Les opérations des commandos français de la « TF Sabre » ont officiellement pris fin au Burkina Faso

Selon le dernier rapport du Comité des Nations unies chargé de surveiller l’application des sanctions décidées contre al-Qaïda et l’État islamique [EI], publié le 13 février, la situation sécuritaire s’est encore détériorée au Sahel depuis que certaines forces étrangères [en particulier les forces Barkhane et Takuba] ont quitté le Mali, notamment en raison du recours par Bamako aux services deu groupe paramilitaire russe Wagner.

« Leur départ a créé un déficit capacitaire qui a été exploité par les groupes terroristes pour accroître leur efficacité et leur mobilité et étendre leur zone d’influence », constate-t-il. Et cela, malgré la rivalité entre le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans [GSIM, lié à al-Qaïda] et l’État islamique au grand Sahara [EIGS].

Ainsi, l’influence du GSIM dans le centre du Mali s’est renforcée, de même que dans le nord et l’est du Burkina Faso. D’après le document des Nations unies, cette organisation jihadiste « s’impose comme l’autorité centrale en l’absence de gouvernance forte » tout en tirant parti des « frustrations de communautés vulnérables et sous-représentées telles que les Touaregs et les Peuls ». Et il en résulte « une forte polarisation ethnique qui alimente la violence et contribue aux objectifs du groupe à l’insu de ces communautés ».

En outre, poursuit le rapport, « les activités des acteurs non étatiques ou des milices locales au Mali et au Burkina Faso exacerbent les tensions intercommunautaires et facilitent le recrutement de combattants par le GSIM ou l’EIGS ».

S’agissant du Burkina Faso, le rapport fait état d’une « augmentation sensible de la violence dans le nord et l’est », le GSIM et ses affiliés ayant l’objectif de contrôler les axes de communication menant au Togo et au Bénin, où ils « pourraient chercher à appliquer la même stratégie d’exploitation des tensions communautaires. Moins touché par cette violence ». Et de noter que « la route N18, qui traverse les provinces de la Gnagna et de Fada Ngourma, est particulièrement prise pour cible ».

Cela étant, comme le Mali, et après avoir connu deux coups d’État, le Burkina Faso est actuellement dirigé par une junte, qui n’est sans doute pas insensible aux promesses faites par la Russie aux pays du Sahel… ainsi qu’à ceux du golfe de Guinée. « La lutte contre le terrorisme est bien sûr d’actualité pour les autres pays de la région » et « nous allons leur apporter notre assistance pour surmonter ces difficultés. Cela concerne la Guinée, le Burkina Faso et le Tchad, et en général la région sahélo-saharienne et même les pays riverains du Golfe de Guinée », a en effet déclaré Serguei Lavrov, le chef de la diplomatie russe, lors d’un déplacement à Bamako, le 7 février.

Quoi qu’il en soit, et après fait part de son intention de « diversifier » ses partenariats militaires, le Burkina Faso a dénoncé, en janvier, un accord de défense qu’il avait conclu avec la France en décembre 2018, sur fond de tensions diplomatiques. Et de donner trente jours au détachement français de forces spéciales « Sabre » [ou TF Sabre] pour quitter le pays.

Un peu moins d’un mois avant le terme de cet « ultimatum », l’état-major général burkinabè a officialisé la fin des opérations de la TF Sabre au Burkina Faso.

« L’état-major général des armées et le commandement de la task force Sabre ont organisé ce samedi 18 février 2023, dans l’enceinte du camp Bila-Zagré, à Kamboinsin [dans les faubourgs de Ouagadougou], une cérémonie solennelle de descente de drapeaux marquant la fin officielle des opérations de la task force à partir du sol burkinabé », a-t-il en effet annoncé, via un communiqué.

Pour le moment, à Paris, le ministère français des Armées n’a fait aucun commentaire. Cependant, après l’annonce de la décision du gouvernement burkinabè, une source « proche du dossier » avait confié à l’AFP que la TF Sabre [et ses 400 opérateurs] allait quitter le Burkina Faso d’ici la fin février et que le retrait de tous ses matériels serait terminé « d’ici la fin avril ».

« Le désengagement des équipements et matériels restants de Sabre sera finalisé par une équipe de logisticiens déployés à cet effet, selon un chronogramme défini en accord avec l’état-major général des armées », est-il cependant indiqué dans le communiqué que vient de publier Ouagadougou.

Il reste maintenant à voir si les mercenaires de Wagner se déploieront au Burkina Faso… Sur ce point, l’essayiste Seidik Abba, ne le croit pas. « Le reste de la coopération militaire avec la France reste maintenu. Donc, [les responsables burkinabè] ne sont pas dans une démarche de rupture totale comme on a pu le voir avec Bamako. Et je pense que c’est cela l’option pour le Burkina, parce que, en contractant les services de Wagner, il pourrait s’aliéner le partenariat militaire qui est très efficace avec un pays comme le Niger », a-t-il expliqué lors d’un entretien donné à RFI.

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