L’Estonie va donner tous ses obusiers FH-70 de 155 mm à l’Ukraine pour « créér un précédent »

Déjà qu’elles n’étaient pas très bonnes, les relations diplomatiques entre l’Estonie et la Russie sont sur le point de se rompre. En effet, le 11 janvier dernier, Tallinn avait annoncé l’expulsion de plusieurs « diplomates » russes afin d’atteindre la « parité » avec l’effectif de son personnel diplomatique en poste à Moscou… qui, en avril 2022, prit la décision de fermer les consulats estoniens de Saint-Petersbourg et de Pskov… en rétorsion, déjà, à des mesures prises par les pays baltes peu après le début de la guerre en Ukraine.

Ce 25 janvier, les autorités russes ont fini par réagir… en déclarant « persona non gratae » l’ambassadeur d’Estonie en Russie. Et celui a jusqu’à 7 février pour faire ses valises…

« Ces dernières années, les dirigeants estoniens ont délibérément détruit l’ensemble des relations avec la Russie. La russophobie totale et la culture de l’hostilité envers notre pays ont été élevées par Tallinn au rang de politique d’État », a justifié le ministère russe des Affaires étrangères. Et d’ajouter : « L’entière responsabilité du développement de cette situation dans les relations entre la Russie et l’Estonie incombe à la partie estonienne. Nous continuerons à réagir aux mesures hostiles prises par les dirigeants estoniens ».

La réponse de Tallinn n’aura pas tardé. Quelques heures à peine après cette annonce, l’ambassadeur de Russie en Estonie a également été prié de quitter le territoire estonien d’ici le 7 février.

« Nous respectons le principe de réciprocité dans les relations avec la Russie », a fait valoir la diplomatie estonienne.

Dans le même temps, l’ambassadeur d’Estonie en Ukraine, Kaimo Kuusk, a affirmé que Tallinn donnerait tous ses canons [tractés] FH-70 de 155 mm à Kiev. Cela étant, il en avait déjà été question lors de la réunion des soutiens de l’Ukraine, organisées à Ramstein [Allemagne], le 20 janvier. Mais l’ampleur de cette aide n’avait cependant pas été précisée.

« Nous voulons créer un précédent de cette manière afin que les autres pays n’aient aucune excuse pour ne pas fournir à l’Ukraine les armes nécessaires pour gagner la guerre », a justifé M. Kuusk, via les réseaux sociaux.

Les 24 obusiers FH-70 en dotation au sein de l’armée estonienne feront partie d’un « paquet d’assistance militaire » beaucoup plus large, comprenant des canons D-30 de 122 mm [que Tallinn voulait donner à Kiev avant le début de la guerre… malgré l’opposition de l’Allemagne, ces pièces provenant des stocks de l’ex-République démocratique allemande, ndlr], des milliers d’obus de 155 mm, des centains de lance-grenades anti-char Karl-Gustaf avec leur munitions et des « moyens de soutien aux unités d’artillerie ». Ce qui représentera une aide d’une valeur de 113 millions d’euros.

« Cela fait monter notre aide à l’Ukraine à 400 millions d’euros, soit 1,1 % de notre PIB », a fait valoir Hanno Pevkur, le ministre estonien de la Défense. « Si tous les pays de l’Union européenne faisaient pareil, l’aide apportée à l’armée ukrainienne atteindrait environ 150 milliards d’euros », a-t-il fait remarquer.

À noter que le Danemark n’a pas lésiné non plus sur son aide militaire étant donné qu’il livrera à Kiev les 19 CAESAr [Camions équipés d’un système d’artillerie] commandés auprès de la France.

Au passage, le don des obusiers FH-70 pourrait être soumis à une autorisation de Berlin, ces pièces d’artilleries ayant été produites par l’allemand Rheinmetall et le britannique Vickers. Cela étant, l’Italie en a déjà livré plusieurs exemplaires à l’armée ukrainienne.

Par ailleurs, l’annonce de cette nouvelle aide militaire estonienne survient alors que l’Allemagne est mise sous pression pour autoriser le transfert de chars Leopard 2 à l’Ukraine…

« Nous en avons besoin. Pas de dix ou vingt, mais de plusieurs centaines. Aujourd’hui, chaque char en état de combattre doit se retrouver sur notre front. Car ceci n’est pas seulement le front ukrainien. Ceci est le champ de bataille où la civilisation affronte les marais de l’arriération et de la barbarie », a fait valoir Andrïi Iermak, le chef de cabinet de la présidence ukrainienne. Seulement, même avec la meilleure volonté du monde, trouver autant de chars disponibles à très court terme sera très compliqué… voire impossible.

Photo : Ministère estonien de la Défense

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