LPM : M. Lecornu annonce des « choix difficiles » et de « grandes transformations » pour les forces françaises

Alors que l’on connaîtra bientôt le contenu de la Loi de programmation militaire [LPM], le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, donne le sentiment de préparer les esprits à une nouvelle transformation majeure des forces françaises.

En tout cas, lors de son ordre du jour du 4 janvier, publié à l’occasion de la nouvelle année, M. Lecornu s’y est attaché en convoquant les mânes du général de Gaulle qui, une fois revenu au pouvoir, a « su regarder les armées telles qu’elles étaient, pour changer le cours des choses et leur donner un nouveau souffle, en les transformant en profondeur ». Et de souligner le courage, la persévérance, la vision et l’ambition qu’il aura fallu pour mener cette tâche à bien… et notamment pour engager la France dans la voie de la dissuasion nucléaire.

« Dès 1960, plus de la moitié des crédits étaient dédiés aux trois composantes d’alors de la dissuasion, plaçant la France dans le cercle des Nations dotées », a dit le ministre, en associant au général de Gaulle le président Pompidou et ses successeurs. « Grâce à eux, la voute de la dissuasion nous protège et défend nos intérêts vitaux par les dommages inacceptables qu’elle peut infliger », a-t-il ajouté.

Sur ce point, a-t-il continué, « certains commentateurs semblent perdre de vue » que « la protection de nos intérêts vitaux se joue aujourd’hui bien plus par la crédibilité de notre dissuasion que sur une ligne de front imaginaire ». Aussi, on comprend sans peine que la LPM ne remettra pas en cause cet « héritage » et que les crédits visant à moderniser la force de frappe française [sous-marin nucléaire lanceurs d’engins de 3e génération, missiles ASN4G, moyens de transmission, etc] seront préservés, si n’est renforcés.

Pour autant, selon M. Lecornu, les forces françaises ne feront pas l’économie d’une nouvelle transformation. « Les nouveaux dangers nous obligent aussi à engager de nécessaires transitions », a-t-il en effet affirmé. Et de citer les « menaces hybrides », qui « mettent simultanément à l’épreuve nos intérêts politiques, sociaux, économiques, technologiques et énergétiques » tout en créant « un terrain favorable pour ceux qui tentent de diviser la Nation ».

La prise en compte de ces menaces « hybrides » sera la source des tranformations annoncées dans la mesure ou elle se traduira par des « lignes d’efforts dans les champs du cyber, du spatial, des fonds marins, du renseignement, des drones ou de la guerre informationnelle ». Si ceux-ci font déjà l’objet d’une attention particulière, il faudra aller encore plus loin. « De la maîtrise de ces domaines dépendent désormais notre souveraineté et notre indépendance », a fait valoir le ministre. Et cela, en continuant de faire face à des « menaces anciennes », comme la prolifération d’armes de destruction massive [il a cité la Corée du Nord et l’Iran] ou encore le terrorisme.

Comme annoncé par le président Macron, la stratégie française en Afrique va évoluer, l’accent devant être mis sur la coopération avec les pays partenaires.

En outre, s’agissant des alliances, a précisé M. Lecornu, la France sera un « partenaire exemplaire, fiable et capable de mener des opérations de protection des frontières », comme elle le fait « au sein de l’Alliance atlantique ». Et d’insister sur la poursuite de l’effort à « agir en Européens » ainsi que sur la préparation des « grands enjeux de défense de demain, en pleine coopération avec nos partenaires et voisins ».

Quant à la région Indo-Pacifique, où la France est présente de par ses territoires d’outre-Mer, le ministre a parlé de la nécessité d’y « adapter les moyens ». Ce qui suggère un renforcement des forces de souveraineté qui y sont stationnées.

Quoi qu’il en soit, a prévenu M. Lecornu, les « lignes de continuité et les transitions » que contiendra la future LPM « influeront sur l’organisation de nos armées, sur les missions confiées à nos unités, à notre flotte aérienne et à nos forces navales ». Ce qui supposera des « choix difficiles » même s’ils « s’inscrivent dans un cadre budgétaire bien plus confortable que jadis ».

A priori, l’ampleur des changements qui sont en train d’être élaborés promet d’être importante. Sans doute autant que la mise sur pied de la dissuasion nucléaire dans les années 1960, comme l’a laissé entendre le ministre.

« Plus de soixante années après les grandes transformations décidées par le général de Gaulle, les choix que nous nous apprêtons à faire seront lourds de conséquences. Ils engageront la Nation pour des décennies et devront résister sans aucun doute aux épreuves de ce monde instable », a en effet insisté M. Lecornu, qui s’attend à quelques « résistances » et à des « conservatismes ».

Aussi, a-t-il dit aux militaires, « chacun de vous, quel que soit le grade ou l’unité, devra participer à l’exécution et à la réussite de ces choix. C’est ce que j’attends de vous comme ministre des Armées ».

Photo : Ministère des Armées

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]