Baltique : Un avion de patrouille maritime P-3C Orion allemand intercepté par un Su-27 Flanker russe

Ces dernières années, le ministère russe de la Défense a régulièrement fait état d’interceptions d’avions de renseignement de pays membres de l’Otan à proximité de son espace aérien, que ce soit dans la région de Kaliningrad [Baltique] ou en mer Noire. Et, parfois, cela a donné lieu à des interactions « musclées », avec une mise en cause du comportement des pilotes russes, jugé « dangereux et non professionnel » par le Pentagone… mais « normal » pour Moscou.

« Si cela cause une dépression ou une phobie chez les pilotes américains, nous conseillons à la partie américaine d’éviter les vols à proximité des frontières russes ou qu’elle revienne à la table des négociations pour convenir d’un ensemble de règles pour de tels vols », avait ainsi ironisé l’état-major russe, en février 2018, après plusieurs incidents.

Cela étant, depuis le début de la guerre en Ukraine, il semblerait qu’il y ait moins d’interactions de ce type… alors que l’activité aérienne aux frontières de la Russie n’a évidemment pas diminué… Cependant, l’automne dernier, l’interception d’un RC-135 « Rivet Joint » de la Royal Air Force [RAF] par deux Su-27 Flanker au-dessus de la mer Noire a failli tourner à la catastrophe, l’un des avions russes ayant tiré un missile air-air, en raison, selon Moscou, d’un « incident technique ». Ce qui a par la suite conduit les Britanniques à engager des Eurofighter Typhoon dans ce type de mission.

Quoi qu’il en soit, ces vols de renseignement près du territoire russe ont surtout été effectués par les forces américaines, britanniques et françaises [avec, pour ces dernieres, des Mirage 2000D équipés d’une nacelle ASTAC et des avions de patrouille maritime Atlantique 2, ndlr]. Et, sauf erreur, aucune interception d’un appareil allemand n’avait été jusqu’ici signalée par Moscou. C’est désormais chose faite.

En effet, alors que la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, venait de remettre sa démission après avoir accumulé les maladresses, le ministère russe de la Défense a indiqué qu’un avion de patrouille maritime P-3C Orion de la Deutsche Marine avait été intercepté par un Su-27 Flanker, à proximité de l’enclave de Kaliningrad.

Selon cette source, le Su-27 a escorté le P-3C Orion allemand « au-dessus de la mer Baltique », jusqu’à ce qu’il change de cap. « Le vol du chasseur russe s’est déroulé dans le strict respect des règles internationales d’utilisation de l’espace aérien au-dessus des eaux neutres, […], sans approche dangereuse d’un avion appartenant à un État étranger », a fait valoir le ministère russe de la Défense.

L’interception du P-3C Orion a ensuite été confirmée par un porte-parole de la marine allemande, celui ayant précisé qu’elle a eu lieu lors d’un « vol de reconnaissance de routine dans l’espace aérien international au large de Kaliningrad ».

L’aviation navale allemande [Marineflieger] dispose de huit P-3C Orion, acquis auprès des Pays-Bas dans les années 2000 afin de remplacer les Bréguet Atlantique de l’escadrille « 3 Graf Zeppelin ». Ces appareils, dédiés à la lutte anti-sous-marine, sont équipés d’un radar, d’un télémètre laser et de caméras infrarouge MX-20HD. Ils seront bientôt retirés du service, Berlin ayant commandé cinq P-8A Poseidon pour leur succéder.

À noter par ailleurs que l’Allemagne assure, depuis le 1er juillet 2022, la présidence du Conseil des États de la mer Baltique. « La guerre d’agression russe contre l’Ukraine a encore une fois renforcé le caractère essentiel en matière de politique de sécurité du renforcement de l’interconnectivité et du développement des énergies renouvelables dans la région de la mer Baltique. Il est en effet question de développer les énergies renouvelables et les infrastructures énergétiques dans la région, non seulement afin de jouer un rôle essentiel dans la lutte contre le dérèglement climatique mais également pour que l’Europe gagne en indépendance vis-à-vis des livraisons russes de pétrole et de gaz », avait d’ailleurs expliqué la diplomatie allemande, à cette occasion.

© Koninklijke Luchtmacht/Japser Verolme

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]