La Marine nationale a toujours des soucis de disponibilité avec ses hélicoptères NH-90 Caïman

L’an passé, à la même époque et lors d’une audition parlementaire, l’amiral Pierre Vandier, chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], avait déploré le très faible taux de disponibilité des 26 hélicoptères NH-90 « Caïman » NFH [Nato Frigate Helicopter] de l’aéronautique navale. En effet, seulement quatre appareils étaient disponibles. Et cela en raison de « difficultés considérables » au niveau du Maintien en condition opérationnelle [MCO].

Étant donné que le ministère des Armées ne communique plus que la disponibilité technique opérationnelle [DTO], laquelle correspond au nombre d’aéronefs disponibles par rapport à celui nécessaire pour honorer le scénario le plus dimensionnant des contrats opérationnels, il est désormais compliqué d’avoir une idée précise de la situation des NH-90 de la Marine nationale.

Cela étant, le 6 janvier dernier, et alors qu’un 27e NH-90 Caïman venait d’être livré à l’aéronautique navale, la Direction de la maintenance aéronautique [DMAé] avait indiqué que sept hélicoptères étaient désormais disponibles à cette date. Ce qui était encore nettement insuffisant. Et d’expliquer cette situation par des « rénovations en cours » et « mises à niveau » [vers le standard MR1] nécessitant des « immobilisations importantes » ainsi que par une corrosion « très importante » aparaissant « au bout de quelques années ». Un problème qui avait déjà été souligné maintes fois par l’état-major de la Marine.

Puis, à la même époque, Florence Parly, alors minsitre des Armées, tança Airbus Helicopters [membre du consortium NHIndustries, ndlr] pour la faible disponibilité des NH-90 NFH. « Il ne suffit pas de concevoir, de construire et d’assembler des hélicoptères, car une fois sortis de l’usine encore faut-il les entretenir pour pouvoir les faire voler », avait-il dit, après avoir officialisé la commande de 169 hélicoptères interarmées légers [HIL] « Guépard » auprès de l’industriel.

D’autres pays clients du NH-90 NFH ont montré moins de patience… Comme l’Australie et la Norvège… Ou encore comme la Suède, qui a récemment fait part de son intention de remplacer les exemplaires en service au sein de ses forces armées.

Quoi qu’il en soit, en juin, via la NATO Helicopter Management Agency [NAHEMA], un contrat a été attribué à NHIndustries pour le compte de la France et de l’Allemagne, afin d’obtenir « immédiatement de rechanges pour la maintenance et les réparations », avec l’objectif d’atteindre « 50% de disponibilité » dès 2023. Visiblement, les résultats ne sont pas immédiats, à en juger par ce qu’a dit l’amiral Vandier, lors d’une nouvelle audition au Sénat [le compte-rendu vient d’être publié, ndlr].

« S’agissant du MCO aéronautique et naval, je note que les progrès sont énormes sur la verticalisation des contrats. Partout où cette verticalisation a été appliquée, elle a donné de bons résultats », s’est d’abord félicité le CEMM… avant d’aborder le sujet qui fâche.

« La flotte des hélicoptères reste celle pour laquelle les difficultés sont les plus importantes, en particulier pour le NH90 », a dit l’amiral Vandier. « J’ai rencontré le dirigeant d’Airbus Hélicopters, qui m’a assuré de son investissement total sur ce sujet. Une assistance technique renforcée va être mise en place sur les bases aéronavales de Lanvéoc et Hyères. Ces hélicoptères ont plus de 8 ans de service, avec un univers logistique qui manque de performance et qu’il faut faire évoluer », a-t-il expliqué.

Quoi qu’il en soit, et selon le projet annuel de performance pour le programme 178 « Préparation et emploi des forces », publié par le ministère de l’Économie et du Budget dans le cadre du projet de loi de finances 2023, il ne faudra pas s’attendre à un miracle à brève échéance, la « disponibilité des matériels par rapport aux exigences des contrats opérationnels » étant attendue en baisse l’an prochain pour les hélicoptères de la la Marine.

« La cible 2023 est revue à la baisse, principalement en raison d’un fort taux d’immobilisation au Soutien Industriel [retards persistants des chantiers capacitaires], auquel s’ajoutent les retards de livraison de la flotte intérimaire [H160, ndlr] et, pour la flotte Caïman, la lourdeur du plan de maintenance et des difficultés technico-logistiques notamment liées à la corrosion », lit-on dans ce document. Cependant, poursuit-il, « au regard de cette situation et en dépit de la baisse évoquée, l’objectif de disponibilité envisagé correspond cependant aux attentes fortes d’une amélioration des résultats ».

Conformément à l'article 38 de la Loi 78-17 du 6 janvier 1978 modifiée, vous disposez d'un droit d'accès, de modification, de rectification et de suppression des données vous concernant. [Voir les règles de confidentialité]