Un chasseur chinois J-11 se serait approché à moins de 6 mètres d’un avion de renseignement américain RC-135

En avril 2001, un avion de reconnaissance EP-3 de l’US Navy, qui volait en direction d’Okinawa, à environ 70 km de l’île d’Hainan, fut intercepté par deux chasseurs J-8 chinois. Mais l’un d’eux s’abîma en mer, avec son pilote, après être entré en collision avec l’appareil américain, qui fut par la suite contraint de se poser sur la base aérienne de Lingshui [Chine]. Ce qui donna lieu à un incident diplomatique entre Pékin et Washington qui prit fin dix jours plus tard, les États-Unis ayant dit déplorer cet incident sans pour autant en reconnaître la responsabilité.

Depuis, la Chine s’est affirmée sur le plan militaire… Et revendique la quasi-totalité de la mer de Chine méridionale, même si la Cour permanente d’arbitrage de La Haye a estimé que ses prétentions sur cette partie du monde, stratégique, ne reposent sur « aucun fondement juridique ». Et, ces dernières années, plusieurs incidents entre des aéronefs chinois et américains ont eu lieu, comme en 2014, quand un Shenyang J-11B s’approcha à dix mètres d’un avion de patrouille maritime P-8A Poseidon de l’US Navy, à environ 220 km à l’est de l’île de Hainan.

Cela étant, si de tels incidents étaient rares il y a encore peu, ils tendent à devenir de plus en plus nombreux depuis quelques temps. C’est en tout cas le constat fait par la Marine nationale, selon qui les forces chinoises font preuve d’une « agressivité de plus en plus en plus importante », notamment dans les régions sur lesquelles Pékin revendique sa souveraineté.

Un constat également partagé par le Pentagone. Nous voyons une « forte augmentation des comportements dangereux et non professionnels de la part des navires et des avions [chinois], à l’égard non seulement des forces américaines mais aussi les forces alliées opérant dans la région. […] Pékin combine sa puissance militaire croissante avec une plus grande volonté de prendre des risques », a ainsi expliqué Ely Ratner, le secrétaire américain adjoint à la Défense pour les affaires de sécurité dans l’Indo-pacifique, en juillet dernier.

Précédemment, l’Australie avait accusé un chasseur chinois J-16 d’avoir mis en danger l’un de ses P-8A Poseidon « dans l’espace aérien international de la région de la mer de Chine méridionale » en lui coupant la route tout en larguant des paillettes [chaff]. Plus tôt, un avion de patrouille maritime canadien CP-140 Aurora avait été harcelé par un Shenyang J-11B alors qu’il menait une mission au profit de l’UNSC ECC [United Nations Security Council Enforcement Coordination Cell], la cellule des Nations unies chargée de documenter les violations des sanctions internationales visant la Corée du Nord.

Quoi qu’il en soit, le 29 décembre, le commandement américain pour l’Indo-Pacifique [US INDOPACOM] a dénoncé le comportement « dangereux » d’un J-11B de la marine chinoise lors de l’intercetion d’un avion de renseigement RC-135 de l’US Air Force qui « effectuait légalement un mission de routine dans l’espace aérien international de mer de Chine méridionale ».

Selon le communiqué, le pilote du J-11 s’est approché à « moins de 20 pieds » [soit 6 mètres] du cockpit du RC-135, forçant celui-ci « à effectuer des manoeuvres d’évitement » pour prévenir une collision.

Une vidéo de la rencontre entre les deux avions, qui a eu lieu le 21 décembre, a été publiée par l’INDOPACOM… mais elle ne montre pas de « manoeuvre dangereuse ». En effet, sur ces images, on voit le J-11 s’approcher assez près du RC-135… mais celui-ci ne dévie pas de sa ligne.

Un porte-parole des forces américaines a confié à l’agence Reuters que le J-11 s’était approché à moins de 10 pieds [environ 3 mètres] d’une aile du RC-135… puis à 20 pieds de son nez. « Nous attendons de tous les pays de la région indo-pacifique qu’ils utilisent l’espace aérien international en toute sécurité et conformément au droit international », a-t-il dit.

À noter qu’il existe plusieurs versions du RC-135 en service au sein de l’US Air Force. Ainsi, le RC-135U Combat Sent collecte les données sur les systèmes radar adverses, afin d’établir un ordre de bataille « électronique », tandis que le RC-135V/W Rivet Joint surveille et intercepte les communications radio et les signaux électroniques. Enfin, le RC-135S Cobra Ball est doté de capteurs pour suivire les vols de missiles balistiques.

L’incident du 21 décembre s’est produit alors que la Chine est en train d’étendre sa présence militaire dans l’archipel Spratleys, en y construisant quatre îlots artificiels supplémentaires, probablement pour y déployer des capacités d’interdiction et de déni d’accès. En outre, au même moment, les forces navales chinoises et russes venaient de lancer un nouvel exercice conjoint en mer de Chine orientale.

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