Un rapport parle de renforcer la capacité de lutte anti-aérienne de l’armée de Terre avec le canon RapidFire

Depuis le retrait des missiles sol-air de courte portée Roland et celui des canons de 20mm de type 53T2, la capacité de défense aérienne dans les « basses couches » de l’armée de Terre repose exclusivement sur les missiles MISTRAL [missile transportable anti-aérien léger], notamment mis en oeuvre par le 54e Régiment d’Artillerie [RA] ainsi que par certaines sections d’autres régiments [comme au sein du 35e RAP, du 68e RAA ou encore du 11e RAMa].

Seulement, et comme le démontre le retour d’expérience de la guerre en Ukraine, marquée par des attaques saturantes de munitions téléopérées, le MISTRAL ne suffit plus pour assurer la protection des unités dites de mêlée. Tel est le constat dressé par les députés Jean-Louis Thiériot [LR] et Natalia Pouzyreff [Renaissance], qui ont remis un rapport sur la défense sol-air en France et en Europe, dans le cadre d’une « mission flash » commandée par la commission de la Défense.

« Le retour du canon est le seul moyen de traiter les menaces saturantes de type drone. Et cela à un coût acceptable car l’un des enjeux de la défense sol-air, c’est de ne pas tirer un MISTRAL à 150’000 euros contre un drone à 2’000 euros. Cela, le canon seul permet de le faire », a fait valoir M. Thiériot.

Aussi, et alors qu’il est question d’un investissement de cinq milliards d’euros au profit de la défense sol-air dans le cadre de la prochaine Loi de programmation militaire [LPM], les deux députés estiment que la « remise à niveau » des capacités de l’armée de Terre à contrer les menaces dans les « basses couches » doit être une priorité. Il s’agit de développement une « artillerie sol-air digne de ce nom », a insisté M. Thiériot.

Cela étant, l’an passé, la Section technique de l’armée de Terre [STAT] a terminé l’évaluation de l’ARLAD [adaptation réactive pour la lutte anti-drones], un système installé sur un Véhicule de l’avant blindé [VAB], doté d’un radar de détection. Initialement, ce dispositif devait reposer sur une mitrailleuse de 12,7 mm [qui n’a pas été conservée par la suite, car jugée inefficace] ainsi que sur une capacité « Airburst », via un lance-grenade de 40 mm.

Mais pour les deux parlementaires, il faut aller plus loin, en dotant l’armée de Terre du canon RapidFire de 40 mm, dont Nexter et Thales ont récemment finalisé la version destinée à certains navires de la Marine nationale.

Cependant, a souligné M. Thiériot, des « financements doivent encore […] être trouvés pour développer une munition ‘Airburst' », qui explose à proximité de la cible et non à l’impact. C’est un « enjeu opérationnel pour nos troupes » mais aussi un « enjeu industriel » dans la mesure où, a-t-il expliqué, il faudra « faire admettre le [calibre] 40 mm comme standard de l’Otan », ce qui « n’est pas le cas aujourd’hui », sauf pour le domaine naval.

Pour rappel, le système RapidFire repose sur le canon 40CTA de 40mm qui, développé par CTAI, la filiale commune à Nexter et à BAE Systems, équipe déjà l’engin blindé de reconnaissance et de combat [EBRC] Jaguar. Il peut tirer en temps réel cinq types de munitions, automatiquement sélectionnées en fonction de la menace, dont la nouvelle A3B [Anti-Aeriel AirBurst], qualifiée « d’intelligente ».

Par ailleurs, les deux rapporteurs préconisent de renforcer le 54e RA… voire de créer un second régiment dédié à la lutte anti-aérienne.

Si la recommandation de M. Thieriot et de Mme Pouzyreff est retenue [et il y a des chances pour qu’elle le soit…], le RapidFire pourrait être installé sur un véhicule blindé multirôles [VBMR] lourd [Griffon] ou léger [Serval]. Voire sur le TITUS 6×6, Nexter ayant en effet dévoilé un véhicule de ce type doté d’un RapidFire lors du salon IDEX, en février 2021, aux Émirats arabes unis.

Quoi qu’il en soit, une telle idée n’est pas neuve… Dans les années 1970, le projet VADAR proposait de monter une tourelle bitube de 20 mm et un radar sur un Véhicule de l’avant blindé [VAB]. Mais il fut finalement abandonné.

Photo : 54e RA

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]