il en soit, Singapour s’attache à moderniser en permanence ses capacités militaires, quitte à s’y prendre très tôt. En effet, anticipant le retrait du service de ses soixante F-16 – pourtant portés au stantard Block 70 « Viper » – à l’horizon 2030, le ministère singapourien de la Défense fit part de son intention de se procurer quatre F-35B [la version à décollage court et à atterrissage vertical] en 2019, à des fins d’évaluation. Ces avions ne lui seront pas livrés avant 2026. À noter qu’il était aussi question d’une option sur huit appareils supplémentaires.

Cette décision n’était pas surprenante dans la mesure où Singapour avait rejoint le programme F-35 en 2003, en tant que « participant à la coopération en matière de sécurité ».

Cela étant, l’évaluation en question devait permettre de déterminer le modèle de F-35 appelé à équiper la force aérienne singapourienne, le F-35B étant en balance avec le F-35A [version classique]. Le choix du premier paraissait alors le plus cohérent avec les infrastructures – limitées – de la cité-État. Mais dans le même temps, ses capacités étant moindres par rapport à celles du second [autonomie plus faible et capacité d’emport limitée], les jeux n’étaient pas faits.

La dernière édition de l’exercice australien Pitch Black fut une occasion pour la force aérienne singapourienne de se faire une idée plus précise sur les variantes du chasseur-bombardier produit par Lockheed-Martin puisqu’elle y engagea deux détachements, l’un auprès d’une unité de l’US Marine Corps [USMC] dotée de F-35B, l’autre auprès d’un escadron de F-35A de la Royal Australian Air Force.

Quoi qu’il en soit, le 24 février, le ministre singapourien de la Défense, Ng Eng Hen, a annoncé son intention de lever l’option posée en 2019 pour huit F-35B supplémentaires.

« Après une évaluation complète, le ministère de la Défense est arrivé à la conclusion que le F-35 répondra le mieux à nos besoins de défense actuels et futurs. La RSAF [force aérienne de la République de Singapour, ndlr] fera l’acquisition de huit autres F-35B, qui seront ajoutés à notre flotte d’ici la fin de cette décennie », a fait savoir le ministre, via Twitter.

« Cela permettra le retrait progressif de nos F-16 vieillissants, qui doivent prendre leur retraite à partir du milieu des années 2030. La future flotte de la RSAF sera composée de F-35 et de F-15SG », a ajouté M. Hen.

Reste à voir ce que fera Singapour par la suite. Étant donné qu’il lui faut remplacer 60 F-16, il est fort probable qu’une autre commande suivra. Pour rappel, les 12 F-35B qu’elle entend se procurer pour le moment devraient lui coûter environ 2,7 milliards de dollars. Telle a été en effet l’estimation faite par la DSCA, l’agence chargée des exportations d’équipements militaires américains, dans un avis diffusé en janvier 2020.

Photo : Ministère de la Défense de Singapour

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