Les blindés Marder promis à Kiev devraient être prélevés sur la dotation de l’armée allemande

Le 5 janvier, à l’issue d’un entretien téléphonique avec le président des États-Unis, Joe Biden, le chancelier allemand, Olaf Scholz, a annoncé que Berlin enverrait en Ukraine une batterie de défense aérienne Patriot ainsi que des véhicules de combat d’infanterie Marder, utilisés depuis une quarantaine d’années par la Bundeswehr [forces fédérales allemandes].

L’idée de livrer des Marder à l’armée ukrainienne avait été avancée dès avril 2022, d’autant plus que ces blindés doivent être progressivement remplacés par des Puma, lesquels connaissent cependant quelques problèmes techniques. Mais la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, l’avait écartée. « Nous ne pouvons pas livrer les armes nous-mêmes, la Bundeswehr n’en a pas les moyens. […] Mais là où nous pouvons aider, ou former, nous le ferons », avait-elle dit.

Cela étant, le groupe Rheinmetall, qui en disposait alors d’une centaine en stock, insista pour obtenir l’autorisation de les livrer à l’Ukraine, après une remise en état. Finalement, quarante d’entre eux furent promis à la Grèce qui, dans le cadre de l’initiative « Ringtausch » [échange d’anneaux], accepta de donner ses blindés BMP-1 de conception soviétique à l’armée ukranienne. Les premiers exemplaires ont depuis été livrés à Athènes.

Seulement, quid des soixante restants? Le 6 janvier, le porte-parole du gouvernement allemand, Steffen Hebestreit, a précisé que quarante Marder – soit de quoi équiper un bataillon – seraient envoyés en Ukraine… d’ici la fin du premier trimestre 2023. Et la formation des équipages ukrainiens, qui aura lieu en Allemagne, doit durer « environ huit semaines ». Ce qui fait des délais trop courts pour retaper ceux dont dispose Rheinmetall.

« La pression à agir après l’annonce du président Macron » sur le don de chars légers AMX-10RC à Kiev a été « si forte que le chancelier [Scholz] a promis de livrer des Marder avant que les questions pratiques n’aient été clarifiées », a souligné Tagesschau, le journal télévisé de la première chaîne allemande. Et d’indiquer avoir appris « par des milieux informés » à Berlin qu’il « serait plus rapide » que la Bundeswehr les fournissent.

Pour le moment, celle-ci peut difficilement se passer de ses Marder : ils sont utilisés par ses unités déployées en Lituanie et ont remplacé au pied levé les Puma qui devaient être engagés dans la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation [Very High Readiness Joint Task Force] de l’Otan.

Quoi qu’il en soit, ce revirement au sujet des Marder va mettre davantage de pression sur le chancelier Scholz pour livrer des chars Leopard 2 à l’Ukraine, comme le lui demandent ses partenaires au sein de la coalition qu’il dirige [les Verts et les Libéraux] et l’opposition chrétienne-démocrate, en soutenant que le président russe, Vladimir Poutine, ne sera disposé à négocier que s’il constate qu’il ne peut plus avancer sur le plan militaire. Un autre argument est que la menace russe ne pourra qu’être encore plus grande si jamais l’armée ukrainienne finit par être défaite.

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