Le Royaume-Uni va former des pilotes de chasse ukrainiens

« Il faut se méfier des ‘modes’. En décembre, on n’a parlé que de défense sol-air. Au mois de janvier, on ne parle que des chars. En février, j’ai le sentiment qu’on ne va parler que des avions de chasses », a prophétisé Sébastien Lecornu, le ministre français des Armées, au sujet de l’aide militaire fournie à l’Ukraine. Celle-ci ne doit pas faire « l’objet d’un agenda de communication » mais « correspondre aux besoins réels des Ukrainiens pour se défendre », a-t-il ensuite précisé, dans les pages du Figaro, la semaine passée.

Effectivement, après avoir réclamé et obtenu des pièces d’artillerie de différents modèles, des systèmes de défense aérienne et, plus récemment, l’Ukraine a récemment reçu la promesse qu’elle aurait des chars AMX-10 RC, Leopard 2, M1 Abrams [un trentaine, dans une configuration dégradée par rapport à ceux utilisés par l’US Army] et Challenger 2. Et, désormais, Kiev insiste pour qu’on lui fournisse des avions de combat de conception occidentale – notamment des F-16 – pour en équiper au moins deux escadrons [soit 24 appareils].

Les Pays-Bas ont déjà fait savoir qu’ils examineraient, avec « l’esprit ouvert » toute demande qui leur serait adressée par l’Ukraine au sujet des F-16 MLU qu’ils sont en train de remplacer progressivement par des F-35A. Sollicitée, la Pologne a botté en touche, son Premier ministre, Mateusz Morawiecki, ayant expliqué que toute décision devra être nécessairement être prise en coordination avec les alliés de l’Otan. Quant aux États-Unis, le président Biden a refusé catégoriquement de livrer les avions demandés par Kiev… Mais il peut encore changer d’avis… comme pour les M1 Abrams et les M142 HIMARS, d’autant plus que certains élus du Congrès y sont favorables.

Cela étant, si l’Allemagne a également refusé de répondre favorablement à la requête ukrainienne [d’ailleurs, même si elle le voulait, elle n’aurait rien à donner], la France, qui pourrait céder des Mirage 2000C récemment retirés du service, n’a rien exclu… à la condition que cette aide n’affaiblisse pas les capacités de ses forces armées, ne soit pas « escalatoire » et ne permette pas de viser le territoire russe.

Au Royaume-Uni, on n’exclut rien non plus par principe. « Sur la question des avions, j’ai été clair. S’il y a une chose que nous avons apprise de l’année qui s’est écoulée, c’est de ne rien acter d’avance et de ne rien exclure », a en effet déclaré Ben Wallace, le ministre britannique de la Défense, le 2 février. Seulement, a-t-il ajouté, former des aviateurs ukrainiens « prendrait des mois » et « il n’y a pas de baguette magique dans cet horrible conflit ».

A-t-il fini par en trouvé une? En effet, alors que le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, était attendu à Londres pour son deuxième voyage officiel depuis le début de la guerre [il s’était rendu aux États-Unis pour le premier, ndlr], le Premier ministre britannique, Rishi Sunak, a fait savoir que des pilotes de chasse ukrainiens seraient formés au Royaume-Uni… De même que des soldats de l’infanterie de marine [ou marines, ndlr].

Ces formations s’ajouteront « au programme déjà en cours au Royaume-Uni, qui a vu 10’000 soldats ukrainiens être formés au combat au cours des six derniers mois et qui permettra d’en instruire 20’000 autres cette année », a précisé le 10 Downing Street.

S’agissant des pilotes de chasse ukrainiens, leur formation sur le sol britannique « garantira qu’ils seront, à l’avenir, capables de piloter des avions de combat sophistiqués, aux normes de l’Otan », a précisé la même source. « Dans le cadre de cet investissement capacitaire à long terme, le Royaume-Uni travaillera avec l’Ukraine et ses alliés internationaux pour coordonner un soutien collectif afin de répondre aux besoins défensifs de l’Ukraine », a-t-elle conclu sur ce sujet.

À moins qu’elle ne déstocke ses anciens chasseurs bombardiers Tornado ou qu’elle se sépare plus tôt que prévu de ses trente Eurofighter Typhoon de la tranche 1 [alors qu’il est question de les moderniser…], la Royal Air Force n’a rien à donner à l’Ukraine. En outre, se pose la question de ses capacités en matière de formation… Celles-ci étant en difficulté, en raison notamment de l’indisponibilité récurrente de ses avions d’entraînement BAe Hawk T2. Ceux-ci n’ont d’ailleurs repris les vols que très récemment après avoir été cloués au sol pour des problèmes mécaniques.

D’une manière générale, et selon des documents évoqués par SkyNews en août dernier, sur les 596 élèves pilotes [ou stagiaires] des forces aériennes britanniques [ce qui inclut la RAF, la Fleet Air Arme et l’Army Air Corps], 347 attendaient une place pour suivre leur formation ou un stage de « recyclage », faute d’avoir accéder à la phase suivante de leur entraînement dans les délais impartis.

En attendant, devant les parlementaires britanniques, M. Zelenski a de nouveau réclamé des avions de chasse modernes.

« Je vous demande, à vous et au monde, des mots simples mais pourtant très importants : des avions de combat pour l’Ukraine, des ailes pour la liberté », a-t-il en effet déclaré.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]