La Marine nationale fait ses adieux à l’hélicoptère Alouette III

Quand il était encore chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], l’amiral Christophe Prazuck se plaisait à rappeler que l’Alouette III était l’hélicoptère de « Fantomas », dans le film du même nom et pour lequel Louis de Funès, Jean Marais et Mylène Demongeot se partageaient l’affiche en 1964. Évidemment, il s’agissait de souligner l’ancienneté de cet appareil, dont le coût de l’heure de vol avait significativement augmenté au cours des dix dernières années, passant de 5’000 à plus de 10’000 euros.

Selon les plans initiaux, l’Alouette III de l’aéronautique navale auraient dû être remplacé par la version navale de l’Hélicoptère interarmées léger [HIL] « Guépard ». Mais cet appareil ne devant être prêt qu’à partir de 2028, il a donc été décidé d’accélérer les choses… avec la location auprès du secteur privé d’une flotte « intérimaire » composée de dix Dauphin N3 et de six H160 [sur lequel sera basé le HIL, ndlr].

Aussi, ce 9 décembre, les derniers exemplaires de l’Alouette III que possédait encore la Flottille 34F/ESHE [formée à partir de l’ex-escadrille 22S] seront officiellement été retirés du service, à l’issue d’une cérémonie présidée par l’amiral Pierre Vandier, l’actuel CEMM, à Lanvéoc-Poulmic. Il s’agit du second type hélicoptère à connaître un tel sort en l’espace de quelques mois, les Lynx, dédiés à la lutte anti-sous-marine [ASM], ayant tiré leur révérence en septembre 2020.

Au total, la Marine nationale a disposé de 37 Alouette III, selon deux versions : la SA316B [avec une déclinaison dédiée à la formation au vol sans visibilité, la SA316B VSV] et la SA319B, équipée pour le vol IMC [conditions météorologiques de vol aux instruments] ainsi que pour la lutte ASM depuis les frégates de la classe Tourville, grâce à l’emport de deux torpilles Mk-46. Cette mission sera ensuite reprise par les Lynx, lesquels permirent un saut capacitaire et technologique pour l’époque.

Les Alouette III de l’aéronautique navale ont effectué quasiment toutes les tâches que l’on peut demander de faire à un hélicoptère : recherche et sauvetage, rôle du « Pedro » à bord d’un porte-avions, transport, formation, lutte ASM, liaison, etc. Aussi, en soixante-ans, ces appareils ont effectué plus de 330’000 heures de vol.

Au 1er juillet 2021, neuf exemplaires étaient encore opérationnels. Qui plus est avec une disponibilité supérieure à celle des appareils plus modernes… D’après les derniers chiffres communiqués en 2019 par le ministère des Armées, les Alouette III affichaient un taux de disponibilité de 44,7%, soit l’un des plus élevés parmi l’ensemble des hélicoptères des forces françaises.

« On peut l’assimiler à une 2CV des airs parce que tout est simple et tout est interchangeable sur cet hélicoptère, ce qui fait qu’il est relativement facile d’entretien et on avait un stock de pièces détachées suffisant pour le tenir jusqu’à maintenant », a expliqué un officier marinier au quotidien Le Télégramme.

Jusqu’au bout, ces Alouette III auront continué à rendre de bons et loyaux services… L’un de ces hélicoptères a en effet effectué un dernier déploiement opérationel à bord du Bâtiment de commandement et de ravitaillement [BCR] Somme, lors de l’exercice « Silent Wolverine », organisé en novembre autour de l’USS Gerald Ford, le nouveau porte-avions de l’US Navy.

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