Le ministère des Armées va évaluer un capteur optronique « innovant » pour la lutte anti-drones

La lutte anti-drones est l’une des priorités du ministère des Armées. Et le nombre de projets capacitaires lancés lors de ces dernières années en témoigne. L’un des premiers à l’avoir été, appelé MILAD [Moyens mobiles de Lutte Anti-Drones], s’est déjà concrétisé par la livraison de systèmes de détection et de neutralisation, associés à des fusils « brouilleurs » Nerod. L’an passé, le marché du programme PARADE [Protection déployable modulaire anti-drones] a été confié par la Direction générale de l’armement [DGA] au tandem formé par Thales et CS Group, pour un montant de 350 millions d’euros.

Dans le même temps, l’armée de Terre a poursuivi le développement du dispositif ARLAD [Adaptation réactive de lutte anti-drone], destiné à protéger ses convois. Quant à l’armée de l’Air & de l’Espace [AAE], elle mise sur le système BASSALT pour préserver ses sites sensibles. Enfin, le marché L2AD, attribué à CILAS, repose sur le système laser HELMA-P, capable d’identifier, poursuivre et neutraliser des mini et micro drones.

De son côté, l’Agence de l’innovation de Défense [AID] finance plusieurs projets. Comme celui visant à développer un « drone intercepteur de drones » ou encore comme celui appelé « Deeplomatics », qui vise à déployer un réseau de surveillance fonctionnant avec des algorithmes d’intelligence artificielle.

Justement, en la matière, l’AID soutient le projet HEMISPACE, porté par la PME française Lerity, spécialiste de l’optronique, en coopération avec Inpixal, pour le traitement des images.

« L’objectif principal est de disposer d’un démonstrateur destiné à valider les performances du concept optronique innovant HEMISPACE et ce d’ici 2024 », avance l’AID. Soit avant les Jeux Olympiques de Paris…

L’enjeu de ce projet est d’améliorer la détection des drones dans un « environnement complexe » comme peut l’être le milieu urbain, sachant que les systèmes actuels utilisent des dispositifs électromagnétiques susceptibles d’être perturbés.

« Les aspects innovants portent d’une part sur la définition et la répartition des voies de détection et d’autre part sur l’architecture à deux niveaux des traitements temps réel de détection et de filtrage », explique l’AID.

Concrètement, il s’agira donc d’évaluer le démontrateur d’un système de détection optronique hémisphérique de mini/micro drones, qu’ils évoluent seuls ou en essaim, en milieu urbain et à des distances supérieures à 1 km, c’est à dire « là où les moyens électromagnétiques sont parfois moins aisés à mettre en œuvre ».

Ce démonstrateur sera constitué de deux systèmes HEMISPACE. Le premier, équipé de « six voies », sera d’abord utilisé pour valider les performances des algorithmes de détection optique, de suivi et de filtrage en 2 dimensions. Puis il sera associé à un second, doté de trois voies couleurs afin d’en « évaluer l’intérêt pour la fonction des menaces ». Cela permettra également de « valider, par la fourniture de l’information de distance, les performances du filtrage en 3 dimensions destiné à […] la réduction du taux de fausses alarmes », détaille l’AID.

En fonction des résultats, ce système pourrait être déployé « dans toutes les situations nécessitant le déploiement rapide d’une bulle de protection, mais aussi pour la protection d’infrastructures critiques : aéroports, institutions, installations industrielles et sportives ». À noter que Lerity estime qu’il serait aussi susceptible de participer à la « protection périmétrique des navires de surface ».

Mais d’après l’AID, il serait possible d’étendre la surface d’une zone à surveiller par la mise en réseau de plusieurs modules HEMISPACE. « En effet, chaque module, sur la base d’un protocole propriétaire sécurisé, doit permettre de compiler et de corréler les données de sortie de d’un autre module pour élargir la bulle de protection », soutient-elle.

Photo : HEMISPACE © Lerity

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