Les forces ukrainiennes seraient capables d’effectuer des frappes dans la profondeur, en territoire russe

Après avoir coulé le croiseur Moskva, navire amiral de la flotte de la mer Nore, endommagé le pont de Crimée et attaqué la base navale de Sébastopol, les forces ukrainiennes ont très probablement porté un autre coup à l’amour-propre russe en frappant les bases aériennes de Dyagilevo et d’Engels 2, lesquelle abritent des bombardiers stratégiques Tu-95 « Bear », Tu-160 « Blackjack » et Tu-22 Backfire.

La semaine passée, l’imagerie satellitaire avait permis de constater le déploiement de Tu-160 « Blackjack » et d’une vingtaine de Tu-95 « Bear » sur la base aérienne d’Engels, située dans l’oblast de Saratov, à environ 600 km de la frontière avec l’Ukraine. D’où les spéculations sur un possible emploi de ces bombardiers pour frapper à nouveau les installations critiques ukrainiennes… Or, une explosion y est survenue, peu après 6 heures du matin [heure locale], le 5 décembre. Plus tard, des informations ont fait état de deux bombardiers endommagés [des Tu-95 a priori].

Même chose pour la base de Dyagilevo, située à 240 km de Moscou [et à 500 km de l’Ukraine]. Dans un premier temps, l’explosion qui s’y est produite a été attribué à un camion citerne. En tout cas, celle-ci a causé la mort de trois techniciens et endommagé au moins un Tu-22 Backfire [n°RF-34110].

Plus tard, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que le président russe, Vladimir Poutine, avait été informé de ces explosions survenues sur ces deux bases, sans donner de détails supplémentaires. Il aura fallu attendre un communiqué du ministère russe de la Défense pour en savoir davantage.

« Afin de neutraliser les avions russes à long rayon d’action, le régime de Kiev a tenté d’effectuer des frappes avec des drones de conception soviétique contre les bases aériennes de Dyagilevo et d’Engels », a en effet admis l’état-major russe.

Et d’ajouter que si ces « drones à réaction » ont été interceptés par les systèmes de défense aérienne, leurs débris ont « provoqué des explosions » en retombant dans le périmètre des deux bases visées. Selon cette source, deux avions auraient été « légèrement endommagés ». En outre, trois militaires ont « été mortellement blessés » et quatre autres ont dû être hospitalisés.

Cela étant, si ces drones de « conception soviétique » ont été détruits à la verticale des bases qu’ils étaient censés attaquer, cela veut dire qu’ils ont parcouru 500 à 600 km en territoire russe sans avoir été inquiétés…

Quoi qu’il en soit, si elle n’a pas permis de détruire des bombardiers russes, cette attaque a montré que les forces ukrainiennes ont désormais la capacité de frapper dans la profondeur… Et que les systèmes de surveillance russe ne sont peut-être pas aussi performants qu’on pourrait le penser. Ou alors que ces drones de « conception soviétique » sont très efficaces… D’ailleurs, l’un d’eux, un Tu-141 « Strizh » avait survolé la Roumanie et la Hongrie avant de s’écraser sur un quartier de Zagreb, en mars dernier. L’enquête n’a toujours pas permis d’en identifier l’origine.

Justement, il est possible que des Tu-141 aient été utilisés pour frapper les bases de Dyagilevo et d’Engels 2. À moins qu’il ne s’agisse de Tu-143 « Reys » modifiés afin d’en accoître la portée, qui n’est à l’orgine que de 200 km. Ou bien encore de drones d’un type nouveau.

En effet, fin octobre, le conglomérat Ukroboronprom avait en effet indiqué qu’il était en train de mettre au point une nouvelle arme ayant une portée d’un millier de kilomètres et pouvant emporter 75 kg d’explosifs. A-t-elle été utilisée contre les deux bases russes?

En attendant, Kiev n’a pas officiellement revendiqué ces attaques. Cependant, dans les pages du New York Times, un haut responsable ukrainien a affirmé que les drones ayant visé les bases de Dyagilevo et d’Engels 2 avaient été lancés depuis l’Ukraine… Et que l’une des deux frappes avait été effectuée avec l’appui de forces spéciales chargées de guider les appareils vers leur cible. Reste à voir si cette déclaration ne vise pas à provoquer une certaine psychose chez les Russes…

Photo : Tu-141 / Archive

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