Rheinmetall va s’impliquer dans l’assemblage d’avions F-35, avec une unité de production en Allemagne

En novembre dernier, l’Association de l’industrie aéronautique et spatiale allemande [BDLI, Bundesverband der Deutschen Luft- und Raumfahrtindustrie e.V.] avait dénoncé les risques « considérables » pris par Berlin pour la « souveraineté nationale et l’autonomie d’action » avec les acquisitions annoncées de chasseurs-bombardiers F-35A, d’hélicoptères de transport lourd CH-47F Chinook et d’avions de patrouille maritime P-8A Poseidon auprès des États-Unis. Et elle avait notamment reproché au gouvernement allemand de ne pas avoir prévu de « compensations industrielles », en particulier dans le domaine du Maintien en condition opérationnelle [MCO].

« L’argent que nous dépensons aux États-Unis ne revient pas » alors qu’une « participation de l’industrie nationale rapporte et crée des emplois », fit ainsi valoir Martin Kroell, vide-président de la BDLI et Pdg d’Autoflug GmbH.

Depuis, la commande de 35 F-35A a été confirmée par le gouvernement allemand… Et il lui en coûtera près de dix milliards d’euros pour mettre en eouvre ces appareils, cette somme prenant aussi en compte les investissements nécessaires pour adapter les infrastructures de la base aérienne de Büchel, où ils seront affectés. Et aucune compensation industrielle n’avait alors été annoncée.

Cela étant, le groupe allemand Rheinmetall a su tirer son épingle du jeu. En effet, le 17 février, il a annoncé avec signé un protocole d’accord avec Lockheed-Martin et Northrop Grumman pour installer une chaîne d’assemblage intégrée [IAL pour integrated assembly line] du fuselage central du F-35 en Allemagne. Il s’agirait de la seconde à être implantée en Europe, une première fonctionnant déjà en Italie.

Pour rappel, outre le radar AN/APG-81 AESA [à antenne active], les capteurs infrarouges à haute résolution du système AN/AAQ-37 ou encore la suite avionique AN/ASQ-242, Northrop Grumman est également chargé de fournir le fuselage central du F-35, celui-ci étant produit par une « installation de classe mondiale utilisant les dernières avancées en matière d’autonomatisation et de robotique ».

« La chaîne d’assemblage intégrée pour le fuselage [du F-35] est reconnue comme étant une installation de pointe soutenue par des technologies exclusives », a commenté Glenn Masukawa, le responsable du programme F-35 chez Northrop Grumman. « S’engager avec Rheinmetall démontre notre volonté à collaborer avec des partenaires internationaux pour fabriquer des avions de pointe », a-t-il ajouté.

Pour Lockheed-Martin, l’intallation d’une telle chaîne de production en Allemagne « sera vitale pour répondre à la demande mondiale croissante de F-35, qui jouent un rôle vital dans la sécurité du 21e siècle ». En outre, l’industriel américain n’a pas l’intention d’en rester là.

« Lockheed Martin est un partenaire engagé en Allemagne depuis plus de 50 ans. Le programme F-35 continuera à renforcer notre partenariat stratégique avec des partenaires industriels clés pour les années à venir », a en effet affirmé Mike Shoemaker, l’un de ses responsables.

Quoi qu’il en soit, cet accord va permettre à Rheinmetall de renforcer significativement ses activités [et ses compétences] en matière de construction aéronautique, domaine où son expérience est inexistante, notamment pour ce qui concerne l’aviation de combat. « Cette coopération avec Lockheed-Martin et Northrop Grumman au sujet du F-35 « apportera des capacités essentielles à l’Allemagne », a d’ailleurs fait valoir le groupe allemand.

« Le partenariat de longue date entre Lockheed Martin et Rheinmetall, ainsi que les liens très étroits qui existent depuis des décennies entre la Bundeswehr et notre entreprise, conduisent à un véritable transfert de savoir-faire vers l’Allemagne », a insisté son Pdg, Armin Papperger.

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