Les forces spéciales « Terre » ont pu s’entraîner pour la première fois à bord d’un A400M « Atlas »

En 2014, un rapport parlementaire s’interrogeait sur la capacité de l’avion de transport A400M à répondre aux besoins des opérations spéciales. Et il s’était fait l’écho des préoccupations des aviateurs de l’escadron de transport 3/61 Poitou, mis à la disposition du Commandement des opérations spéciales [COS] par l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE].

« Certains ont émis des doutes sur ses capacités actuelles de largage [turbulences aérodynamiques et obligation de sortir le train d’atterrissage] et ont souligné que ses hélices en matière composite étaient moins robustes que celles du » Transall C-160, lisait dans ce document.

En outre, certaines capacités inscrites dans le cahier des charges de l’A400M n’étaient pas encore disponibles à l’époque, comme le ravitaillement en vol des hélicoptères, le largage simultané de parachutistes par les deux portes latérales, la protection contre les missiles ou encore le vol automatique en suivi de terrain [Terrain masking low level flight – TM-LLF, une option qui n’avait cependant pas été demandé par la France, ndlr].

Depuis, suite à la décision de l’état-major de l’AAE de retirer du service les Transall C-160 en mai 2022, l’ET 3/61 Poitou a dû rendre trois appareils dont il disposait. Appareils qui avaient été pourtant modernisés en 2019, avec l’intégration d’une capacité C3ISTAR [Command, Control, Communication Intelligence, Surveillance, Target Acquisition and Reconnaissance] et de la Laison 16, un standard de l’Otan permettant d’échanger des informations en temps réel.

Pour rappel, cette capacité C3ISTAR reposait notamment sur une boule optronique jour/nuit avec désignateur laser et console d’exploitation des images pour réaliser les missions de surveillance, renseignement, ciblage et reconnaissance.

Quoi qu’il en soit, ces trois Transall ayant été retités du service, le « Poitou » dispose désormais d’A400M, dont l’AAE a validé les capacités à se poser sur n’importe quel type de terrain en 2021. Ce qui fait que cet appareil est en mesure « d’acheminer sur des pistes en latérite de moins de 1 500 m de long, des véhicules de combat de plus de 24 tonnes, de jour comme de nuit, en utilisant des jumelles de vision nocturne si nécessaire ».

Par ailleurs, la question posée en 2014 a désormais une réponse. En effet, ce 18 janvier, l’armée de l’Air & de l’Espace s’est félicitée d’un exercice « inédit » effectué par le 3/61 Poitou depuis la base aérienne 106 « Capitaine Croci » de Bordeaux-Mérignac. Inédit parce que des unités des forces spéciales de l’armée de Terre ont pu s’entraîner à bord d’un A400M.

« Un équipage de l’escadron de transport 3/61 ‘Poitou’ et un groupe de forces spéciales de l’armée de Terre [13e Régiment de Dragons Parachutistes et/ou 1er Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine] se sont exercés sur la base aérienne 106 de Bordeaux-Mérignac durant une semaine. Cet entraînement de haute intensité souligne la montée en puissance du ‘Poitou’ sur A400M Atlas. C’est à bord de cet avion de transport militaire dernière génération, stationné sur la base aérienne 123 d’Orléans, que les quelque 250 commandos ont, pour la première fois, enchaîné les rotations pour réaliser des sauts, de jour comme de nuit », a en ainsi expliqué l’AAE.

De son côté, le Commandement des forces aériennes [CFA] a précisé, via la réseaux sociaux, que cet entraînement avait eu lieu la « semaine dernière. Et d’ajouter, photographies à l’appui : « Largage para et matériel ont ponctué cette semaine d’exercice, de jour comme de nuit ».

Cependant, il n’est pas certain que l’A400M sollicité pour cet exercice appartienne en propre au 3/61 « Poitou » : sur l’une des photographies du CFA, on constate que l’appareil porte les marques du 4/61 « Béarn ». D’où la référence à un « équipage » et non à un avion du « Poitou ».

Pour rappel, cet escadron met aussi en oeuvre 2 DH-6 Twin Otter et 2 C-130 Hercules [qui ont dû récupérer la capacité C3ISTAR des Transall]. En 2025, il rejoindra la BA 105 d’Évreux, où il retrouvera le Groupe aérien mixte 56 « Vaucluse », qui opère pour le compte de la Direction générale de la sécurité extérieure [DGSE].

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