La Pologne autorisée à se procurer 18 systèmes M142 HIMARS supplémentaires pour 10 milliards de dollars

En novembre 2018, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exportations d’équipements militaires américains via la procédure dite FMS [Foreign Military Sales] publia un avis pour recommander au Congrès d’accepter la vente potentielle de 20 systèmes d’artillerie M142 HIMARS [High Mobility Artillery Rocket System] à la Pologne, pour un montant alors estimé à 655 millions de dollars.

Cette commande fut officialisée à l’occasion d’une visite de Mike Pence, alors vice-président des États-Unis, à la base aérienne d’Okęcie, près de Varsovie. Et selon les médias polonais, la valeur du contrat signé était de 414 millions de dollars [1,5 milliard de zlotys au taux de change de l’époque]. Probablement que les 35 véhicules de type HMMWV qui figuraient dans l’avis de la DSCA ne furent finalement pas retenus, ce qui expliquerait l’écart avec le prix proposé au départ.

Depuis, et alors que le contexte sécuritaire a été bouleversé par la guerre en Ukraine, l’armée polonaise a dit vouloir se procurer 500 M142 HIMARS supplémentaires. En tout cas, telle a été l’annonce faite en mai 2022 par Mariusz Błaszczak, leur ministre de tutelle. Finalement, la Pologne s’est tournée vers la Corée du Sud pour acquérir 288 lance-roquettes multiples K-239 « Chunmoo », produit par Hanwha.

Les performances de cette pièce d’artillerie sud-coréenne s’approchent de celles du M142 HIMARS, avec la capacité de tirer des roquettes de 131 et de 230 mm sur des cibles situés à 46 km de distance. Elle peut également utilisée des roquettes guidées par GPS de 239 et de 400 mm d’une portée comprise entre 80 et 200 km, ainsi que des missiles balistiques tactiques KTSSM-II, d’une portée de 300 km.

Visiblement, Varsovie n’a pas renoncé à se doter de M142 HIMARS supplémentaires. En effet, le 7 février, la DSCA a publié un nouvel avis l’autorisant à se procurer 18 autres systèmes auprès de Lockheed-Martin Missiles & Fire Control, à un prix estimé à 10 milliards de dollars.

La Pologne a l’intention d’utiliser ces M142 HIMARS pour « renforcer sa défense intérieure et dissuader les menaces régionales » et elle « n’aura aucune difficulté à intégrer ces équipements dans ses forces armées », a fait valoir l’agence américaine.

Au-delà, sans doute, de la hausse du coût des matières premières et des difficultés d’approvisionnement, si le devis proposé est particulièrement élevé, cela tient aux munitions. En 2018, il était question pour l’armée polonaise de se procurer « seulement » 30 missiles balistiques tactiques ATACMS de 300 km de portée et d’une trentaine de lots de roquettes GMLRS M30A1. Dans le dernier avis publié par la DSCA, elle a demandé 45 ATACMS et plusieurs centaines de modules de GMRLS [dont des M30A2, M31A2 et XM403 « Extended Range Alternative Warhead »].

Reste à voir si la Pologne signera un chèque de 10 milliards d’euros, après avoir multiplié les commandes au cours de ces derniers mois. Cependant, son Premier ministre, Mateusz Morawiecki, a récemment confirmé l’objectif de porter les dépenses militaires du pays à 4% du PIB. « La guerre en Ukraine nous oblige à nous armer encore plus vite », a-t-il fait valoir.

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