La livraison de radars GM-200 et le soutien des CAESAr ont été au menu de la visite de M. Lecornu à Kiev
Le 28 décembre, lors de sa première visite à Kiev en tant que ministre des Armées, Sébastien Lecornu n’a pas annoncé de nouvelles livraisons d’équipements militaires pour soutenir l’Ukraine face à la Russie.
En revanche, ce déplacement a été l’occasion pour M. Lecornu d’évoquer avec Oleksii Reznikov, son homologue ukrainien, ainsi qu’avec le président Volodymyr Zelenski, les capacités qui font actuellement défaut aux forces ukrainiennes.
Il s’est agi de « bâtir un agenda de soutien militaire de la France à l’Ukraine pour les prochaines semaines et les prochains mois. J’ai des propositions à faire au président de la République, d’une part, et d’autre part, […] on a créé un fonds de soutien, assez inédit d’ailleurs [car] on est le seul pays à l’avoir mis en place, de 200 millions d’euros […] qui permettra à l’Ukraine de directement s’approvisionner auprès des industries de défense françaises. C’était l’occasion de faire un point d’étape important sur ce sujet », a en effet expliqué M. Lecornu, sur les ondes de RTL, ce 29 décembre.
Mais au-delà d’éventuelles livraisons d’équipements militaires, l’un des enjeux majeurs est d’assurer le maintien en condition opérationnelle [MCO] de ceux qui ont déjà été envoyés aux forces ukrainiennes. À commencer par les 18 Camions équipés d’un système d’artillerie [CAESAr], prélevés sur la dotation de l’armée de Terre française. Or, ces pièces d’artillerie ont été intensivement utilisées.
« Certains dégâts deviennent sérieux sur les CAESAr », a admis M. Lecornu, d’après Le Figaro. Et leur taux de disponibilité « inquiète » l’armée ukrainienne. On savait que l’un d’entre-eux avait récemment été touché par une munition rôdeuse russe de type « Lancet » [et il est désormais hors d’usage]. Mais d’autres, avance le quotidien, sont « immobilisés pour maintenance ». Et d’ajouter : « La partie ‘camion’ a souffert. Des tourelles doivent parfois être remplacées. Les tubes des canons vont aussi bientôt devoir être réparés ».
A priori, l’idée est de permettre à l’Ukraine, quand c’est possible, d’assurer elle-même la maintenance des CAESAr. Sur ce point, M. Reznikov a dit souhaiter « davantage de coopération avec les entreprises françaises pour faciliter les réparations » sur place.
Cela étant, et comme l’a encore montré la nouvelle vague de 120 missiles russes tirés contre des infrastructures essentielles ukrainiennes, ce 29 décembre, l’urgent pour Kiev est de renforcer ses capacités de défense aérienne. Déjà, l’Ukraine a déjà reçu des systèmes IRIS-T SLM, Hawk et NASAMS de la part de certains de ses partenaires. Et les États-Unis lui ont promis une batterie Patriot PAC-3 qui ne sera cependant opérationnelle d’ici plusieurs semaines.
« On a besoin de donner des moyens de légitime défense à l’Ukraine. On n’est pas sur des moyens offensifs mais bien sur des moyens défensifs », a fait valoir M. Lecornu auprès de RTL. « Donc, on l’a fait avec des batteries de missiles CROTALE récemment [deux unités, pour la défense à courte portée, ndlr] ainsi qu’avec des missiles MISTRAL [à très courte portée, ndlr] », a-t-il ensuite rappelé.
Ces moyens devraient être complétés par au moins un radar de détection aérienne GM-200 [ou Ground Master 200], produit par Thales. En tout cas, Kiev en a fait la demande auprès de la France.
« On a évidemment des discussions sur les radars de longue portée, comme le radar de Thales GM-200. C’est un des dossiers qu’on a fait aboutir lors de ce déplacement à Kiev », a affirmé le ministre des Armées.
Selon Thales, le GM-200 est un radar de moyenne portée qui « couvre une gamme complète de menaces, depuis les engins volant à faible vitesse et basse altitude, jusqu’aux objectifs furtifs et hautement manœuvrants » et il « peut également détecter les hélicoptères dissimulés derrière le relief ou la végétation et pouvant surgir inopinément ».
Ce radar, basé sur le GM400α [de longue portée, ndlr], possède de « capacités de détection et d’alerte » offrant aussi aux combattants une « protection face aux roquettes, aux tirs d’artillerie et de mortiers ». En outre, il permet également de disposer « simultanément des coordonnées des tirs et des impacts pour de multiples menaces ».
Par ailleurs, l’Ukraine souhaite également obtenir au moins un un système franco-italien Sol-Air Moyenne Portée / Terrestre [SAM/T] « Mamba ». Récemment, M. Reznikov a assuré que « Paris avait réagi positivement » à cette demande… Mais qu’il restait à convaincre l’Italie, qui n’en possède que cinq exemplaires.
A priori, la président du conseil italien, Georgia Meloni, qui vient de débloquer une nouvelle aide de 10 millions d’euros en faveur de l’Ukraine, a promis des systèmes de défense aérienne à M. Zelensky. Mais sous réserve, à précisé son ministre de la Défense, Guido Crosetto, que cela « n’affaiblisse pas les capacités » des forces transalpines.
En tout cas, selon M. Lecornu, des discussions sont encore en cours avec l’Italie sur ce sujet. Mais, a-t-il dit, « il est encore trop tôt pour se prononcer ». Cela étant, a-t-il continué, le président Macron « nous a justement demandé des schémas du possible mais ce sont des unités dont a besoin pour protéger le sol et le ciel français ». Pour rappel, l’armée de l’Air & de l’Espace ne dispose que de huit systèmes Mamba.