Aviation de combat du futur : Le Tempest italo-britannique va fusionner avec le F-3 japonais

Ces dernières années, plusieurs voix ont appelé à un rapprochement du Système de combat aérien du futur [SCAF], porté par la France, l’Allemagne et l’Espagne, avec le Tempest, un projet lancé par le Royaume-Uni et rejoint par l’Italie, avec la Suède dans un rôle d’observateur.

« Il n’est pas certain que l’Europe pourra s’offrir deux systèmes de combat aérien du futur concurrents, avec une base d’exportation nécessairement plus étroite que s’il n’existe qu’un seul programme », avaient en effet avancé les sénateurs Hélène Conway-Mouret et Ronan Le Gleut, dans un rapport sur le SCAF, publié en juillet 2020.

L’ex-Délégué général pour l’armement [DGA], Joël Barre, avait dit, à plusieurs reprises, espérer une « convergence » entre ces deux programmes européens. « Il se peut que nous allions sur des pistes différentes. J’espère que nous finirons par fusionner », avait même avancé le général Ingo Gerhartz, le chef de la Luftwaffe. Et son homologue italien, le général Luca Goretti, s’était même risqué à prédire une fusion entre le SCAF et le Tempest, estimant qu’il serait « impensable » d’investir « ressources financières dans deux projets équivalents ».

Seulement, dans le même temps, le Royaume-Uni se rapprocha du Japon, qui, de son côté, venait de lancer le développement du F-3, un avion de sixième génération appelé à remplacer le F-2, largement inspiré du F-16 de Lockheed-Martin. Pour son programme, Tokyo avait dit chercher des partenaires… D’où des discussions sur une coopération « technologique » avec Londres.

Celles-ci finirent par aboutir, en décembre 2021, sur la signature d’un « protocole de coopération » visant à développer un « démonstrateur de moteur d’avion de combat de nouvelle génération », Rolls Royce étant appelé à travailler avec Ishikawajima-Harima Heavy Industries [IHI]. Puis, quelques semaines plus tard, Londres et Tokyo annoncèrent un autre partenariat, cette fois au sujet de la suite de guerre électronique « Jaguar », celle-ci devant être commune au Tempest et au F-3.

Cela étant, lors du salon aéronautique de Farnborough, en juillet dernier, le ministère britannique de la Défense [MoD] suggéra que la coopération avec le Japon allait être encore plus ambitieuse… Et elle le sera effectivement.

En effet, ce 9 décembre, le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon ont fait connaître leur intention de développer un « avion de combat de nouvelle génération » dans le cadre d’un programme appelé « Global Combat Air Programme » [GCAP]. En clair, le Tempest fusionnera avec le F-3. BAE Systems, Leonardo et Mitsubishi Heavy Industries y joueront un rôle prépondérant.

« En s’associant avec l’Italie et le Japon dans la prochaine phase du programme, le Royaume-Uni […] partagera les coûts et garantira que la Royal Air Force [RAF] reste interopérable avec nos partenaires les plus proches. Le projet devrait créer des emplois hautement qualifiés dans les trois pays, renforcer notre base industrielle et stimuler l’innovation avec des avantages allant au-delà de l’utilisation purement militaire », a fait valoir le gouvernement britannique.

« Nous sommes déterminés à défendre l’ordre international libre, ouvert et basé sur des règles, ce qui est plus important que jamais à une période où ces principes sont contestés et où les menaces et les agressions vont en augmentant, ont expliqué les pays désormais associés, dans un communiqué commun. « Étant donné qu’il est crucial de défendre notre démocratie, notre économie et notre sécurité et de protéger la stabilité régionale, nous avons besoin de partenariats solides en matière de défense et de sécurité, étayés et renforcés par une force de dissuasion crédible », ont-ils ajouté.

Par ailleurs, cet avion de combat de nouvelle génération, qui sera au centre d’un « système de systèmes » combinant « drones, capteurs avancés et armes de pointe » devra notamment être « interopérable » les moyens mis en oeuvre par les « États-Unis et l’Otan », ainsi que par d’autres « partenaires » en Europe et dans l’Indo-Pacifique.

Cependant, les détails de cette alliance inédite n’ont pas été précisés, si n’est qu’une phase de développement sera lancée en 2025, avec l’objectif de faire voler ce nouvel avion de combat d’ici 2035. En outre, le programme GCAP sera ouvert à d’autres pays qui souhaiteraient éventuellement le rejoidre. Comme la Suède, par exemple. Ou encore… Les États-Unis.

En effet, dans une déclaration conjointe avec le ministère japonais de la Défense, le Pentagone a souligné que les États-Unis « soutiennent la coopération en matière de sécurité et de défense du Japon avec des alliés et partenaires partageant les mêmes valeurs, notamment le Royaume-Uni et l’Italie, sur le développement de son prochain avion de chasse. Et d’ajouter : « Ensemble, nous avons entamé une collaboration importante à travers une série de discussions sur les capacités des systèmes autonomes, qui pourraient compléter le prochain programme de chasseurs japonais parmi d’autres plates-formes. Dans ce contexte, les deux parties sont convenues d’entamer une coopération concrète au cours de l’année prochaine ».

Illustration : Leonardo

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