Futur avion de patrouille maritime : Des indutriels ont remis des offres à la Direction générale de l’armement

La décision de Berlin d’acquérir cinq avions de patrouille maritime P-8A Poseidon auprès du constructeur américain Boeing a mis un coup d’arrêt au MAWS [Maritime Airborne Warfare Systems], un programme franco-allemand lancé en 2017 afin de remplacer les Atlantique 2 de la Marine nationale et les P-3C Orion de la Deutsche Marine à l’horizon 2030/35.

Pour justifier l’acquisition d’avions américains, le gouvernement allemand, alors dirigé par la chancelière Angela Merkel, fit valoir que le renouvellement des capacités de patrouille maritime de la Bundeswehr ne pouvait d’autant plus attendre que la prolongation des P-3C Orion en question a été jugée trop coûteuse. Et même l’offre française, de céder quatre Atlantique 2 au standard 6 [le plus abouti] à la Deutsche Marine fut refusée.

Évidemment, et même si Berlin s’en défend, l’achat d’un avion aussi récent que le P-8A Poseidon ne peut que compromettre le MAWS… En outre, dans l’avis qu’elle a publié pour recommander au Congrès d’approuver cette vente, l’administration américaine avait souligné que ces cinq avions permettraient dee maintenir la capacité allemande en matière de patrouille maritime pour les « 30 prochaines années ».

Pour autant, en octobre, et d’après Defense News, le ministère allemand de la Défense aurait dit attendre les résultats d’une étude préliminaire menée par son homologue français pour décider de la suite à donner au MAWS, alors qu’il était prêté l’intention à la Bundeswehr de commander quelques P-8A Poseidon de plus, grâce au fonds spécial de 100 milliards d’euros créé pour remédier à ses déficits capacitaires.

Quoi qu’il en soit, la France a, a priori, fait son deuil de sa coopération avec l’Allemagne en matière de patrouille maritime. C’est en effet ce qu’a laissé entendre l’amiral Pierre Vandier, le chef d’état-major de la Marine nationale [CEMM], lors d’une récente audition au Sénat.

« S’agissant du futur des avions de patrouille maritime, l’avenir devait notamment passer par le développement de coopérations avec les Allemands, via le programme MAWS. Ce programme est en difficulté compte tenu des choix effectués par la marine allemande d’acheter finalement des avions américains », a d’abord rappelé le CEMM.

Cela étant, a-t-il indiqué, « pour assurer le remplacement des avions de patrouille maritime, des offres sont en train d’être remises par les industriels dans le cadre des études demandées par la Direction générale de l’armement ». Mais il n’a pas souhaité en dire davantage.

Cependant, on sait Dassault Aviation fait partie de ces industriels évoqués par l’amiral Vandier… En effet, l’industriel l’avait annoncé lors de la présentation de ses résultats semestriels, en juillet dernier. « On commence à réfléchir sur ce que pourrait être le futur avion de patrouille maritime pour la France, et nous avons une offre que nous préparons à partir d’un Falcon 10X que nous remettrons à la DGA en pré‐étude dans les semaines qui viennent », avait précisé Éric Trappier, son Pdg.

Probablement qu’il n’est pas le seul en lice. D’ailleurs, évoquant les problèmes du MAWS, l’ex-Délégué général pour l’armement, Joël Barre, avait dit ne pas vouloir se « focaliser d’emblée » sur une solution proposée par Dassault Aviation.

« Que l’on continue sous forme de coopération ou sur le plan national, il faut regarder les différentes possibilités de plateformes, et il n’y a pas que Dassault en Europe. […] On peut aussi envisager des plateformes d’Airbus et même, peut-être, de plus bas niveau en matière de performances, du côté d’ATR, voire de CASA, même si cela ne reviendrait pas du tout à jouer dans la même cour », avait-il dit. Quelle est l’opinion d’Emmanuel Chiva, son successeur?

Reste que l’avion de patrouille maritime n’est qu’une partie du MAWS étant donné que ce programme consiste à développer un « système de systèmes » reposant sur un réseau de capteurs [radars, sémaphores, drones, satellites, etc] et des capacités accrues en matière de guerre électronique et d’armement anti-navire.

Toutefois, si le MAWS ne peut pas se faire avec l’Allemagne, d’autres partenaires pourraient être trouvés en Europe. « En termes de coopération, d’autres pays européens pourraient être intéressés, compte tenu du niveau de savoir-faire qui est un des meilleurs du monde en termes de lutte anti-sous-marine » a en effet estimé l’amira Vandier devant les sénateurs.

En attendant, l’Atlantique 2 porté au standard 6 est à la hauteur des espoirs placés en lui. « Nous travaillons actuellement sur le MCO [maintien en condition opérationnelle, ndlr] des moteurs de l’avion pour les faire durer jusqu’à l’horizon 2030/2035, en attendant leur remplacement. Au bilan, les avions aujourd’hui disponibles sont extrêmement performants et nous permettent de compter parmi les meilleurs dans ce domaine, notamment dans les missions en Atlantique nord », a ainsi expliqué l’amiral Vandier.

Photo : Marine nationale

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