L’enquête sur le sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2 peine à avancer en Allemagne

Cela fait maintenant plus de quatre mois que les gazoducs Nord Stream 1 et Nord Stream 2 ont été sabotés en mer Baltique. Depuis, la Norvège a pris des mesures pour sécuriser ses propres installations énergétiques, d’autant plus que, le robinet russe étant désormais coupé, elle est désormais le principal fournisseur de gaz en Europe. En outre, l’Otan et l’Union européenne ont décidé de renforcer leur coopération afin d’améliorer la protecteur des infrastructures critiques.

Mais au-delà de ces décisions, les investigations sur le sabotage des conduites Nord Stream 1 et 2 peinent à avancer, alors que la « scène du crime » a été passée au crible dès que les conditions l’ont permis. Des échantillons d’eau et de roche au niveau des explosions ont été prélevès, de même que des débris.

Pour rappel, les parties endommagées des gazoducs se trouvant dans leurs zones économiques exclusives [ZEE], le Danemark et la Suède ont chacun ouvert une enquête. De même que l’Allemagne, dont l’approvionnement en gaz naturel reposait presque exclusivement sur Nord Stream 1 et Nord Stream 2.

En novembre, et après que le Service de la sûreté de l’État de la Suède [Säkerhetspolisen, ou SÄPO] avait confirmé le sabotage des deux gazoducs, le procureur chargé de l’enquêtre préliminaire, Mats Ljungqvist, fit part de la découverte de « restes d’explosifs sur plusieurs des objets étrangers » récupérés sur les lieux des explosions. Et l’on pensait alors que l’analyse de ces résidus allait faire avancer les investigations…

Seulement, il n’en a rien été… En tout cas, aucun élément ne permet, à l’heure actuelle, n’incriminer la Russie pour ces sabotages. C’est en effet ce qu’a affirmé Peter Frank, le procureur général chargé de cette affaire en Allemagne, dans les pages du journal Welt am Sonntag.

« Les enquêteurs [allemands] n’ont actuellement aucune preuve que la Russie soit derrière les explosions des gazoducs Nord Stream 1 et 2. Cela ne peut pas être prouvé pour le moment, les enquêtes continuent », a confié le magistrat. Et d’ajouter : « Nous évaluons actuellement tout cela de manière médico-légale. La Suède et le Danemark mènent leurs propres investigations, mais nous sommes en contact ».

Par ailleurs, Peter Frank a également été prudent au sujet d’une autre affaire de sabotage présumé.

Début octobre, des câbles permettant le trafic ferroviaire à Berlin et en Rhénanie du Nord-Westphalie avaient été endommagés, ce qui fit dire à la Deutsche Bahn qu’il s’agissait d’actes malveillanes. Aussi était-il tentant d’y faire un lien avec l’affaire Nord Stream. Or, pour le magistrat, le « soupçon d’un action étrangère de sabotage n’a pas encore été étayé » à ce jour.

En revanche, la responsabilité de la Russie dans de multiples crimes de guerre commis en Ukraine ne fait aucun doute.

« En ce moment, nous nous concentrons sur Boutcha [massacre perpétré en mars 2022] et les attaques sur les infrastructures civiles en Ukraine », a dit Peter Frank, précisant que des « centaines » d’éléments de preuves avaient déjà été rassemblés. L’objectif, a-t-il continué, est de « se préparer pour un éventuel procès dans l’avenir – que ce soit en Allemagne ou avec l’un de nos partenaires internationaux ou via une cour internationale ».

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