L’armée ukrainienne devra essentiellement se contenter de chars Leopard 1… pour le moment

L’Allemagne ayant finalement décidé de livrer des chars Leopard 2 à l’Ukraine et d’autoriser les pays qui en possèdent d’en faire autant, on s’attendait à voir les besoins exprimés par l’armée ukrainienne être enfin comblés. Sauf que, au regard des promesses faites jusqu’ici, on est encore loin du compte.

Pour le moment, Berlin a promis de céder 14 Leopard 2A6 à Kiev, soit autant que Varsovie [14 Leopard 2A5]. Le Canada a dit qu’il en donnerait 4, le premier exemplaire venant d’ailleurs d’être livré. L’Espagne et le Portugal ont respectivement annoncé l’envoi de six et de quatre chars. La Finlande et la Norvège ont aussi fait part de leur disponibilité pour en donner à l’armée ukrainienne.

Cela étant, même si, lors d’une visite surprise à Kiev, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, en a offert un modèle réduit à son homologue ukrainien, Oleksiï Reznikov, le Leopard 2 ne sera pas le char de conception occidentale le plus répandu au sein de l’armée ukrainienne. Du moins à court terme.

En effet, le gouvernement allemand a également levé les restrictions relative à l’exportation de chars… Leopard 1, dont la production remonte à la fin des années 1950. Or, le groupe Rheinmetall avait affirmé, en avril dernier, qu’il était prêt à en livrer une cinquantaine à Kiev. Même chose pour la société Flensburger Fahrzeugbau Gesellschaft, qui en compterait une centaine d’exemplaires, provenant notamment d’anciens stocks danois.

Or, le 7 février, via un communiqué commun, les ministères allemand, néerlandais et danois de la Défense ont fait part de leur intention de remettre en état 100 chars Leopard 1A5 après les avoir rachetés aux industriels d’outre-Rhin pour ensuite les livrer à l’armée ukrainienne.

La Belgique pourrait se joindre à cette initiative, la société OIP Land Systems ayant ainsi assuré qu’elle était en mesure de restaurer 20 Leopard 1A5 ayant été autrefois utilisés par l’armée belge. Cependant, elle dispose surtout d’un vaste stock de pièces détachées, susceptibles de servir pour les chars que s’apprêtent à livrer l’Allemagne, les Pays-Bas et le Danemark.

En tout cas, il n’est pas question pour Bruxelles de racheter des blindés vendus à l’époque au prix de la ferraille… pour les envoyer ensuite en Ukraine. C’est ce qu’a expliqué Ludivine Dedonder, la ministre belge de la Défense. « Quant on a revendu du matériel [comme les M109] entre 10’000 et 15’000 euros et qu’on nous fait une offre à 500’000 euros, je trouve […] que c’est une marge déraisonnable », a-t-elle dit, à l’antenne de LN24.

Au total, Kiev devrait recevoir un maximum de 178 Leopard 1A5, comme l’a indiqué le ministère allemand de l’Économie, lequel a accordé les licences d’exportation aux industriels concernés. « Le nombre de chars de combat […] qui seront effectivement livrés à l’Ukraine dépendra des travaux de réparation nécessaires », a-t-il précisé.

« La guerre en Ukraine est à un stade crucial. Je m’attends à ce que les combats s’intensifient dans les mois à venir. La Russie continue de se mobiliser et il y a des signes qu’elle prépare une nouvelle offensive. C’est pourquoi il est important de fournir des chars de combat [à Kiev]. En fin de compte, il s’agit d’assurer l’existence de l’Ukraine en tant qu’État souverain », a commenté Kajsa Ollongren, la ministre néerlandaise de la Défense.

Quoi qu’il en soit, le Leopard 1 est contemporain du char T-62 de conception soviétique que l’armée russe a déstocké en mai 2022 pour renforcer ses positions dans les régions ukrainiennes alors passées sous son contrôle. En outre, son canon L7A3 tirant des obus de 105 mm [contre 120 mm pour le Leopard 2], des difficultés au niveau de l’approvionnement en munitions ne sont pas à exclure.

En attendant, le président ukranien, Volodymyr Zelenski, a évoqué une situation en train de se « compliquer » face aux assauts russes. « Au cours des 346 jours de cette guerre, j’ai souvent dit que la situation sur le front était difficile. Et que la situation se compliquait. C’est très difficile désormais à Bakhmout, Vougledar, Lyman [Est de l’Ukraine, ndlr] et dans d’autres régions », a-t-il dit, le 4 février.

Photo : char Leopard 1 de la Bundeswehr en 1983 – CMSGT Don Sutherland, USAF

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