Un énigmatique satellite russe s’est désintégré en orbite

Le 23 mai 2014, un lanceur Rokot décolla du cosmodrome de Plessetsk en emportant, officiellement, trois satellites militaires de télécommunications Rodnik-S. Seulement, peu après leur mise en orbite, un quatrième engin fit son apparition.

Appelé COSMOS 2499 [ou KOSMOS-2499] et de taille très modeste, il fut d’abord pris pour l’un des débris générés par le lancement en question. Sauf qu’il apparut par la suite qu’il avait une capacité de manoeuvre, ce qu’il démontra en se rapprochant des restes de la fusée Rokot utilisée pour le lancer avec les trois Rodnik-S. Circulaire au départ, son orbite devint en effet elliptique. Et il fut constaté que son altitude avait été « corrigée » d’une centaine de mètres.

À partir de ce moment, COSMOS 2499 suscita des interrogations sur sa finalité. Était-ce un satellite « butineur » pour intercepter les communications, une arme anti-satellite avec une capacité de brouillage? Le prototype pour tester des technologies nouvelles?

À l’époque, l’agence spatiale russe, Roscosmos, avait assuré que cet engin avait été conçu à des « fins pacifiques ». Les « affirmations publiées dans les médias occidentaux de l’apparition d’un satellite russe ‘tueur de satellite’ sont politiquement orientées et non fondées », avait même prétendu l’agence Interfax.

D’après l’Institut de physique et de technologie de Moscou, COSMOS 2499 aurait été conçu piur tester des moteurs ioniques… alors que l’observation de ses manoeuvres obitales suggéra qu’il était doté d’une propulsion chimique classique…

Toujours est-il que la Russie n’était pas à son premier coup d’essai. Le 25 décembre 2013, elle avait également mis trois satellites Rodnik en orbite, ainsi qu’un autre engin qui, appelé COSMOS 2491, avait apparemment les mêmes capacités que COSMOS 2499.

Ceux-ci furent rejoints par un troisième, appelé COSMOS 2504, lancé en mars 2015, en même temps que trois satellites [civils] de télécommnunications « Gonets ».

Quoi qu’il en soit, en janvier 2020, COSMOS 2491 se désintégra… Et COSMOS 2499 a récemment connu le même sort, d’après le 18e escadron de défense spatiale de l’US Space Force. Le satellite russe se serait en effet brisé en 85 morceaux, le 4 janvier dernier, alors qu’il évoluait à une altitude de 1169 km. A priori, il n’était plus actif puisque sa dernière manoeuvre remonterait à 2017.

D’autres engins russes sont tout aussi énigmatiques. Comme le COSMOS 2542 qui, lancé en novembre 2019 par une fusée Soyouz 2-1V Volga, libéra un sous-satellite désigné « Kosmos-2543 » une fois mis sur la même orbite… que le satellite USA-245, exploité depuis 2013 par le National Reconnaissance Office [NRO], chargé du renseignement d’origine spatiale au sein du Pentagone.

« Nous voyons apparaître ce que l’on appelle des menaces co-orbitales, c’est-à-dire des satellites manœuvrants, potentiellement destinés à nuire à d’autres satellites. Nous manœuvrons aussi pour rendre des services pacifiques, mais ces satellites manœuvrant sont potentiellement problématiques et nous observons actuellement une forte activité de la Russie et de la Chine dans ce domaine », a d’ailleurs récemment résumé le général Philippe Adam, le commandant de l’Espace, lors d’une audition parlementaire.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]