Les Pays-Bas vont se joindre aux États-Unis et à l’Allemagne pour livrer des systèmes Patriot à l’Ukraine

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D’après une évaluation du renseignement britannique, le missile qui a détruit un immeuble et fait plus de tués 40 à Dnipro [est de l’Ukraine], le 14 janvier, serait un Kh-22 « Bouria » [code Otan : AS-4 Kitchen], tiré par un bombardier russe Tu-22M3 « Backfire »… et non un missile de défense aérienne ukrainienne, comme l’a laissé entendre Moscou.

Le Kh-22 est un missile anti-navire.. qui manque de précision quand il est utilisé contre des objectifs terrestres, son système de guidage radar n’étant pas en mesure de différencier les cibles situées dans les zones urbaines. D’ailleurs, en juin 2022, un engin de ce type s’était abattu sur le centre commercial de Krementchouk [au moins 18 tués, ndlr.

Cela étant, les forces ukrainiennes n’ont pas les capacités pour intercepter de tels missiles, conçu à l’époque de l’Union soviétique pour viser les porte-avions américains. Pour rappel, d’une masse approchant les six tonnes, le Kh-22 emporte une charge conventionnelle de 1000 kg et atteint une vitesse supérieure à Mach 4 au moment de toucher sa cible.

« Il est impossible d’abattre des missiles Kh-22 avec les moyens dont nous disposons dans notre arsenal », a ainsi déploré le colonel Yuri Ignat, le porte-parole de la force aérienne ukrainienne, le 16 janvier. « Même les systèmes de défense aérienne les plus modernes dont nous disposons – par exemple le S-300 qui fonctionne dans cette région – ne peuvent pas abattre le missile Kh-22 », a-t-il insisté. Et de préciser que sur les « 210 » engins de ce type tirés par les forces russes depuis le 24 février, aucun n’a pu être intercepté par la défense aérienne ukrainienne.

Aussi, pour le colonel Ignat, l’Ukraine a besoin de batteries de défense aérienne plus avancées, comme le Patriot américain et le SAMP/T [Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre] franco-italien… Même si l’Ukraine a déjà reçu des systèmes NASAMS et IRIS-T SLM… pas en nombre insuffisant pour assurer la protection de villes comme celle de Dnipro.

Cela étant, la France et l’Italie Rome discutent acutellement de la possibilité de livrer une batterie SAMP/T [encore appelé Mamba] à Kiev… A priori, chacun des deux pays fournira différents composants afin de former un système complet. Quand pourra-t-il être opérationnel, sachant que la formation de leurs opérateurs est longue?

La question se pose évidemment aussi pour les deux batteries Patriot promises par les États-Unis et l’Allemagne. À ce sujet, les Pays-Bas ont fait part de leur intention de se joindre aux efforts américains et allemands.

« Nous avons l’intention de nous associer à ce que vous faites avec l’Allemagne sur le projet Patriot », a en effet déclaré Mark Rutte, le Premier ministre néerlandais, lors d’un entretien avec le président américain, Joe Biden, à la Maison Blanche, le 17 janvier.

L’armée royale néerlandaise possède quatre systèmes Patriot, acquis en 1987 et récemment modernisés afin de prolonger leur durée de vie jusqu’en 2040. Un a été mis en réserve et un moins un autre a été déployée en Slovaquie, auprès d’une unité allemande, dans le cadre de l’Otan. En outre, en juillet dernier, les Pays-Bas ont été autorisés à acquérir 96 missiles Patriot MIM-104E GMT pour un montant alors estimé à 1,19 milliard de dollars.

A priori, il ne serait pas question pour M. Rutte de livrer une batterie à l’Ukraine. « Il ne s’agit pas forcément d’un système entier », a-t-il précisé par la suite. « Il pourrait également s’agir d’un équipement faisant partie du système », a-t-il ajouté, évoquant une aide pour « l’interopérabilité et la formation ».

Un système Patriot se compose de huit tracteurs-érecteurs-lanceurs [TEL] équipés de missiles intercepteurs, d’une station de commande de tir, d’un radar AN/MPQ-53, d’antennes pour les transmissions et le brouillage anti-radar et d’un groupe électrogène mobile pour faire fonctionner le tout.

Si le chef du gouvernement néerlandais n’a pas parlé de livrer un « système entier » et que sa ministre de la Défense, Kajsa Ollongren, a indiqué que les détails de cette contribution restaient encore à être précisés, le président ukrainien, Volodymyr Zelenski, ne l’a pas compris ainsi. « Une autre batterie Patriot sera fournie à l’Ukraine. Merci Mark! », a-t-il lancé lors de son allocution quotidienne. Et d’ajouter que Kiev disposerait de « trois batteries Patriot garanties ».

Photo : Ministère néerlandais de la Défense

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