Défaillant, le blindé allemand Puma ne sera pas engagé au sein de la force de réaction très rapide de l’Otan

Le 1er janvier, l’Allemagne succèdera à la France à tête de la Force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation [Very High Readiness Joint Task Force] de l’Otan, créée en 2014 à la suite de l’annexion de la Crimée par la Russie, afin de pouvoir engager l’équivalent d’une brigade multinationale d’environ 5’000 hommes à très court préavis [deux à trois jours] dans l’un des pays membres en cas d’agression.

Mais prendre les rênes de cette VJTF suppose une intense préparation opérationnelle pour les unités concernées. Or, c’est là que le bât blesse pour la Bundeswehr… Ou plus précisément pour la Panzergrenadierbrigade 37, dotée de Puma, un véhicule blindé de combat d’infanterie conçu par Krauss-Maffei Wegmann et Rheinmetall.

Déclaré pleinement opérationnel en 2021, après avoir connu maints problèmes techniques, le Puma est un blindé d’une trentaine de tonnes [selon les configurations], pouvant transporter six fantassins en plus de ses trois membres d’équipage. Chenillé [contrairement au VBCI français et Boxer du consortium ARTEC], il est doté d’un canon de 30 mm. Certains modèles sont équipés d’une tourelle MELLS, avec deux missiles anti-chars Spike. À ce jour, et lors que leur prix unitaire n’a cessé de grimper pour atteindre 17 millions d’euros, 350 exemplaires ont été commandés pour remplacer les anciens Marder de l’armée allemande.

Quoi qu’il en soit, selon les critères de l’Otan, la Panzergrenadierbrigade 37 doit être en mesure d’aligner au moins une quarantaine de véhicules de combat d’infanterie. D’où la mise à niveau de 42 Puma à cette fin. Seulement, lors d’un exercice effectué récemment en vue de la prise d’alerte au sein de la VJTF, il s’est avéré que 18 d’entre eux ont connu d’importants problèmes, les rendant inaptes au combat.

D’après les informations de l’hebdomadaire Der Spiegel, confirmées par la suite, les Puma engagés n’ont pas donné satisfaction… Loin de là. En effet, ils ont quasiment tous souffert de pannes, tant mécaniques [pignons prématurément usés] qu’électroniques. Et les deux derniers encore opérationnels ont connu des soucis au niveau de leur tourelle.

Selon le compte-rendu du général commandant la Panzergrenadierbrigade 37, l’électronique des Puma est « en particulier vulnérable », un câble ayant même pris feu dans le compartiment du conducteur ». Et le document de souligner que de tels incident ne « s’étaient jamais auparavant produits à cette fréquence ».

C’est d’ailleurs ce qu’a aussi relevé un porte-parole du ministère allemand de la Défense, cité par l’agence dpa. « Nous étions encore confiants après les exercices précédents, parce que le Puma s’y était bien comporté. Et maintenant, nous avons ce nombre d’échecs inhabituellement élevé », a-t-il dit.

Alors qu’il reste moins deux semaines pour que la Panzergrenadierbrigade 37 soit pleinement opérationnelle pour tenir son rôle à la tête de la VJTF, la ministre allemande de la Défense, Christine Lambrecht, a décidé que les Puma seraient remplacés par des Marder… et que la commande d’un nouveau lot de blindés seraient reportée tant qu’il restera des problèmes à régler.

« Nos troupes doivent pouvoir compter sur des systèmes d’armes sont robustes et stables au combat. Et l’Otan peut continuer à compter sur notre engagement au sein de la VJTF. Nous avons déjà prévu le véhicule de combat d’infanterie Marder lors des préparatifs et cela s’est avéré sage », a ainsi commenté Mme Lambrecht.

Cela étant, le Puma n’est pas le seul blindé moderne à connaître des défaillances en Europe : destiné à la British Army et développé par General Dynamics Land System UK dans le cadre d’un marché de 4,5 milliards d’euros [pour 589 exemplaires], l’Ajax se trouve encore en très grande difficulté…

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