La Pologne et la Finlande s’interrogent sur la possibilité de donner des chars Leopard 2 à l’Ukraine

Depuis le temps qu’elle en réclame, l’Ukraine va-t-elle finir par obtenir des chars de combat de conception occidentale, comme les Leopard 2? En tout cas, elle a failli arriver à ses fins quand, en juin 2022, l’Espagne fit part de son intention de lui en céder une quarantaine d’exemplaires [des Leopard 2A4, ndlr], prélevés parmi ceux mis sous cocon par l’Ejército de Tierra dix ans plus tôt. Seulement, les choses ne purent aller plus loin, Madrid ayant expliqué que les chars en question étaient en trop mauvais état pour être de nouveau opérationnels.

Sans doute qu’il y avait d’autres raisons à cette reculade du gouvernement espagnol. Comme les réticences de l’Allemagne, dont l’autorisation était nécessaire pour livrer les Leopard 2 en question à l’armée ukrainienne… Réticences qui n’ont pas encore été levées… malgré la pression mise par les partenaires politiques d’Olaf Scholz, le chancelier [social-démocrate] allemand.

En effet, il n’est pas question pour celui-ci que l’Allemagne fasse « cavalier seul sur les livraisons d’armes sans coordination avec les alliés ». C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a accepté de livrer quarante véhicules de combat d’infanterie [VCI] Marder à l’armée ukrainienne, les États-Unis ayant promis d’en faire autant, avec cinquante M2 Bradley. Auparavant, la France avait annoncé l’envoi en Ukraine de chars légers AMX-10RC.

Mais pour le moment, et alors que la pression s’est accentuée après la décision relative aux Marder, M. Scholz n’a toujours pas l’intention de livrer des chars de combat à Kiev. « L’Allemagne n’envisage pas actuellement d’envoyer des chars Leopard 2 en Ukraine », a encore répété un porte-parole du gouvernement allemand, ce 9 janvier, selon l’agence Reuters.

Quoi qu’il en soit, au moins deux pays européens s’interrogent sur la possibilité de satisfaire la demande ukrainienne. Le 6 janvier, citant un diplomate polonais, le Wall Street Journal a rapporté que la Pologne était en train de réfléchir à un don d’une partie de ses 240 Leopard 2 à l’Ukraine. Mais comme il n’est pas question d’affaiblir ses propres forces armées, un tel transfert dependrait du rythme des livraisons des chars M1 Abrams [366 commandés] et K2 Black Panther [1000 en attente, dont 180 K2 et 820 K2PL]. C’est en effet ce qu’a expliqué Slawomir Debski, le directeur de l’Institut polonais des affaires internationales.

Cela étant, le 7 janvier, le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki, a indiqué que la Pologne ne se séparerait pas de ses chars pour le moment… Du moins, tant qu’une « coalition plus large de pays » susceptibles de transférer leurs Leopard 2 ne sera pas réunie. « Avec le président [Duda], nous menons des pourparlers » à cette fin, a-t-il dit.

La Finlande pourrait faire partie de cette « coalition »… En attendant, la question d’un éventuel don de Leopard 2A4 de l’armée finlandaise à l’Ukraine est désormais posée.

Deux députés membres de la majorité gouvernementale, Atte Harjanne [écologiste] et Anders Adlercreutz [Parti populaire suédois] ont ainsi lancé un appel en faveur d’une initiative européenne pour l’envoi de chars à Kiev. Et le président de la commission de la défense du Parlement finlandais, Antti Häkkänen, a expliqué que, « s’il existe un consensus large en Europe sur la livraison de chars à l’Ukraine, la Finlande devrait aussi en faire de même ».

Reste à voir si l’état-major finlandais sera d’accord… sachant qu’il ne dispose que de 200 chars Leopard 2 [dont 100 Leopard 2A4 et 100 Leopard 2A6] et que le pays partage une frontière de 1340 km avec la Russie.

Quoi qu’il en soit, le dernier mot reviendra à l’Allemagne… et à Olaf Scholz en particulier. Mais toutes ces déclarations ne font que mettre un peu plus de pression sur ses épaules. Et l’argument d’un défaut de « coordination » avec les alliés sera de plus en plus difficile à maintenir.

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