La force aérienne allemande prévoit de déclarer une capacité opérationnelle initiale pour ses F-35A en 2028

« Quand il y a une volonté, il y a un chemin », dit-on. Et l’achat de 35 chasseurs-bombardiers américains F-35A par Berlin ne contredira pas cet adage… puisque, après l’annonce faite en mars par Olaf Scholz, le chancelier allemand, il n’aura fallu que neuf mois pour qu’il se concrétise.

Pour rappel, l’enjeu est de remplacer les Panavia Tornado de la Luftwaffe [force aérienne allemande] utilisés pour la dissuasion nucléaire de l’Otan, laquelle repose sur la bombe nucléaire tactique B-61, dont le contrôle est assuré par les États-Unis.

En raison de son implication dans le SCAF [Système de combat aérien du futur], un programme dirigé par la France, délais pour certifier l’aptitude de l’Eurofighter EF-2000 à emporter la B-61 et de l’opposition d’Airbus Defence & Space à un achat de F-35A, le choix du gouvernement conduit par Angela Merkel se porta d’abord sur le F/A-18 Super Hornet de Boeing.

Seulement, le peu d’empressement de l’administration américaine à certifier cet appareil pour la B-61 et les hésitations du Bundestag [chambre basse du Parlement allemand] firent qu’aucun contrat ne put être signé rapidement. Et la nouvelle coalition gouvernementale emmenée par Olaf Scholz a donc tranché en faveur du F-35A, peu après le début de la guerre en Ukraine.

En juillet, la Defense Security Cooperation Agency [DSCA], chargée des exporations d’équipements militaires américaines, a autorisé l’achat de 35 F-35A, pour un montant évalué 8,2 milliards d’euros.

Outre la livraison de ces avions, cette somme comprend des prestations de logistiques, des pièces de rechange [dont deux moteurs F-135-PW-100] ainsi qu’un nombre assez conséquent de munitions [dont 105 missiles air-air AIM-120C, 75 missiles air-sol AGM-158B/B2 JASSM-ER, 344 bombes GBU-53, 162 bombes de type « bunker buster » BLU-109 2000LB, 264 bombes MK-82 500LB et 75 missiles Sidewinder AIM-9X Block II+].

À cette somme s’ajoutera l’investissement nécessaire pour adapter les infrastructures de la base aérienne de Büchel, qui abrite les B-61 mises à la disposition de l’Allemagne par les États-Unis… Ainsi que d’éventuels « coûts supplémentaires », notamment en raison, selon le ministère allemand des Finances, des exigences de sécurité imposées par les États-Unis. Au total, la facture s’élevera, pour le moment, à près de 10 milliards d’euros… Et cela, sans compensation pour l’industrie aéronautique d’outre-Rhin, du moins pour le moment…

En tout cas, le 14 décembre, le Bundestag a donné son feu à cet achat de F-35… Et la commande a été officiellement notifiée à Lockheed-Martin dans la foulée.

« C’est un honneur d’accueillir officiellement l’Allemagne dans le programme F-35 Lightning II. [Sa] participation […] garantit que l’alliance européenne du F-35 continue de se renforcer et de se développer grâce à l’interopérabilité avec l’OTAN et les pays alliés », a commenté Bridget Lauderdale, une vice-présidente de Lockheed Martin.

« Le F-35 est l’avion de combat le plus moderne au monde, et nombre de nos partenaires européens ont également opté pour cet avion. Cela renforce notre capacité à sécuriser l’espace aérien de l’Otan et à défendre l’alliance. Parallèlement à la poursuite du développement de l’Eurofighter pour la guerre électronique, nous franchissons une étape importante pour préparer les forces armées allemandes pour l’avenir », a fait valoir le général Ingo Gerhartz, le commandant de la Luftwaffe.

La formation des pilotes allemands devrait commencer en 2026, aux États-Unis. Les premiers F-35A arriveront à Büchel l’année suivante, l’objectif de la Luftwaffe étant d’être en mesure de déclarer une capacité opérationnelle initiale en 2028. Tous les appareils devront avoir été livrés en 2029.

Quant aux éventuelles compensations industrielles, Lockheed-Martin a fait part de son intention de « contacter l’industrie locale afin d’inclure des partenaires allemands dans le programme F-35 ». Mais leur rôle sera limité car le F-35 « contient des technologies secrètes que seuls le gouvernement américain et ses sous-traitants sont autorisés à entretenir », souligne Defense News.

Par ailleurs, quelques détails devront encore être précisés… Ainsi, on ignore si les F-35A commandés par Berlin seront portés au block4, c’est à dire le standard censé donner à l’avion de Lockheed-Martin toutes les capacités inscrites dans son cahier des charges. Or, son développement a pris du retard, tout en générant des surcoûts importants… Et il nécessite un nouveau moteur, qui n’a pas encore été désigné.

En attendant, la Belgique, qui a aussi choisi le F-35A pour les mêmes raisons que l’Allemagne [la participation aux plans nucléaires de l’Allemagne], la note ne cesse de grimper. En 2018, Bruxelles a commandé 34 exemplaires pour 3,6 milliards d’euros. Or, selon le Vif, qui cite la ministre belge de la Dégense, Ludivine Dedonder, il est désormais question d’un  » montant en attribution de 4,9 milliards, dont quatre milliards pour les investissements et 900 millions pour le volet fonctionnement ». Et cette somme « ne couvre pas les dépenses liées au personnel, au carburant, à l’infrastructure et aux systèmes ou services connexes », a-t-elle précisé.

S’agissant des infrastructures, qui doivent être conformes à des normes de sécurité américaines drastiques, Bruxelles va débourser 600 millions d’euros.

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