Le porte-avions russe « Amiral Kouznetsov » encore victime d’un incident

Déclaré opérationnel en 1995, soit douze ans après le début de sa construction, l’unique porte-avions de la marine russe, l’Amiral Kouznetsov, n’a participé à des opérations de combat qu’à une seule reprise : c’était au large de la Syrie, en octobre 2016. Cet engagement de trois mois fut d’ailleurs marqué par la perte de deux avions de son groupe aérien embarqué [un MiG-29KUBR et un Su-33].

Puis, à l’issue de ce déploiement en Méditerranée orientale, ce porte-avions, doté d’un tremplin et de brins d’arrêt [configuration STOBAR], a pris la direction de Severodvinsk pour y être modernisé. Il était alors question de remplacer quatre de ses huit chaudières [les autres devant être « réparées »], de l’équiper de nouveaux systèmes [guerre électronique, communication, defense anti-aérienne] et d’améliorer son système de combat et ses installations aéronautiques afin de les rendre plus sûres. Ce chantier devait durer trois ans.

Seulement, nul ne sait quand « l’Amiral Kouznetsov » pourra reprendre effectivement la mer… Car les travaux dont il fait l’object ont été émaillés d’incidents. En octobre 2018, le naufrage d’un dock flottant, dû, officiellement, à une coupure d’électricité, a provoqué la chute d’une grue sur son pont d’envol qui venait d’être refait. Un an plus tard, un incendie, ayant pris lors de travaux de soudure près d’une cale où était stocké du carburant, faillit causer sa perte. Du moins le croyait-on dans la mesure où ses structures auraient pu souffrir des fortes températures… Mais il n’en fut rien.

« Nous avons de la chance que l’incendie n’ait rien endommagé d’important. Il n’y a aucune raison de croire que l’accident affectera de toute façon l’achèvement de la révision de l’amiral Kouznetsov », avait expliqué Alexei Rakhmanov, le Pdg du conglomérat United Shipbuilding Corporation [USC], quelques semaines plus tard.

Évidemment, ces impondérables retardèrent le chantier de modernisation… Seulement, et après l’arrestation du chef de projet pour des faits corruption, en mars 2021, des malfaçons furent découvertes « après l’exécution de certaines travaux », selon une source industrielle citée par l’agence TASS, en juin dernier. Aussi, le navire ne devait-il alors pas reprendre son cycle opérationnel avant… 2024.

Aussi, le nouvel incident que vient de connaître ce porte-avions serait anecdotique s’il n’était pas venu s’ajouter à une liste déjà longue. En effet, le 22 décembre, un nouvel incendie s’est déclaré à bord du navire, alors que la presse russe venait d’indiquer qu’il s’apprêtait à quitter la cale sèche du chantier naval de Zvezdochka [région de Mourmansk].

Cela étant, selon les responsables russes, ce feu a rapidement été maîtrisé grâce à l’intervention des pompiers du chantier naval. « Le système de contrôle des avaries du navire a été activé rapidement et il n’y a pas eu de dégâts », a assuré le directeur général de l’USC. Mais des informations, non encore confirmées, ont indiqué que l’incendie s’était propagé sur une surface d’environ 6 mètres carrés.

Par ailleurs, et d’après les services d’urgence locaux, cités par l’agence TASS, vingt personnes ont été évacuées du porte-avions. « Il n’y a pas de victimes », ont-il précisé.

Pour le moment, aucune hypothèse sur les causes de cet incendie n’a été avancée. Et les semaines à venir diront s’il n’a eu effectivement aucune conséquence sur la suite du chantier.

Reste que, ces deux ou trois dernières années, les incendies à bord de navires subissant des travaux de maintenance et de modernisation ont été relativement nombreux… L’un d’eux a même provoqué la perte du navire d’assaut amphibie américain USS Bonhomme Richard… Et s’il en est fallut de peu pour que le sous-marin nucléaire d’attaque [SNA] « Perle » connaisse le même sort, celui-ci ayant dû son salut à la décision de remplacer sa proue endommagée par celle du SNA Saphir, fraîchement désarmé. À noter qu’il a récemment été victime d’une « combustion sans flamme », rapidement maîtrisée.

Photo : Archive

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