Kosovo : La Serbie a placé ses forces armées en état d’alerte
Loin de se résorber, les tensions entre la minorité serbe du nord du Kosovo et les autorités kosovares sont encore montées d’un cran, au cours de ces dernières heures, avec l’apparition de nouvelles barricades bloquant la route reliant le nord de Mitrovica [à majorité serbe] à la partie méridionale de la ville, à majorité albanaise.
Et cela alors que Pristina venait d’appeler à restaurer la liberté de circulation tout en rappelant son opposition à discuter « avec des bandes criminelles ». Et d’ajouter que les forces de sécurité se tenaient prêtes à intervenir.. dans l’attente éventuelle d’une action de la KFOR, la force de l’Otan déployée au Kosovo.
En outre, le fait que le patriarche de l’Eglise orthodoxe serbe, Porphyre, a été empêché de se rendre au monastère patriarcal de Peć, siège de l’Eglise orthodoxe de Serbie, situé sur le territoire du Kosovo, a mis un peu plus d’huile sur le feu..
Ces tensions sont apparues après un accord sur le dossier des plaques minéralogiques antérieures à la guerre de 1999, lequel avait crispé les relations entre la minorité serbe, restée proche de Belgrade, et les autorités kosovares pendant plusieurs mois. Alors que l’on pensait cette affaire réglée, l’arrestation d’un ex-policier serbe soupçonné d’avoir été impliqué dans la contestation contre les mesures décidées par Pristina et le boycott des élections locales décidé par plusieurs partis politiques serbes ont mis le feu aux poudres. Et les annonces faites par les autorités kosovares pour inciter à un retour au calme sont restées sans effet.
À Belgrade, la situation dans le nord du Kosovo est jugée sérieuse, au point que le président serbe, Aleksandar Vučić, a demandé à la KFOR, le 10 décembre, l’autorisation d’y déployer un millier de soldats, comme le prévoit la résolution 1244 du Conseil de sécurité des Nations unies. À ce jour, sa requête n’a toujours pas obtenu de réponse…
Quoi qu’il en soit, deux semaines plus tard, et alors que la cheffe du gouvernement serbe, Ana Brnabic, a évoqué l’éventualité d’un « conflit armé à cause des mesures unilatérales de Pristina », M. Vučić a envoyé le général Milan Mojsilovic, son chef d’état-major, à dix kilomètres de la frontière avec le Kosovo. « La situation là-bas est compliquée […] et requiert dans la période à venir la présence de l’armée serbe le long de la ligne administrative », a déclaré l’intéressé, sans plus de détails.
Finalement, ceux-ci ont été donnés quelques heures plus tard par Milos Vučević, le ministre serbe de la Défense. « Le président de Serbie, en tant que commandant en chef, a ordonné à l’armée serbe d’être au plus haut niveau de préparation au combat, c’est-à-dire au niveau de l’utilisation de la force armée », a-t-il dit, via un communiqué diffusé le 26 décembre.
Il s’agit de « protéger l’intégrité territoriale et la souveraineté de la Serbie ainsi que tous les citoyens serbes […] où qu’ils vivent », aen encore souligné M. Vučević. Et d’ajouter, plus tard : « Il n’y a pas de raison de paniquer, mais il y a des raisons de s’inquiéter ».
Cependant, le ministre serbe a accusé Pristina d’être la cause de la situation actuelle. « Il semble que la Serbie soit la seule partie intéressée à parler, à faire des arrangements politiques, à tenir un millier de réunions jusqu’à ce qu’un accord ou une solution soit trouvé, alors que l’autre partie fait constamment des démarches risquées et unilatérales, exacerbe les tensions et mène vers une nouvelle escalade dans le but clair de procéder à un nettoyage ethnique au Kosovo-Metohija et d’expulser les quelques Serbes restants de notre territoire séculaire », a-t-il lancé.
Par ailleurs, Belgrade a décidé de porter de 1500 à 5000 le nombre de militaires déployés à la frontière avec le Kosovo tandis que le ministère serbe de l’Intérieur a fait savoir que « toutes ses unités » passeraient sans délai « sous le commandement du chef d’état-major général ».