L’Australie confirme l’achat d’hélicoptères MH-60 Black Hawk et le retrait de ses 47 NH-90

Dans les années 2000, l’Australie fit l’acquisition de 69 hélicoptères auprès d’Airbus Helicopters, dont 22 EC-655 Tigre ARH [attaque et reconnaissance] et 47 NH-90 « Caïman » [ou MRH-90 Taipan dans la nomenclature australienne]. Seulement, peu après leur mise en service, ces appareils accumulèrent les critiques, en raison notamment de leur taux de disponibilité, jugé beaucoup trop faibles, et d’un coût de possession trop élevé.

Aussi, l’état-major australien fit campagne pour les retirer du service, afin de pouvoir ensuite se procurer des modèles américains, en l’occurrence des AH-64 Apache et des MH-60 Black Hawk. Et il arriva à ses fins, étant bien aidé par différents rapports de l’Australian National Audit Office.

« La flotte d’hélicoptères Tigre n’a pas encore atteint la capacité initiale prévue par le gouvernement australien et continue de générer des coûts de maintenance élevés pour une disponibilité inférieure à ce qui était attendu », avait déploré cet organisme de contrôle, en 2015. Ce qui motiva, en 2019, le lancement d’un appel d’offres afin de les remplacer.

Deux ans plus tard, le couperet tomba : Canberra fit part de son intention de commander 29 AH-64E Guardian auprès de l’américain Boeing, malgré un baroud d’honneur d’Airbus Helicopters, qui avait proposé de porter les Tigre australien au standard Mk3. Restait alors à régler le cas des MRH-90 Taipan.

Peu après l’annonce du pacte AUKUS [Australie – Royaume-Uni – États-Unis] et l’annulation du contrat relatifs aux 12 sous-marins Shortfin Barracuda qui avait été notifié au français Naval Group, la Royal Australian Navy [RAN] fit savoir qu’elle envisageait de remplacer ses six MRH-90 Taipan [navalisés] par des MH-60 Sea Hawk américains…

Puis, en décembre 2021, l’armée australienne annonça son intention de se séparer de ses 41 MRH-90 pour les remplacer par des UH-60 Black Hawk. Cela étant, rien n’était encore inscrit dans le marbre, d’autant plus que l’arrivée au pouvoir d’un nouveau gouvernement soucieux de rétablir de bonnes relations avec la France aurait pu mettre un terme à ce projet.

Mais il n’en sera rien. Lors d’un entretien télévisée, ce 18 janvier, le ministre australien de la Défense, Richard Marles, a confirmé la décision de son prédécesseur en affirmant que les MRH-90 Taipan seraient remplacés par des hélicoptères américains. Et, selon lui, cela n’affectera pas les relations avec Paris. « La chose la plus importante ici est de traiter les Français de manière honnête », a-t-il dit.

« Le Taipans nous posent des problèmes depuis de nombreuses années en termes de maintenance et d’approvisionnement en pièces de rechange », a encore fait valoir M. Marles.

Le coût de l’heure de vol avec un MRH-90 justifie également cette décision. En novembre, lors d’une audition parlementaire, le général Simon Stuart, le chef d’état-major de l’armée australienne, avait ainsi précisé qu’il était de 48’000 dollars [plus de 30’000 euros]. Cela rend la « flotte [de Taipan] trop coûteuse à exploiter », avait-il soutenu.

Pour Canberra, il reste maintenant à signer la commande de 40 MH-60 Black Hawk, sachant que celle-ci ayant déjà été autorisée en août dernier par l’administration américaine, et à trouver un éventuel repreneur pour les MRH-90 Taipan, qui devraient ainsi être retirés du service 16 ans avant l’échéance prévue.

En tout cas, suite au propos de M. Marles, le ministère australien de la Défense a publié un communiqué pour justifier l’achat des MH-60. Cet appareil est une « plate-forme fiable, éprouvée et mature soutenue par une chaîne d’approvisionnement mondiale robuste », a fait valoir le général Jeremy King, de l’Australian Army. Il sera « pour nous un élément crucial pour protéger la souveraineté de l’Australie et atteindre nos objectifs de politique étrangère, y compris la fourniture d’aide humanitaire et de secours en cas de catastrophe », a-t-il ajouté.

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]