La Chine a envoyé un nombre record de bombardiers à capacité nucléaire dans les environs de Taïwan

Selon le dernier rapport sur les capacités militaires chinoises remis par le Pentagone au Congrès, une invasion de Taïwan serait trop risquée pour la Chine pour le moment.

En effet, cela passerait par une opération amphibie massive qui, compliquée à planifier, nécessiterait un soutien important ainsi que la totale maîtrise des environs de l’île. Et l’Armée populaire de libération [APL] aurait à livrer des combats en milieu urbain et à potentiellement faire face à une guérilla menée par l’armée taïwanaise.

En clair, le risque politique serait trop important pour le Parti communiste chinois. Par ailleurs, la modernisation des forces chinoises, qui met l’accent sur les opérations multidomaines, n’est pas encore achevée. D’où l’évaluation du Pentagone, selon laquelle, en revanche, la prise de l’une des îles taïwanaises est une hypothèse crédible.

Quoi qu’il en soit, la Chine ne cesse d’accenter sa pression sur Taïwan, qu’elle considère comme une province rebelle, tant sur le plan diplomatique qu’au niveau militaire. Depuis 2020, elle multiplie les incursions aérienne dans les environs de l’île… Ce qui use l’aviation de combat taïwanaise.

Si, au départ, les formations aériennes chinoises envoyées aux abords de Taïwan étaient peu étoffées, elles ont progressivement pris de l’ampleur. Au point qu’elles mobilisent plusieurs dizaines d’appareils, dont des chasseurs [principalement des J-16 et des J-10], des avions de renseignement et de patrouille maritime ainsi que des drones.

Jusqu’à encore récemment, de telles formations aussi imposantes étaient inédites… Mais depuis la visite de Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre des représentants du Congrès des États-Unis à Taipei, en août dernier, elles sont devenues quasiment banales. D’ailleurs, c’est ce qu’a relevé le Pentagone dans son dernier rapport…

Cependant, le 12 décembre, la formation aérienne chinoise reperée dans le détroit de Taïwan a présenté un caractère inédit, celle-ci ayant compté jusqu’à 18 bombardiers stratégiques H-6, à capacité nucléaire. Jamais autant d’appareils de ce type n’avaient été détectés jusqu’à présent par les forces taïwanaises.

Selon les données publiées par le ministère taïwanais de la Défense, ces 18 bombardiers étaient accompagnés par un chasseur J-11 et deux avions de type Y-8, l’un spécialisé dans le renseignement, l’autre dans la patrouille maritime. Durant cette séquence, les H-6 sont restés dans un secteur situé au sud-ouest de Taïwan.

D’après des comptes tenu par Taiwan News, la Chine aurait envoyé 220 avions militaires et 50 navires militaires autour de l’île depuis le début du mois de décembre. Plus généralement, selon Joseph Wu, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, le nombre d’incursions d’avions militaires chinois dans les environs de Taïwan a été multiplié par cinq depuis 2020 [380 constatées à cette époque, contre plus de 1500, rien que pour cette année, ndlr].

Cela étant, a confié le ministre au quotidien britannique The Guardian, cette pression exercée par la Chine n’est pas que militaire et diplomatique. Ainsi, a-t-il dit, Taïwan fait face à une « combinaison de pressions », comprenant la « coercition économique, les cyberattaques et la guerre cognitive ».

Un exemple en a encore été donné la semaine passée, quand la Chine a interdit les importations de produits alimentaires en provenance de Taïwan. Pékin « viole les règles du commerce international » et « fait preuve de discrimination » à l’endroit de Taipei, a protesté Su Tseng-chang, le Premier ministre taïwanais.

PHoto : H-6 – Archive

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