L’Allemagne a bon espoir de vendre six sous-marins à l’Inde, pour plus de 5 milliards d’euros

En avril 2022, dans le cadre d’un transfert de technologie accepté par le français Naval Group, le chantier naval Magazon Dock Shipbuilters Limited [MDL] a mis à l’eau l’INS Vagsheer, c’est à dire le sixième et dernier sous-marin d’attaque de type Scorpène [ou classe Kalvari] destiné à l’Indian Navy.

Seulement, face aux ambitions navales pakistanaises et à la présence toujours plus affirmée de la marine chinoise dans l’océan Indien et aux abords du détroit de Malacca, l’Inde fait de la modernisation de sa flotte sous-marine une priorité. En effet, et malgré l’apport des Scorpène, celle-ci est relativement ancienne, avec sept sous-marins de classe Sindhughosh [de conception russe] et quatre autres de type 209 [de facture allemande].

Cela étant, il s’agit également pour New Delhi de pouvoir accompagner la montée en puissance de la composante océanique de sa dissuasion, laquelle doit reposer sur deux sous-marins nucléaires lanceurs d’engins [SNLE], à savoir l’INS Arihant et l’INS Arighat [dont l’admission au service est prévue cette année].

Pour cela, l’Indian Navy, qui a par ailleurs restitué le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] INS Chakra, qu’elle avait loué à la Russie pendant dix ans, a lancé le projet 75i, afin d’étoffer sa flotte sous-marine avec six unités supplémentaires.

Dans les grandes lignes, la marine indienne veut des sous-marins plus imposants que les Scorpène, dotés d’un système de propulsion anérobie [AIP] afin d’augmenter leur autonomie en plongée, et capables d’emporter des missiles de croisière et des missiles anti-navires.

Seulement, quasiment tous les industriels susceptibles de fournir de tels sous-marins ont retiré leur candidature à cet appel d’offres. Ou, du moins, ont-ils fait mine de le faire… Ainsi, le suédois Kockums [A26] et les japonais Kawasaki Heavy Industries et Mitsubishi Heavy Industry [classe Sōryū] firent savoir qu’ils passeraient leur tour. De même que Naval Group, qui avait proposé une variante de son Shortfin Barracuda, et le russe Rubin, qui prétexta des « raisons techniques ».

Plus tôt, ayant soumis la candidature de son sous-marin de Type 214, l’allemand ThyssenKrupp Marine Systems [TKMS] avait aussi annoncé qu’il jetait l’éponge, en faisant état de « désaccords » sur certaines clauses techniques de la procédure indienne, en particulier celles relatives à la responsabilité, aux transferts de technologie et aux charges de travail.

Cela étant, TKMS est visiblement revenu dans la course, alors qu’il ne restait plus que le sud-coréen Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering l’espagnol Navantia en lice.

En effet, la signature d’un accord – de gouvernement à gouvernement – pour la construction conjointe de six sous-marins sera l’un des enjeux de la visite que doit faire Olaf Scholz, chancelier allemand, en Inde, les 25 et 26 février prochains. Tel est la confidence faite par à l’agence Reuters quatre responsables [dont deux indiens et deux allemands] proches du dossier .

A priori, et d’après ce qu’a affirmé une source du ministère indien de la Défense, l’offre de Navantia a été écartée. Resteraient donc en course TKMS et Daewoo Shipbuilding and Marine Engineering. Un reponsable de la diplomatie indienne a expliqué que le chancelier Scholz était « déterminé à redynamiser les liens commerciaux et de défense » avec New Delhi.

Et cela, quitte à accepter des transferts de technologie – en particulier sur le système AIP, que l’Organisation de recherche et de développement pour la défense [DRDO] indienne tente de développer actuellement, et que la construction des sous-marins se fasse exclusivement en Inde.

Selon Reuters, Berlin a récemment assoupli sa politique en matière d’exportation d’équipmements militaires vers l’Inde.

« Nous aimerions continuer à le faire », a assuré un « fonctionnaire » du gouvernement allemand. « L’Inde est pour une bonne part dépendante des armes russes. Il ne peut pas être dans notre intérêt que cela reste le cas », a-t-il justifié.

Reste à voir si le sous-marin de Type 214 peut correpondre effectivement aux besoins de l’Indian Navy… étant donné qu’il n’est guère plus imposant que le Scorpène et qu’il n’est pas en mesure d’emporter des missiles de croisière. À moins que TKMS n’ait proposé le Type 216, une évolution du Type 214 développée pour le contrat australien… remporté en 2016 par Naval Group avec le Shortfin Barracuda.

Photo : U214 – TKMS

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