Kosovo : La Russie dit soutenir la Serbie tandis que les États-Unis et l’UE appellent à la désescalade

Les tensions actuelles qui opposent la minorité serbe du Kosovo aux autorités de Pristina vont elles donner lieu à une nouvelle crise dans les Balkans? Pour le moment, ça en prend le chemin, d’autant plus que les deux parties campent sur leurs positions.

Pour rappel, le feu couve depuis que Pristina a fait part de sa volonté de remplacer les plaques minéralogiques autrefois délivrées par Belgrade. Or, cette mesure a été vivement contestée par la minorité serbe, essentiellement établie dans le nord du Kosovo, ce qui a fait craindre, un temps, de nouvelles violences. On pensait qu’un accord trouvé, en novembre, sous l’égide de l’Union européenne, allait régler cette question… Il n’en a rien été.

L’arrestation d’un policier d’origine serbe soupçonné d’avoir pris part aux violences liées à cette affaire a mis le feu aux poudres… De même que la tenue d’élections locales, prévue le 18 décembre, dans quatre municipalités à majorité serbe [Leposavici, Mitrovica Nord, Zvecani et Zubin Potok] en raison du départ, le mois précédent, des représentants serbes des instituations kosovares, en raison du contentieux sur les plaques d’immatriculation [et aussi sur les documents administratifs].

Quoi qu’il en soit, depuis maintenant trois semaines, la situation dans le nord du Kosovo se dégrade chaque jour un peu plus, avec l’apparition de barrages sur les axes routiers, des coups de feu et des incidents, dont un a visé EULEX, la mission « État de droit » de l’Union européenne [UE].

Le 27 décembre, Belgrade a mis ses troupes en « alerte renforcé » le long de la « ligne administrative », c’est à dire la frontière avec son ancienne province [La Serbie ne reconnait pas l’indépendance du Kosovo, comme, d’ailleurs, plusieurs pays membres de l’UE et de l’Otan, ndlr]. Les autorités kosovares [comprendre : la majorité albanaise, ndlr] « exacerbent les tensions » qui conduisent « vers une nouvelle escalade dans le but clair de procéder à un nettoyage ethnique au Kosovo-Metohija et d’expulser les quelques Serbes restants de notre territoire séculaire », a fait valoir Milos Vučević, le ministre serbe de la Défense.

À Pristina, où l’on assimile les contestataires issus de la minorité serbe à des « bandes criminelles », on voit la main du Kremlin derrière ces tensions.

« C’est précisément la Serbie, influencée par la Russie, qui a relevé l’état de préparation de ses troupes et qui ordonne l’érection de nouvelles barricades, afin de justifier et de protéger les groupes criminels qui terrorisent… les citoyens d’origine serbe vivant au Kosovo », a accusé Xhelal Svecla, le ministre kosovar de l’Intérieur.

Puis, ce 28 décembre, Pristina a annoncé la fermeture du poste-frontière de Merdare, le plus important pour échanges de marchandises entre la Serbie et le Kosovo, ainsi que la libération et le placement en résidence surveillée du policier serbe dont l’arrestation a mis le feu aux poudres.

C’est dans ce contexte que Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, a affirmé que la Russie « soutient » la Serbie avec laquelle « nous avons des relations très étroites d’alliés, historiques et spirituelles ». Et d’ajouter que Moscou suit « très attentivement ce qui se passe [au Kosovo] et comment les droits des Serbes [y] sont assurés ».

Pour rappel, en 1999, la Russie avait obtenu la promesse qu’elle aurait un role à tenir dans le nord de l’ancienne province serbe… Rôle qu’elle ne put finalement pas tenir, celui-ci étant revenu à la KFOR, la force de l’Otan déployée au Kosovo. Aussi les tensions actuelles font ses affaires… « Bien sûr, nous soutenons la Serbie dans les actions qu’elle entreprend », a par ailleurs déclaré M. Peskov. En outre, la situation dans les Balkans pourrait encore s’aggraver si les Serbes de Bosnie, également proches de la Russie, venaient eux aussi à s’agiter…

En attendant, les États-Unis et l’Union européenne ont, dans un communiqué commun, appelé « tout le monde à faire preuve du maximum de retenue et à prendre des mesures immédiates pour une désescalade sans condition de la situation » et exhorté les deux parties à « s’abstenir de toute provocation, menace ou intimidation ».

Et d’ajouter : « Nous travaillons avec le président [serbe] Vučić et le Premier ministre [du Kosovo] Kurti pour trouver une solution politique afin d’apaiser les tensions et parvenir à une avancée dans l’intérêt de la stabilité, de la sécurité et du bien-être de toutes les populations locales ».

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