Guerre en Ukraine : La Russie accentue sa pression sur la Moldavie

Alors qu’elle venait de proclamer son indépendance vis-à-vis de l’Union soviétique, en août 1991, la Moldavie dut faire face à la sécession de la Transistrie, majoritairement russophone. Ce qui donna lieu à un conflit, marqué par l’intervention de la 14e armée russe, alors commandée par le général Aleksandre Lebed.

Les combats prirent fin un an plus tard, avec un accord selon lequel les autorités moldaves acceptaient de renoncer à tout rattachement à la Roumanie et de donner une large autonomie à la « république moldave du Dniestr », laquelle accueille encore actuellement des troupes russes, alors que Moscou avait promis une « neutralité » militaire.

Depuis, la situation n’a guère évolué. Et à chaque fois que la Moldavie s’est rapprochée de l’Union européenne [voire de l’Otan, qui a ouvert un « bureau de liaison » à Chisinau], la Russie a fait les gros yeux… tout en mobilisant les relais qu’elle compte dans ce pays.

Cela étant, avec la guerre en Ukraine, la Moldavie a fait un pas de plus vers l’adhésion à l’Union européenne en se voyant accorder le statut de « pays candidat », en juin 2022.

Or, quelques semaines plus tôt, un général russe avait expliqué que le contrôle du sud de l’Ukraine permettrait de créer un « couloir vers la Transnistrie, où on observe également des cas d’oppression de la population russophone ».

Par la suite, la Moldavie a fait l’objet d’intimidations, plusieurs missiles russes ayant ainsi pénétré son espace aérien pour ensuite s’abattre en Ukraine.

Et, le 2 février dernier, le ministre russe des Affaires étrangères, Segueï Lavrov, a fustigé la politique pro-européenne menée par la présidente moldave, Maia Sandu, qu’il a accusée d’avoir été élue en « utilisant des méthodes loin d’être démocratiques » [elle avait surtout battu, avec 57% des voix, Igor Dodon, le président sortant aux positions pro-russes, ndlr]. Et d’ajouter : « Elle a la citoyenneté roumaine » et elle est prête à unifier son pays avec la Roumanie ».

En clair, pour Moscou, Chisinau serait donc sur le point de revenir sur l’accord signé en 1992, ce qui pourrait ainsi motiver une intervention militaire. D’ailleurs, M. Lavrov s’en est pas caché. « La Moldavie est considérée », a-t-il répondu à un journaliste qui venait de lui demander quel autre pays pourrait connaître le même sort que l’Ukraine.

Quelques jours plus tard, et après nouvelle intrusion d’un missile russe dans son espace aérien, la Moldavie a été confrontée à une crise politique, soldée par la nomination du pro-européen Dorin Recean au poste de Premier ministre. Pour autant, des mouvements de contestations ont ensuite donné de la voix, comme le 19 février dernier, avec un large rassemblement pro-russe ayant eu lieu dans les rues de Chisinau. Aussi, il est difficile pour le gouvernement moldave de ne pas y voir la main de la Moscou… qu’il a récemment accusé d’avoir l’intention de le renverser.

« Le plan prévoit des attaques d’édifices étatiques et des prises d’otages par des saboteurs au passé militaire camouflés en civil », a en effet détaillé Mme Sandu devant la presse, le 14 février.

Par ailleurs, M. Recean a confirmé des propos tenus par Volodymyr Zelenski, le président ukrainien, qui, dans les pages du journal allemand Die Welt, avait soupçonné Moscou d’envisager de prendre le contrôle de l’aéroport de Chisinau pour en faire une tête de pont pour se troupes en vue d’ouvrir un front dans l’ouest de l’Ukraine.

Plus tôt, devant le Parlement moldave, et plaidant en faveur d’une « militarisation » de la Transnistrie, M. Recean avait aussi estimé qu’il était « important de continuer nos efforts pour obtenir le retrait des troupes russes de cette région séparatiste. Ce qui serait un autre casus belli pour Moscou…

D’ailleurs, la réponse russe n’aura pas tardé. Le 22 février, le président russe, Vladimir Poutine a abrogé un décret de 2012 qui, en partie, reconnaissant la souveraineté de la Moldavie sur la Transnistrie. Cette décision a été prise pour « garantir les intérêts nationaux de la Russie dans le cadre des profonds changements qui se produisent dans les relations internationales », a expliqué le Kremlin.

Dans la foulée, le ministère russe de la Défense a publié un message via Telegram pour accuser l’Ukraine d’envisager une « provocation armée contre la République moldave de Transnistrie dans un proche avenir », celle étant supposée être menée par « des unités des forces armées, y compris celles impliquant la formation nationaliste d’Azov ».

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