Le commandant en chef ukrainien dit redouter une nouvelle offensive russe en direction de Kiev

Depuis qu’elle a commencé, le 24 février, la guerre en Ukraine s’est déroulée en quatre phase. La première a été marquée par la tentative russe de s’emparer de Kiev, via un assaut aéroporté sur l’aéroport de Hostomel et un mouvement depuis la Biélorussie. Celle-ci ayant échoué, Moscou a alors revu son dispositif pour se concentrer sur les régions du Donbass, de Kharkiv, de Zaporijjia et de Kherson. Ce qui lui a permis d’accroître – difficilement – ses gains territoriaux.

Puis, à partir de septembre, une troisième phase a coïncidé avec une contre-offensive ukrainienne, qui s’est d’abord concentré sur la région de Kharkiv, puis sur celle de Kherson. Et elle a contraint les forces russes à céder plusieurs milliers de kilomètres carrés de territoires. Cependant, cela n’a pas empêché la Russie d’annexer quatre régions ukraniennes, dont celles de Louhansk et de Donetsk [qui forment le Donbass, nldr] ainsi que celles de Zaporijjia et de Kherson. En outre, le président russe, Vladimir Poutine, a décrété une mobilisation partielle, afin de recruter 300’000 hommes ayant un passé militaire.

Enfin, après la nomination du général Sourovikine à la tête des opérations russes, la guerre en Ukraine est entrée dans une quatrième phase, avec des frappes massives contre les infrastructures critiques ukrainiennes [dans le but d’affaiblir la résilience de la population civile et d’entrever l’effort de guerre de Kiev]. Et, désormais, avec l’arrivée de conditions météorologiques hivernales, les positions sont maintenant figées. Ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a plus de combats… Ainsi, la ville de Bakhmut [région de Donetsk] est devenue l’un des « points chauds » du conflit.

Quelle sera la suite? Celle-ci dépendra de plusieurs facteurs, comme par exemple la capacité des deux belligérants à régénérer leurs capacités et à refaire leurs stocks de munitions [ce qui, à première vue, risque d’être compliqué pour l’Ukraine].

Cependant, le commandant en chef des forces armées ukrainiennes, le général Valéry Zaluzhnyi, a dit redouter une nouvelle offensive russe de grande envergure d’ici la fin de cet hiver.

Celle-ci « pourrait avoir lieu en février, au mieux en mars et au pire fin janvier », a confié le général Zaluzhnyi lors d’un entretien accordé à l’hebdomadaire britannique The Economist, 14 décembre. Elle « ne commencera peut-être pas dans le Donbass mais peut-être depuis la Biélorussie, en direction de Kiev. Je n’exclus pas non plus le sud », a-t-il ajouté. Mais « je n’ai aucun doute qu’ils tenteront un autre essai à Kiev », a-t-il insisté.

« Les Russes préparent quelque 200’000 nouveaux soldats », a en outre souligné le commandant en chef ukrainien, en référence à la mobilisation partielle décrétée par M. Poutine, en septembre.

« Cette mobilisation a fonctionné. Ce n’est pas vrai que leurs problèmes sont si graves, que ces gens ne se battront pas. Ils se battront. Un tsar leur dit d’aller à la guerre et ils vont à la guerre. J’ai étudié l’histoire des deux guerres de Tchétchénie. lls ne sont peut-être pas si bien équipés mais ils poseront toujours un problème pour nous », a développé le général Zaluzhnyi.

En outre, celui-ci a dit redouter les conséquences des frappes russes contre les infrastructures électriques ukrainiennes. Si la Russie parvient à ses fins, « alors les femmes et les enfants des soldats commenceront à se geler. Un tel scénario est possible. Dans quel état d’esprit seront les combattants? Sans eau, lumière et chaleur, pouvons-nous préparer nos réserves pour de nouveaux combats? », a-t-il demandé.

Cela étant, le général Zaluzhnyi n’est pas le seul à redouter une nouvelle attaque russe en direction de Kiev. Et, a priori, cette hypothèse fait consensus auprès des responsables ukrainiens, qui cherchent à obtenir de nouvelles armes auprès de leurs partenaires occidentaux, notamment des chars de combat, de l’artillerie et des systèmes de défnse aérienne.

Ainsi, dans les pages du quotidien The Guardian, le ministre de la Défense, Oleksii Reznikov, a fait état de signes suggérant que le Kremlin préparerait une « offensive de grande envergure ». Cependant, a-t-il dit, « des troupes entraînées dans un certain nombre de pays occidentauix, les tactiques hybrides des forces ukrainiennes et les armes que Kiev espère obtenir auprès de ses partenaires permettraient de résister à de nouvelles attaques ».

Photo : Archive

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