Les Lance-roquettes unitaires du 1er Régiment d’Artillerie ont fait parler la poudre en Roumanie

Quand, en octobre dernier, il annonça un renforcement significatif de la présence militaire française sur le flanc oriental de l’Otan, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, avait notamment évoqué l’envoi d’un escadron de chars Leclerc et d’une compagnie de véhicules blindés de combat d’infanterie [VBCI] en Roumanie, au titre de la mission Aigle.

Cependant, le renforcement du « Collective Defense Battle Group » [CDGB], dont la France est la « nation cadre », a été plus important qu’annoncé dans la mesure où le 1er Régiment d’Artillerie [RA], qui tient garnison à Bourogne, a déployé à Cincu [Roumanie] trois Lance-roquettes unitaires [LRU] parmi ceux qui lui restent… Pour rappel, sur les 13 qu’il possédait encore récemment, deux exemplaires ont été livrés à l’Ukraine en novembre 2022 et un autre serait hors d’usage.

Ce déploiement en Roumanie s’est fait dans une relative discrétion, même si la dernière version du dossier de presse de la mission Aigle, diffusée en janvier par l’État-major des armées [EMA], précise qu’une « batterie d’artillerie mixte du 1er RA », composée de trois LRU et de trois mortiers de 120 mm, a été engagée au sein du CDGB, aux côtés d’un escadron « Leclerc » du 1er Régiment de Chasseurs [RCh], d’une compagnie du 152e Régiment d’Infanterie [RI] et d’un unité du 3e Régiment de Génie [RG].

Mis en service en 2014, le LRU a connu son premier engagement deux ans plus tard, dans le cadre de l’opération Barkhane. À l’époque, il s’agissait de renforcer les capacités d’appui-feu du Groupement tactique désert Ouest et de pallier le retrait temporaire des Mirage 2000C. D’une portée maximale de 84 km, cette pièce d’artillerie est en mesure de détruire des cibles dans la profondeur avec des roquettes guidées à charge explosive de 90 kg, avec une précision de l’ordre de 4 mètres. Depuis ce déploiement au Sahel, les LRU étaient alors restés à Belfort…

Quoi qu’il en soit, ces trois LRU du 1er RA n’ont pas été envoyés en Roumanie pour faire de la figuration… puisque, avec des M142 HIMARS roumains, ils ont eu l’occasion de faire parler la poudre lors de l’exercice Eagle Royal 2023, qui s’est déroulé du 6 au 9 février.

« L’objectif de cet exercice, créé à l’initiative du CDBG avec l’appui du BFCE [ Brigade Forward Command Element ], était de développer l’interopérabilité technique et tactique du groupement d’artillerie du module AIGLE. Celui-ci se cloture par des tirs au mortier et par le tir des Lance-roquettes unitaires », a en effet expliqué l’EMA, dans son dernier compte-rendu des opérations.

« Dans le cadre de la mission Aigle, nos artilleurs ont mené un exercice de tir avec leurs frères d’armes roumains et américains. Nos LRU et les HIMARS roumains ont tiré simultanément plusieurs roquettes, preuve de leur interopérabilité! », a, de son côté, indiqué le 1er RA, via ses réseaux sociaux.

Cela étant, et alors que l’armée de Terre va de nouveau connaître de « profondes transformations », son chef d’état-major [CEMAT], le général Pierre Schill, avait plaidé pour renforcer et renouveler ses capacités de feux à longue portée d’ici 2027, lors de ses dernières auditions parlementaires.

« La guerre en Ukraine nous enseigne que les feux très longue portée sont décisifs : il nous faut réfléchir sur la solution à retenir », avait-il dit. Et a priori, la solution pourrait être le M142 HIMARS américain, comme l’a récemment suggéré M. Lecornu.

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