Le successeur de l’avion de patrouille maritime Atlantique 2 sera le Falcon 10X ou l’Airbus A320neo

Lancé en 2017, le programme MAWS [Maritime Airborne Warfare System] devait permettre de remplacer les avions de patrouille maritime Atlantique 2 de la Marine nationale et P-3C Orion de la Deutsche Marine à l’horizon 2030/35 dans le cadre d’un « système de systèmes » reposant sur un réseau de capteurs [satellites, radars, drones, sémaphores, etc] et de nouvelles capacités dans les domaines de la guerre électronique et de la lutte anti-navire.

Seulement, la décision de Berlin d’acquérir au moins cinq P-8A Poseidon auprès de l’américain Boeing afin d’accélérer le remplacement de ses P-3C Orion a compromis l’avenir de ce programme franco-allemand, que Paris a tenté de sauver en proposant vainement quatre Atlantique 2 au standard 6.

Cela étant, et comme l’a rapporté Defense News, le ministère allemand de la Défense a dit attendre les résultats d’une étude préliminaire française sur le MAWS avant de se prononcer sur la suite à donner à se programme…

Quoi qu’il en soit, lors d’une audition au Sénat durant les discussions budgétaires pour l’année 2023, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Pierre Vandier, avait d’abord admis que la coopération franco-allemande battait de l’aile… avant d’indiquer que, pour « assurer le remplacement » des Atlantique 2, des offres avaient été remises par des industriels dans le cadre d’études demandées par la Direction générale de l’armement [DGA]. Mais il ne souhaita pas en dire davantage.

Étant donné qu’il peut se prévaloir d’un longue expérience en matière d’avions de patrouille maritime [notamment après avoir repris Bréguet, en 1971], Dassault Aviation n’a pas caché son intention de faire une offre au ministère des Armées en vue du remplacement des Atlantique 2. Et de préciser que celle-ci reposerait sur son Falcon 10X.

Cependant, l’ex-Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, avait dit « ne pas se focaliser d’emblée » sur une solution développée par Dassault Aviation quand il évoqua les difficultés du MAWS devant les députés, en octobre 2021. « On peut aussi envisager des plateformes d’Airbus et même, peut-être, de plus bas niveau en matière de performances, du côté d’ATR, voire de CASA, même si cela ne reviendrait pas du tout à jouer dans la même cour », avait-il dit. « Il n’y a pas que Dassault en Europe », avait-il insisté.

En tout cas, la succession de l’Atlantique 2 se jouera entre deux industriels : Dassault Aviation et Airbus. C’est en effet ce qu’a annoncé la DGA, ce 12 janvier, après avoir notifié à chacun d’entre-eux une étude d’architecture de système de patrouille maritime du futur d’un montant de 10,9 millions d’euros, sur la base du Falcon 10X pour l’un et sur celle de l’A320neo pour l’autre.

Pour rappel, Airbus avait dit envisager mettre sur le marché une version militarisée de son A320neo en 2018. « Nous avons l’expérience de la conversion de l’A330 en A330 MRTT et nous avons un processus plus efficace » et le rendement des moteurs de nouvelle génération [Geared Turbofan de Pratt & Whitney ou LEAP de General Electric/Safran] permettra une version militaire performante », fit valoir Fernando Alonso, directeur de la division « Avions militaires » d’Airbus Defence & Space à l’époque.

Les deux constructeurs retenus auront chacun à proposer une « solution économiquement intéressante répondant au au besoin opérationnel de la Marine nationale à l’horizon post-2030 », explique la DGA. En outre, leurs propositions devront « rester ouvertes à la coopération avec d’autres partenaires européens potentiellement intéressés ».

« Les innovations étudiées pendant ces études pourront porter sur l’amélioration des capteurs, des moyens de communication, sur l’introduction de logiques basées sur de l’intelligence artificielle ou sur l’intégration de l’armement, notamment le futur missile anti navire », a encore précisé la DGA. La durée de ces études sera de 18 mois et « contribueront aux réflexions sur l’avion de patrouille maritime futur, dont le lancement est envisagé en 2026 dans la perspective d’une nouvelle capacité dans la décennie 2030-2040 », a-t-elle conclu.

À noter que le soutien des moteurs Rolls Royce Tyne dont sont dotés les Atlantique 2 a été confié pour une durée de dix-huit ans à Safran Aircraft Engines, en décembre dernier, dans le cadre du marché « Iroise ».

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